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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 79, janvier-février 2012 > Russie : Poutine de capitalisme !

Russie : Poutine de capitalisme !

« Capitalistes de tous les pays, venez chez nous ! »

Mis en ligne le 22 janvier 2012 Convergences Monde

2011 : Une nouvelle vague de privatisations profitable à l’investisseur étranger

À l’automne 2010, le gouvernement russe a annoncé un plan colossal de privatisations à hauteur de 42 milliards d’euros. Le gouvernement russe se félicite « que de nombreuses entreprises renommées des États-Unis, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie aient investi pour la première fois autant d’argent dans l’économie russe » [1].

Sous Eltsine, l’effondrement et l’instabilité économique d’une Russie sortant à peine de la mutation faisaient plutôt regarder les investisseurs occidentaux vers la Chine ou l’Europe centrale.

Avec la stabilisation, la dévaluation de la monnaie, la baisse des salaires, les investisseurs se sont sentis moins frileux après 1998 pour aller à Moscou, voire en Sibérie. À en juger en tout cas par les statistiques du volume des investissements étrangers en Russie qui sont passés entre 1999 et 2006 de 10 à 60 milliards de dollars. L’européen Airbus et l’américain Boeing y ont leurs centres d’études (dont un centre de 1700 ingénieurs pour ce dernier à Moscou). L’Italien Finmecanica est entré en mai 2007 à hauteur de 25 % dans le capital de Soukhoï, pendant qu’EADS prenait 10 % d’Irkout (aéronautique) qui venait de fusionner avec Mig, l’autre grand producteur russe d’aéronautique (notamment militaire). [2]

Pour les affaires, ça roule

Pour le secteur automobile, les années 2000 ont constitué un véritable eldorado en Russie. En 2002, les constructeurs étrangers n’y avaient assemblé que 11 000 véhicules. En 2004, les entreprises étrangères y produisaient déjà 125 000 véhicules (au premier rang Ford et General Motors). Depuis, Volkswagen, Toyota, Kia, PSA, Nissan ou les Chinois Cherry, Geely et Great Wall sont accourus, pendant que les premiers déjà sur place (Ford ou Fiat) renforçaient leurs positions.

Le groupe Renault-Nissan, lui, s’est offert 25 % du premier producteur russe d’automobiles, Avtovaz, le producteur de Lada. Il se fait fort de faire grimper les parts dans le marché russe de l’entité commune Renault-Nissan-Avtovaz des 34,8 % qu’il a aujourd’hui à 40 % en 2016. En 2010, il s’est vendu en Russie 1,9 million de véhicules, en augmentation de 30,1 % par rapport à 2009. Rien à voir avec la stagnation du marché en France. Et pour cause le sous-équipement en Russie, en même temps que le développement d’une petite bourgeoisie consommatrice qui roule…

Crise partout mais pas pour tout le monde

Certes, avec la crise de 2008 les investissements directs étrangers en avaient pris un coup, se ralentissant de 30 % en 2009 et encore de 13 % en 201 [3]. Qu’à cela ne tienne, Poutine a décidé de les appâter : avec le nouveau plan de privatisations, mais aussi une baisse des cotisations sociales des entreprises (de 34 % à 30 %), et la mise en place d’un fonds souverain de modernisation : « La création de ce fonds est un moyen de partager les risques et une certaine garantie financière pour que les investisseurs étrangers puissent gagner de l’argent ici » [4], déclare le chef du département des investissements au ministère russe du Développement économique [5]. Une prime pour venir profiter en Russie.

Heureusement que la grève la plus emblématique de ces dernières années, qui a donné des idées à d’autres s’est déroulée chez l’un des investisseurs étrangers, à l’usine Ford-Vsevolojsk, près de Saint-Pétersbourg. Il faut bien leur apprendre à vivre !

12 janvier 2012

Léo BASERLI


[1« Un colossal programme de privatisations de 42 milliards d’euros », Russie.net, 16 février 2011

[2Pascal Marchand, Atlas géopolitique de la Russie, éd. Autrement, 2007, p.14

[3Marie Jégo, « Poutine veut ramener les investisseurs en Russie tout en gardant un État social », Le Monde, 22 avril 2011

[4Alexandre Sakharov, « Économie russe : tour d’horizon », Russie.net, 3 juillet 2011

[5Le fonds combinerait des capitaux issus du budget fédéral et des capitaux privés pour atteindre à terme 10 milliards de dollars qui seront investis dans les secteurs les plus avancés de l’économie russe.

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