Trucs et astuces de protectionniste
Mis en ligne le 25 mars 2012 Convergences Monde
Tous les pays ou presque ont adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), plusieurs unions douanières [1] et 150 zones de libre-échange [2] existent. Le protectionnisme n’est plus la norme. Pourtant, il n’a pas totalement disparu, prenant plus souvent la forme d’un soutien à l’économie nationale que de barrières douanières. En voici quelques formes :
Droits de douane
De 30 % à 40 % en moyenne en 1947, ils sont tombés à 3,8 % sur les produits industriels dans les pays riches. Avec la crise, ils réapparaissent. Les États-Unis les ont triplé sur le roquefort (grand danger pour l’économie locale ?) et portés à 100 % sur le chocolat, les jus de fruit, les fruits et légumes, les chewing-gums...
Mesures anti-dumping
Mesures de rétorsion autorisées par l’OMC contre les entreprises qui exportent à un prix inférieur à celui qu’elles pratiquent sur leur propre marché. Ces mesures se sont multipliées en vingt ans.
Dédouanement
Une complexification des procédures augmente les coûts. Exemple, en 1982, les magnétoscopes japonais devaient obligatoirement transiter par Poitiers pour entrer en France !
Quotas
Jusqu’en 2005, l’accord multifibres imposait des quotas par pays et par produits aux importations de textile vers l’Europe. Jusqu’en 2008, les importations d’acier ukrainien étaient aussi limitées. Et cetera.
Normes règlementaires
Elles sont censées protéger les consommateurs, mais sont parfois protectionnistes. Les normes sur les modes de conservation des aliments bloquent l’accès au Japon des trois quarts des produits agricoles.
Loi limitant les investissements étrangers
Depuis 2005, en France et dans plusieurs autres pays, une autorisation est nécessaire pour investir dans les secteurs touchant à « l’intérêt national » (défense, chimie, etc.). Les gouvernements interviennent aussi au service du patronat contre des OPA hostiles. En 2006, Villepin a précipité la fusion GDF-Suez pour empêcher une prise de contrôle de Suez par l’italien Enel.
Passation de marchés publics
Les États peuvent privilégier les entreprises nationales dans les marchés publics. La loi « acheter américain » le permet aux USA. Sarkozy a proposé une loi similaire pour l’Europe [3].
Manipulation du taux de change
Laisser sa monnaie se dévaluer revient à baisser les prix pour les étrangers. La Chine, les USA et le Royaume-Uni pratiquent cette politique depuis le début de la crise... tout en se reprochant mutuellement de la mener.
Subventions aux producteurs
Elles permettent d’écraser l’agriculture du Tiers-Monde. Les collectivités locales en usent pour attirer des usines sur leur territoire. L’État en fait des cadeaux au patronat, comme les 6 milliards accordés à Renault et PSA en 2009. Efficace pour les profits, mais pour les emplois cela reste à prouver...
Nationalisations
Le rachat de banques par les États anglais ou américains au début de la crise a permis de sauver bien des fortunes. En France, des secteurs entiers (sidérurgie, infrastructures ferroviaires, aéronautique, armement, banques) ont été nationalisés, restructurés aux frais de l’État, puis privatisés dans les années 1980.
Subventions aux acheteurs
Subventions du type prime à la casse automobile ou pour les acheteurs d’Airbus.
Dumping fiscal ou social
C’est l’esprit de la TVA sociale. Il s’agit de réduire les impôts, taxes et cotisations sociales payées par les employeurs.
M.S.
[1] Union européenne, MERCOSUR, Communauté d’Afrique de l’Est, Conseil de coopération du Golfe, etc.
[2] Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), Accord de libre-échange centre-européen (ALECE), Communauté des États indépendants (CEI), etc.
[3] Dans son discours de Villepinte du 11 mars, il propose un « Buy European Act » à l’image du « Buy American Act ».