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Russie : Poutine de capitalisme !

Le pays dans la crise

Mis en ligne le 22 janvier 2012 Convergences Monde

Juin 2009, Pikaliovo, petite ville de 20 000 habitants, à 200 km de Saint-Pétersbourg : les trois entreprises sont à l’arrêt et les salariés ne touchent plus leur paye depuis plusieurs mois. La mairie a coupé l’eau chaude et le chauffage central aux habitants. Ces derniers, excédés, ont bloqué la route nationale, provoquant des embouteillages sur 400 kilomètres !

Arrive alors Poutine (en hélicoptère). Il réunit patrons, autorités locales, syndicalistes, fait la leçon à tout le monde : aux habitants car c’est inacceptable de bloquer une route, aux patrons trop cupides, aux responsables locaux incapables de gérer la situation. Finalement, la production est remise en route, les salaires en retard versés.

Les 26,7 millions de roubles de salaires sont versés par une banque publique à la demande de l’État. Rien n’est fait contre les patrons, qui ont accès à des aides publiques pour maintenir la production. L’oligarque Oleg Deripaska se fait gronder par Poutine devant les caméras : « Pourquoi votre usine est-elle si négligée ? Vous en avez fait une vraie poubelle ». Mais Deripaska est toujours le roi de l’aluminium, un des premiers milliardaires russes.

Comme Pikaliovo, 400 villes russes sont ce qu’on appelle des « monovilles », qui fonctionnent autour d’une seule usine. Elles sont les premières à avoir pris de plein fouet la crise mondiale de 2008. Baisses de salaires, chômage technique, licenciements.

Les « subprimes » font s’effondrer la Russie

La crise des « subprimes » a eu des répercussions immédiates sur les banques et les grandes entreprises russes. La Bourse de Moscou s’est effondrée. Les riches ont cherché à transformer leurs roubles en euros ou dollars. Les épargnants ont voulu retirer leurs économies. Des spéculateurs ont parié sur… la chute du rouble ! Sur ce, est intervenue la baisse du prix du pétrole et du gaz sur les marchés mondiaux. Nouveau choc très fort : le PIB a baissé de 7,9 % en 2009, la production industrielle de près de 10 %.

Le chômage est passé de 6,1 % à 8,2 %. Mais la hausse réelle est bien plus élevée. Des usines se sont arrêtées pendant plusieurs mois. L’automobile n’a pas été épargnée, les usines faisant chômer pendant des semaines ou des mois. La part variable du salaire (qui représente souvent 40 % à 50 % d’une fiche de paye) s’est effondrée pour ceux qui ont continué à travailler. L’année 2009 a été une année noire pour les travailleurs russes.

Face à la crise, l’État russe a mis sur la table des milliers de milliards de roubles pour sauver les banques et les industriels. Il a soutenu Avtovaz, directement, mais aussi indirectement avec la mise en place d’une prime à la casse… alors que l’entreprise automobile dont une part des capitaux est publique a supprimé 30 000 emplois sur 100 000. Merci pour Renault qui en était actionnaire à 25 % depuis 2008 ! La verticale du pouvoir tombe dru dans les escarcelles patronales.

Finie, la crise ?

Aujourd’hui, à en croire Poutine et Medvedev, la crise est passée. Remontée du cours du pétrole aidant. Et voilà que le tandem Poutine-Medvedev ne renfloue pas que les siens : l’État russe vient de proposer de prêter dix milliards d’euros à l’Union européenne empêtrée dans la crise de la dette. Au-delà du geste politique, les dirigeants russes savent parfaitement qu’une crise de l’Europe ne laisserait pas la Russie indemne.

M.C.

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