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Accueil > Éditos de bulletins > 2018 > mai > 28

Droit à l’avortement en Irlande

La cause des femmes est celle de tous les travailleurs

Vendredi 25 mai, plus de 66 % des Irlandais ont voté en faveur de la fin de l’interdiction de l’avortement. Une victoire historique pour les femmes irlandaises ! Mais il leur faudra encore s’assurer que l’avant-projet de loi visant à légaliser l’avortement jusqu’à douze semaines d’ici la fin de l’année soit bien mis en œuvre.

Il y a de quoi se réjouir, en effet, après des milliers d’avortements clandestins dans des conditions déplorables ; après des années à devoir se payer un billet pour l’Angleterre ou les Pays-Bas pour pouvoir avorter dans des conditions plus sûres… Pendant des décennies, l’Église catholique a maintenu une chape de plomb sur la société irlandaise, pour maintenir son pouvoir sur la famille et sur le corps des femmes. Sans parler de son hypocrisie : les femmes riches avaient les moyens financiers de contourner l’interdiction en allant avorter à l’étranger. Les femmes des classes populaires qui ne pouvaient pas en faire autant payaient ainsi une double peine.

Alors oui, pouvoir choisir d’être enceinte ou non et à quel moment, disposer librement de son corps et de sa vie, c’est une première conquête.

Une conquête inachevée

Ailleurs, même là où la légalisation de l’avortement a déjà été obtenue, les droits des femmes demeurent fragiles. Il y a quelques années à peine, le gouvernement espagnol a voulu revenir sur le droit à l’avortement, c’est-à-dire ne dépénaliser l’avortement qu’en cas de danger grave pour la santé de la mère et en cas de viol. Seules des manifestations monstre l’avaient obligé à faire marche arrière.

En France, le droit à l’avortement et à vivre librement sa sexualité est remis en cause par les politiques d’austérité budgétaire. Celles-ci conduisent à la fermeture des plannings familiaux, ou à ce que les hôpitaux pratiquent l’IVG (interruption volontaire de grossesse) dans des conditions dégradées, avec des files d’attente allongées, à la mesure de la dégradation des conditions de travail et de soin dans la santé. Sans parler de tous ces médecins cherchant à se retrancher derrière une « clause de conscience » pour ne pas réaliser cet acte médical.

Un combat quotidien

Le récent scandale Weinstein et le mouvement #Metoo de dénonciation du harcèlement rappellent l’ampleur de l’oppression des femmes. En Espagne, des dizaines de milliers de manifestants, majoritairement des femmes et des jeunes, ont manifesté contre le jugement qui a refusé de condamner pour viol « la meute ». Ce groupe d’hommes qui avait violé dans la rue une jeune femme et filmé la scène a bénéficié d’une complaisance extrême de la part des juges, provoquant la colère et l’indignation d’une grande partie de la population : les violences sexistes ne doivent plus rester impunies.

Au travail aussi, les comportements sexistes sont nombreux et trop rarement condamnés. Au contraire, dans bien des cas, ce sont les femmes victimes de ces agissements qui finissent par être sanctionnées par la hiérarchie. Sans parler des inégalités de salaires entre hommes et femmes, lesquelles sont par ailleurs les plus nombreuses à subir la précarité et les temps partiels imposés.

En France, les premiers succès du mouvement féministe et la dépénalisation de l’IVG en 1974, ont fait partie des suites de mai 68 et de la grève générale qui avait alors mobilisé dix millions de travailleuses et de travailleurs.

Donc aux femmes de tous les pays de prendre la tête de la lutte de classe, et l’avenir de l’humanité reprendra des couleurs.

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