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DOSSIER : Cirque électoral aux États-Unis, l’envers du décor

Cirque électoral aux États-Unis, l’envers du décor

Mis en ligne le 2 novembre 2016 Convergences Monde

(Article rédigé fin octobre 2016, avant la tenue de l’élection présidentielle américaine).

La campagne électorale américaine a pris un tour grotesque. Donald Trump, candidat républicain, magnat de l’immobilier, milliardaire, star de la télé réalité, multiplie les provocations en mode discussion de vestiaire, contre les Noirs, les Mexicains, les femmes. En grande difficulté dans les sondages, il suggère désormais avec insistance que les élections seront truquées.

Trump est devenu embarrassant aux yeux de la bourgeoisie américaine. Il n’a reçu aucune donation venant des 100 personnes les plus riches du pays, classées tous les ans par le magazine Fortune, quand son adversaire en a obtenu 11, chacune se montant à plusieurs millions de dollars. La grande presse a pris position quasi unanimement pour Clinton, et des caciques du parti républicain ont publiquement appelé à voter démocrate, histoire de limiter les dégâts lors des élections au Congrès. La famille Bush elle-même a refusé de soutenir officiellement Trump et distille les appuis discrets à la candidate démocrate.

Hillary Clinton est la candidate désignée de la bourgeoisie américaine. Elle succède à son mari, Bill, qui a présidé de 1992 à 2000 – et son élection ferait de la présidence Obama une simple parenthèse dans la domination des dynasties Bush et Clinton sur la Maison-Blanche. Elle a été secrétaire d’État, c’est-à-dire ministre des affaires étrangères, de 2009 à 2013. Comme son mari avant elle, elle a servi Wall Street à l’intérieur des États-Unis et dans le monde, en soutenant ou en organisant toutes les interventions impérialistes en Afghanistan, Irak, Lybie, Somalie, Syrie, etc.

Les e-mails révélés ces dernières semaines par Wikileaks contiennent notamment des discours qu’elle a prononcés devant des parterres de banquiers, dont Goldmann Sachs qui l’a rémunérée 675 000 $ pour trois conférences. Ils ne nous apprennent rien que l’on ne savait déjà : « en politique, il faut à la fois avoir une position publique et privée », explique-t-elle pour justifier ses attaques démagogiques mais très mesurées contre Wall Street durant sa campagne et garantir qu’elles ne seront jamais suivies d’effet… ce dont personne ne doutait.

L’élection est déjà jouée. Hillary Clinton l’emportera haut la main face à l’épouvantail Trump. Et si, par accident, ce n’était pas le cas, Trump serait étroitement surveillé par le Congrès, le Sénat et les diverses agences gouvernementales dévouées à la défense des intérêts de la bourgeoisie américaine. Cependant le succès de Trump n’est pas anodin. Lorsqu’il prétend se préoccuper des problèmes de la classe ouvrière blanche, c’est en expliquant les fermetures d’usines et le chômage qui en découle par l’immigration, les délocalisations et les traités de libre-échange qui auraient permis aux produits industriels à bas coûts d’inonder le marché américain. C’est un discours nationaliste qui ressemble beaucoup à celui du FN. Jamais – et pour cause – il ne dénonce les profits du patronat dont il fait partie.

En convoquant la figure de l’ouvrier américain blanc, patriote, discipliné et bien sûr non syndiqué, Trump s’adresse aussi à la petite bourgeoisie radicalisée par la crise – et légitimée en cela par les différents avatars du populisme du parti républicain.

La relative popularité de Trump dans certains milieux ouvriers s’explique avant tout par le dégoût croissant et bien compréhensible envers un système politique tout entier au service de l’argent. Obama était parvenu à se faire élire il y a huit ans en ressuscitant des illusions au sein d’une partie des classes populaires, notamment des Noirs. Mais son bilan est cruellement mis en lumière par deux mouvements récents discutés à l’échelle nationale : « Black Lives Matter [1] » et « Fight for 15 [2] ».

La colère gronde dans un pays où on peut être tué parce qu’on est noir, 50 ans après les lois sur les droits civiques, et où on peut rester bien en dessous du seuil de pauvreté en travaillant à temps plein. Le symptôme électoral principal, plus encore que les scores d’un démagogue à la Trump, en est l’abstention qui s’élève à plus de 40 % aux élections présidentielles là où elle ne dépasse pas 20 % en France.

26 octobre 2016


[2« La lutte pour le Smic à 15 $ (13,5 euros) brut de l’heure ». La revendication est modeste, mais elle met en lumière le fait que des dizaines de millions de travailleurs sont payés moins et vivent dans la pauvreté.

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Numéro 108, novembre 2016