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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 32, mars-avril 2004 > DOSSIER : Après Jospin, Raffarin. De mal en pis, Bilan du gouvernement

DOSSIER : Après Jospin, Raffarin. De mal en pis, Bilan du gouvernement

Gouvernement et confédérations syndicales sous le coup d’un délit de « bande organisée » ?

Mis en ligne le 6 mars 2004 Convergences Politique

L’équipe Chirac, Raffarin, Fillon et quelques autres, installée au pouvoir depuis 20 mois, s’est illustrée par des mesures particulièrement dures pour les travailleurs, les chômeurs, les plus démunis et vulnérables - cette France d’en bas que Raffarin prétendait aimer... C’est le règne des riches, des puissants qui en veulent toujours plus. Rien d’étonnant. Les travailleurs n’ont jamais eu que ce qu’ils ont arraché par leurs luttes.

Ce n’est pas qu’il n’y ait pas du tout de luttes, de réactions, dans les entreprises ou sur d’autres terrains sociaux. Mais elles auraient besoin pour être victorieuses de représenter une menace pour le patronat et le gouvernement, et pour ce faire, de ne pas rester ni éparses ni isolées. Il leur faudrait un programme général, un plan d’action… Des efforts militants y sont attelés. Mais ils se heurtent à l’effet pernicieux de la politique de « négociation » du gouvernement. Car paradoxalement, c’est cette droite, manifestement et fièrement anti-ouvrière, qui se paie le luxe de négocier ses sales coups avant, pendant et après, avec les principales directions syndicales. Et de les engluer, toutes, dans un immense filet de relations partenariales… où elles se complaisent, il faut le dire.

Les « partenaires sociaux »… contre les travailleurs

La nouvelle ère du « dialogue social », Chirac l’avait annoncée lors de la campagne présidentielle de 2002. Dans un livret intitulé « Mon engagement pour la France  », il prônait « la confiance dans le dialogue social » et déclarait « sur les grandes questions qui intéressent le travail dans l’entreprise, les partenaires seront invités à négocier avant toute intervention éventuelle de la loi. » Pour Chirac, l’Etat n’allait plus légiférer seul en matière sociale. Il comptait associer les « partenaires » sociaux, patronat et syndicats. « Pas de loi sociale sans négociation préalable des partenaires sociaux » affirmait-il encore dans son discours du 14 juillet dernier.

Et force est de reconnaître que même ce coup contre les retraites réussi par Chirac-Raffarin a été préalablement discuté avec les confédérations syndicales, dont aucune, même la CGT et FO qui se sont trouvées plutôt du côté des grévistes en mai-juin derniers, n’était fondamentalement en désaccord sur les mesures prises. Le projet avait déjà été l’objet d’un très long « dialogue social » entre le ministre Fillon et des directions syndicales qui avaient accepté ainsi d’« accompagner la réforme ». Le gouvernement a reconnu que la CGT, réputée la plus contestataire des centrales, était restée très responsable (à son égard bien entendu).

Des défenseurs des travailleurs, ces dirigeants syndicaux qui d’emblée se mettent à table devant patrons et ministres, et admettent qu’il y aurait un « problème des retraites », un « problème des dépenses de santé », des caisses à combler en prenant dans les poches des travailleurs alors qu’il est évident que si elles se vident, c’est parce que le chômage en limite les rentrées, tandis que le patronat y ajoute ses razzias ? Et dans ce contexte, quoi discuter si ce n’est des reculs et des coups contre les travailleurs et les chômeurs ?

Non, des dirigeants syndicaux dignes de ce nom auraient eu pour seule tâche de démonter la logique patronale et d’organiser la riposte.

Au programme…

Après la « réforme des caisses de retraite complémentaire » (qui entérine une remise en cause des pensions des salariés), puis la « réforme des règles de négociation collective » (qui réduit la protection des salariés des petites entreprises en confortant les accords d’entreprise), puis l’accord sur « la réforme de la formation professionnelle et le dialogue social  » (qui entre autres fait sortir le temps de formation du temps de travail payé par le patron), sont au calendrier et déjà en chantier :

  • Une négociation sur la fonction publique. Dans une déclaration du 9 janvier dernier, toutes les organisations syndicales du secteur qui avaient coupé les ponts avec Fillon, notamment du fait du blocage des salaires, « ont enregistré les intentions du ministre pour des rencontres visant à aborder « méthode, objectifs et calendrier » du dialogue social. » Le ministre de son côté, Jean-Paul Delevoye, invite les 11 et 12 mars les sept fédérations représentatives des fonctionnaires pour un tour d’horizon complet.
  • Une négociation sur les dépenses de santé. Fin janvier, le ministre de la santé Jean-François Mattei, annonçait qu’il confirmait pour la réforme de l’assurance-maladie la même méthode que pour les retraites, à savoir la négociation sociale. Il obtenait la participation des syndicats, à la démarche au moins, en intitulant ses projets « défense du système de sécurité sociale » ! Et il a déjà obtenu un premier succès, le 21 janvier dernier. Tous ensemble et unanimement, patronat, syndicats et gouvernement ont signé le rapport du Haut Conseil de l’assurance maladie intitulé « diagnostic sur le système de soins et de prise en charge des dépenses d’assurance-maladie », qui dresse le prétendu constat objectif du trou de cette caisse. Mais qui ignore que ce constat mensonger prépare des attaques, l’austérité et la privatisation de la Santé publique ? Les directions syndicales vont quand même jouer le jeu de la discussion, y compris la CGT.
  • Une négociation sur le licenciement économique. Ou sa facilitation, voire son éviction du Code du travail par « traitement social des restructurations et licenciements » devrait bientôt se conclure, suite à la suspension, en décembre 2002, de onze articles de la « loi de modernisation sociale » de l’ex-gouvernement de gauche.
  • Une négociation sur « l’égalité professionnelle ». Redémarrée à la mi-janvier, elle devrait aboutir à un accord-cadre renvoyant aux branches le soin de la décliner.
  • Une négociation/concertation sur le financement des syndicats. Un groupe de travail réunit les collaborateurs du ministre des Affaires sociales et les trésoriers des confédérations « pour étudier toutes les options et tenter de dégager des principes clairs et consensuels », a annoncé François Fillon.
  • Une négociation sur la prise en compte de la pénibilité du travail. Elle débutera au cours du premier semestre 2004, au niveau interprofessionnel et sera suivie de négociations de branches en 2005, pour une mise en œuvre des décisions en 2006.

Restent aussi à débattre : le « service minimum » dans le service public en cas de grève, la modification du Code du travail proposée par le rapport De Virville, etc…

C’est dire que les bla-bla… ne vont pas cesser. Il y a beaucoup de vent dans tout ça, mais aussi la préparation de sales coups. Dans le dos des travailleurs, hors de leur contrôle. Et une des réussites de ce gouvernement est de mener à ce jour ses attaques en s’étant ménagé la caution, si ce n’est toujours l’approbation, des grandes confédérations syndicales.

Elles n’engagent qu’elles-mêmes. Pas l’ensemble des travailleurs qui en pensent tout autre chose mais à qui il reste à l’exprimer dans les luttes.

Robert PARIS

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