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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 16, juillet-août 2001 > DOSSIER : Révolte en Kabylie, révolte en Algérie

DOSSIER : Révolte en Kabylie, révolte en Algérie

La responsabilité de la France

Mis en ligne le 1er août 2001 Convergences Monde

Jeudi 14 juin, à Alger, François Huwart secrétaire d’Etat au commerce extérieur visitait la Foire internationale d’Alger où 260 PME françaises étaient présentes, à deux pas du lieu de rassemblement de la manifestation. Il a dû écourter son voyage en déguerpissant jeudi après-midi, pendant que les services de sécurité de l’Ambassade de France équipaient les entrepreneurs français de talkies-walkies pour les maintenir en liaison radio permanente.

Ce même jeudi 14, le groupe Citroën annonçait son intention de s’implanter en Algérie.Son objectif est modeste, dans un premier temps 3% du marché automobile, mais avec la libéralisation de l’économie algérienne, la course est ouverte.

L’Algérie a connu au cours des dix dernières années une hausse vertigineuse des prix. Un tiers des salariés gagnent l’équivalent de moins de 600 F par mois. 23% de la population vit avec moins d’un dollar de revenu par jour. Le chômage atteint plus d’un tiers de la population active. Hormis les hydrocarbures, les secteurs industriels ont périclité au fur et à mesure des grandes opérations de restructurations et de privatisations engagées par le régime sur les consignes du FMI et des banques créancières.

Mais les affaires ne vont pas mal pour les entreprises qui cherchent à s’installer sur place en profitant des bas salaires ou qui travaillent en liaison avec les nouvelles entreprises privées algériennes. Elles vont encore mieux pour les compagnies pétrolières françaises, américaines, italiennes, ou britanniques qui courent derrières les nouvelles concessions d’exploitation et de prospection.

Les responsabilités françaises

Ancienne puissance coloniale et l’un des principaux partenaire économique de l’Algérie, la France porte une lourde part de responsabilité de l’aggravation de la misère et de la dictature.

Elle n’a cessé depuis 40 ans de soutenir le régime algérien. En gardant ses distances et mesurant ses pressions si nécessaire, car c’est de la stabilité du régime, de sa capacité à contenir le mécontentement de la population pauvre que le gouvernement français est soucieux.

On le voit encore dans les déclarations de Védrine à la suite des événements de Kabylie, conseillant au gouvernement algérien de rechercher une solution « politique », c’est à dire un accord avec les partis d’oppositions permettant de faire illusion. On avait vu, après la victoire du FIS au premier tour des élections de 1991, Mitterrand affirmer qu’il était prêt à travailler avec le futur gouvernement algérien quel qu’il soit. Puis le gouvernement français s’était rallié au choix fait par l’armée algérienne et le général Nezzar d’arrêter le processus électoral, lorsqu’il eut l’impression que ce pari était réussi. Puis la France a applaudi tous les renouvellement de façade du régime, l’arrivée au pouvoir de Boudiaf, le retour sur le devant de la scène des généraux, avec Zéroual, et ses tentatives de négocier avec les dirigeants du FIS, puis le retour d’un pouvoir « civil » avec Bouteflika. Derrière ces méandres, c’est le pouvoir réel, celui de l’armée plus que telle ou telle équipe gouvernementale qui lui sert momentanément de paravent, qu’elle soutient sans faille.

Mais les liens de la France avec l’Algérie ne se limitent pas à ceux des gouvernants et hommes d’affaires français avec les militaires et possédants algériens. Ils sont aussi les multiples liens des travailleurs français et algériens qui se côtoient ici dans les même usines, qui ont donc toutes les raison de se sentir proches des ouvriers de là-bas, dont une partie d’ailleurs a travaillé successivement en France et en Algérie. Et il est de la responsabilité du mouvement ouvrier français, des organisations politiques qui se réclament de lui, et en premier lieu des communistes révolutionnaires, d’apporter non seulement leur soutien au peuple, mais de contribuer à faire que la classe ouvrière d’Algérie se sente encouragée, ait sa propre politique pour défendre ses intérêts et donner à la jeunesse révoltée une perspective sur le terrain de la lutte de classe.

Olivier BELIN

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