Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 129, novembre 2019 > Films

Films

De Cendres et de Braises

Mis en ligne le 29 octobre 2019 Convergences Culture

De Cendres et de Braises

Film documentaire de Manon Ott avec la collaboration de Gregory Cohen


Manon Ott est sociologue et cinéaste. Pour préparer son film, la réalisatrice s’est installée aux Mureaux avec son compagnon de vie et de travail Grégory Cohen, pendant un an, après s’y être rendue pour ses recherches pendant près de dix ans. Les Mureaux est une commune industrielle au bord de la Seine, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Paris. En consacrant ces années à se lier aux habitants et à sonder leur histoire, le temps long a permis aux deux chercheurs-cinéastes de rencontrer les « personnages » de leurs films et de recueillir leurs confidences.

Aux Mureaux, Manon Ott fait parler des jeunes ouvriers, des chômeurs, des retraités, des militants établis, qui ont tous de près ou de loin un lien avec l’usine Renault Flins. Majoritairement issus de l’immigration, ils ont travaillé et vécu aux Mureaux, et pour certains dans la Cité « Renault ». Cette dernière a été bâtie par le constructeur automobile pour héberger les milliers de travailleurs immigrés venus répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’entreprise en expansion dans les années 1960 et 1970 (21 000 salariés en 1972). De Cendres et de Braises parcourt, en intégrant des images d’archives à celles du film, toute la période des grandes grèves de 1968, mais aussi de 2011 contre les suppressions de postes, au travers des discussions avec les travailleurs rencontrés et interroge l’histoire et la pensée politique de la classe ouvrière immigrée en banlieue.

Le film n’a rien de pédagogique, il ne cherche ni à expliquer, ni à documenter. De différentes manières, par sa douceur, son humanité, le film relève plus de l’essai poétique que du documentaire, tout en ne sombrant jamais dans l’esthétisme gratuit. Au contraire, il donne à sentir ce que les gens ont en tête, leur expérience, leurs ressentis, leur lien avec la cité et la manière dont leurs expériences individuelles croisées portent le poids d’une histoire collective. C’est bien un des premiers films de cinéma qui représente les jeunes de banlieue sans les affubler de leur masque de « mecs du tiequar » habituel, en les réduisant à une « communauté » comme les médias et certains intellectuels se plaisent à le faire. Ces jeunes travailleurs se racontent dans leur quotidien, par leurs rêves, leurs boulots, et surtout au travers de leur parole politique : « Pourquoi c’est toujours le ministre de l’Intérieur qui vient ici et pas le ministre de l’Emploi ? » se demande un des jeunes en discutant avec ses potes autour de la télé. À voir de toute urgence.

Jess Puitty

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 129, novembre 2019

Mots-clés