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DOSSIER : France, Europe, États-Unis. Une même sale politique anti-migrants

Au Mexique et en Amérique centrale, les responsabilités de l’impérialisme américain

Mis en ligne le 29 octobre 2019 Convergences Monde

En 2017, les Mexicains représentaient 25 % des 44,5 millions de migrants vivant aux États-Unis. L’immigration mexicaine a culminé en 2010 avant de commencer à décliner en 2014. Le Mexique n’est plus le principal pays d’origine des migrants récemment passés par la frontière du sud. En 2017, ce sont les migrants venus du « Triangle du Nord » (Guatemala, Salvador, Honduras) qui ont représenté plus de la moitié des migrants à la frontière du sud. Au Guatemala et au Honduras, la moitié de la population est pauvre ; le chômage y touche jusqu’à 20 % de la jeunesse. Le Triangle du Nord connaît aussi un des plus hauts taux d’homicides dans le monde, sans compter la violence rampante des gangs, le trafic de drogues et les enlèvements.

Dictatures et interventions militaires pour garantir le pillage des richesses par les trusts US

Les grandes entreprises américaines ont longtemps pillé les ressources de ces trois pays, le gouvernement des États-Unis se chargeant de briser toute velléité, même timide, d’atténuer ce pillage.

Guatemala – Après le coup d’État de 1954 au Guatemala fomenté par la CIA, les États-Unis ont fait se succéder des dictateurs militaires qui ont garanti la domination de la United Fruit Company et ouvert le pays à d’autres entreprises américaines. De 1960 à 1996, les militaires ont mené une guerre civile contre la résistance de la population indigène maya, y faisant plus de 200 000 victimes, massacre qualifié de génocide par l’ONU. Ces violences n’ont pas cessé.

Nombre de dictateurs militaires et d’officiers de toute l’Amérique centrale ont été formés à « l’École des Amériques » (alias « l’École des Assassins »), devenue « École des Amériques pour la coopération de sécurité » (WHINSEC), à Fort Benning en Géorgie. Cette école enseigne encore comment mener un coup d’État militaire et utiliser la torture ou la terreur.

Salvador – Dans les années 1980, sous Reagan, l’armée américaine a soutenu le régime du Salvador dans sa guerre sans merci contre la résistance d’une guérilla paysanne, tuant plus de 75 000 personnes. Le gouvernement américain avait investi des milliards de dollars dans l’armement et l’entraînement de la police, de la Garde nationale, de l’armée et des forces aériennes salvadoriennes, qui attaquèrent la population au phosphore blanc et au napalm. Les Forces spéciales américaines et la CIA jouèrent un rôle majeur dans la création de forces de sécurité paramilitaires, des « escadrons de la mort » responsables de la plupart des victimes. Le Salvador ne s’est jamais remis de la guerre civile et reste un pays extrêmement pauvre. Il est gangrené par la violence des gangs, un taux d’homicide élevé, la torture, le viol et les enlèvements, qui touchent spécifiquement les femmes et les enfants.

Honduras – En 1983, les États-Unis ont entraîné l’armée du Honduras, en en faisant une zone de transit pour les Contras qui combattaient au Nicaragua. Les opposants au gouvernement furent torturés, des escadrons de la mort terrorisèrent et tuèrent des civils. En 2009, l’administration Obama soutint activement un coup d’État militaire qui renversa le gouvernement de Manuel Zelaya, assurant le retour d’une administration d’extrême droite. La violence s’exacerba en 2011 et 2012 et c’est au Honduras que le taux d’homicide est le plus élevé du monde.

C’est bien l’impérialisme américain qui a provoqué l’instabilité économique, l’extrême violence et la détresse qui poussent des centaines de milliers de personnes à fuir l’Amérique centrale. En plus de la violence, près des deux tiers des travailleurs sont au chômage ou en sous-emploi.

Aux plaies militaires s’ajoutent les plaies climatiques

Les sécheresses dues au changement climatique ont détruit de grandes surfaces agricoles et entraîné des pénuries alimentaires. Au Honduras, plus de 100 000 familles ne mangent pas à leur faim. Les familles guatémaltèques sont le plus grand groupe qui fuit l’Amérique centrale pour tenter de rejoindre les États-Unis.

Les perturbations dues au changement climatique, notamment dans les régions montagneuses du Guatemala, se sont ajoutées à la répression politique constante et à la violence. Le taux de malnutrition est voisin de 65 %, le taux le plus élevé de l’hémisphère occidental. Par le passé, les récoltes de céréales et de légumes pouvaient nourrir les familles pendant plus d’un an ; de nos jours, c’est une chance si cela assure leur subsistance pendant quelques mois. De nombreux foyers dépendent des grandes fermes qui fournissent du travail saisonnier, mais beaucoup d’entre elles ont dû fermer définitivement à cause d’une concurrence internationale accrue, accentuée par les perturbations extrêmes causées par le changement climatique. Souvent, des familles entières qui travaillaient dans ces grandes fermes ont émigré aux États-Unis.

La culture du café était aussi l’une des principales sources de revenu de la région, avec une main-d’œuvre de 120 000 petits fermiers. Depuis 2017, la plupart travaillent à perte et beaucoup abandonnent complètement leurs fermes. Les coûts de production ont augmenté pour les cultivateurs de café guatémaltèques du fait de l’obligation d’acheter des fertilisants et des pesticides pour supporter le raccourcissement des campagnes agricoles et la multiplication des nuisibles. Au niveau international, les perturbations climatiques, particulièrement l’augmentation des températures, ont accéléré la propagation de la rouille du café. Cela conduit certains scientifiques à penser que le café lui-même pourrait être menacé et que sa production pourrait diminuer de plus de 80 % en 2050. Ces dernières années, la production de café brésilien s’est davantage industrialisée et lourdement mécanisée, ce qui a provoqué une baisse drastique des prix qui sont passés de 2,20 dollars la livre en 2015 à 86 centimes en 2019. L’effondrement de ce secteur de l’économie agricole a largement contribué à l’augmentation de l’émigration guatémaltèque.

(Cet article, sur les questions liées à l’immigration aux États-Unis, est traduit à partir d’extraits d’un texte de nos camarades américains du groupe Speak Out Now !)

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Numéro 129, novembre 2019