Saisie sur retraites
Mis en ligne le 6 mars 2004 Convergences Politique
Point besoin de revenir longuement sur la réforme des retraites de la fonction publique imposée l’an dernier. Quelques chiffres suffisent à la résumer.
Dans le privé : retraite Balladur, aggravée Fillon
Effets de la « réforme » Balladur 1993, selon des estimations de la CGT
- La seule clause d’indexation des retraites sur l’indice officiel des prix au lieu de l’indexation sur le salaire moyen a fait reculer le montant des retraites de 8 % en dix ans.
- Le calcul du montant des retraites sur la base des 25 dernières années au lieu des 10 meilleures, les ponctionneront en moyenne de quelques 12 % encore.
- Une perte donc de près de 20 % sur le montant des retraites entre 1993 et 2003, même pour celui qui a ses 40 ans de cotisations.
- L’effet automatique du passage de 37,5 annuités de cotisation obligatoire à 40, est 6,25 % de perte pour celui qui n’a travaillé que 37,5 ans
- 73 % des salariés ayant travaillé 37,5 ans ou moins sont des femmes.
Prime Fillon
Tout cela sera aggravé par la durée de cotisation obligatoire à 41 ans en 2012, 42 ans en 2020.
La retraite Fillon des fonctionnaires
Un fonctionnaire qui part à la retraite à 60 ans avec 37,5 années de travail touche :
- 75 % de son salaire de fin de carrière (du salaire brut sans les primes), s’il est parti en 2003
- 62 % du salaire, s’il part en 2008
- 55 %, s’il part en 2012
- 52 %, s’il part en 2020, soit une retraite amputée de presque un tiers !
Pour un salarié qui n’a que 32 annuités de cotisation, un cas très fréquent pour les femmes, c’est
- 64 % s’il est parti en 2003
- 43 % s’il part en 2020
…et ses mesquineries de dernière heure
N’oublions pas que Fillon et Chérèque avaient trouvé une source supplémentaire d’inégalité : le fait que les femmes, et elles seules, bénéficiaient d’années de bonification pour leurs cotisations retraites, en fonction du nombre d’enfants qu’elles avaient eu.
Injustice corrigée : elles n’y ont plus droit. Et tant pis pour elles, elles ont en moyenne un nombre d’années au travail plus faible que les hommes… à cause des enfants.
La magnanimité fugace des législateurs maintient cependant ce privilège pour les enfants nés sous l’ancien régime, avant le 1er janvier 2004. Mais sous conditions : que la mère ait pris au moins deux mois de congé parental par enfant. Le congé de maternité suffit, sauf :
- si enseignante en vacances, elle a accouché d’un petit aoûtien
- si généreuse, elle a adopté ses enfants
- si vagabonde, elle les a faits lorsqu’elle ne travaillait pas encore dans la fonction publique.
Il fallait y penser.
Mots-clés : Retraites