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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 7, janvier-février 2000 > DOSSIER : A la veille du XXXe congrès : où va le PCF ?

DOSSIER : A la veille du XXXe congrès : où va le PCF ?

Quelle politique par rapport au PCF ?

Construire une alternative révolutionnaire face au PCF

Mis en ligne le 1er février 2000 Convergences Politique

La participation du PCF au gouvernement, la mutation proposée par la direction, les interrogations, les inquiétudes et les mécontentements surgis parmi les militants ont rendu plus actuelle que jamais la question de l’attitude et de la politique que devraient avoir les communistes révolutionnaires vis-à-vis de ce parti.

Sur ce sujet, la tendance Révolution ! de la LCR et la fraction L’Etincelle de LO partagent bien des analyses mais ont également certaines divergences. Convergences Révolutionnaires étant aussi un cadre de discussion entre nous, les deux articles ci-dessous ont pour but d’entamer le débat.


Ce parti reste la principale force politique qui prétend apporter une réponse à la crise sociale que subissent les travailleurs. De ce point de vue la discussion avec les militants qu’il organise et qu’il influence est essentielle.

Le PCF : un parti de gouvernement qui garde une influence dans la classe ouvrière

Son identité politique a été déterminée par la conjonction des liens avec l’URSS, centre du stalinisme international, de l’intégration dans l’appareil d’Etat français, et de son implantation dans la classe ouvrière.

L’effondrement des systèmes staliniens élimine un des facteurs. Aujourd’hui il assume pleinement sa participation à la gestion du libéralisme de Jospin.

Son déclin historique change le rapport qu’il entretient avec l’avant-garde ouvrière. L’époque où il intégrait ou broyait y compris physiquement tous les militants actifs est révolue. Tant dans les entreprises que dans la jeunesse ou chez les intellectuels, il n’a plus la capacité de polariser tous les éléments avancés. Nombre d’entre eux ont, notamment depuis 1968, les moyens d’agir sans être contraints de militer dans des organisations vertébrées par lui. Le PCF n’est plus le référentiel commun de tous les militants politiques anticapitalistes, dont les révolutionnaires étaient séparés par le sectarisme et la violence stalinienne.

Nous devons tirer de tout cela plusieurs conséquences :

  • Toute politique visant à faire pression pour « gauchir » l’orientation du PCF est vouée à l’échec . Son évolution est irréversible et identique à celle de tous les PC européens. Elle correspond à la seule place possible dans la société bourgeoise dès lors que le lien avec Moscou est brisé : une social-démocratie bis, avec un profil spécifique justifiant son existence. Son implantation ouvrière est différente du PS mais ne change rien à cette tendance lourde. Autant nous sommes disponibles à toute mobilisation unitaire sur des objectifs clairs, à une politique de Front Unique incluant le PCF et toutes les organisations ouvrières décidées à agir, autant il ne peut y avoir pour les révolutionnaires d’alliance politique avec ce parti, notamment lors des échéances électorales.
  • L’orientation qui consiste à agir pour gagner au combat révolutionnaire des pans entiers du PCF est vouée à l’échec . Le PCF vit une crise historique irrémédiable. La nature de cette crise, sa durée et le fonctionnement du parti ont empêché l’apparition de courants de gauche : mai-juin 68, l’union de la gauche, la participation gouvernementale de 81 à 84, novembre-décembre 95 et la participation actuelle au gouvernement Jospin n’ont donné naissance qu’à des courants très limités qui ont évolué vers la social-démocratie, ou des courants néostaliniens qui ne rompent pas avec le réformisme du PCF qui ne date pas de l’accession de Robert Hue au secrétariat national.
  • Il reste dans le PCF des militants ouvriers disponibles à la construction d’un parti révolutionnaire des travailleurs . Des individus, des cellules ou des sections pourront localement rompre avec le PCF et s’engager avec les révolutionnaires à cette tâche. Mais il ne peut y avoir de centralisation issue d’une dynamique interne au PCF : seule l’existence d’un pôle révolutionnaire extérieur conséquent peut éviter une dispersion des phénomènes limités de rupture qui s’opéreront peut-être.

Quelle politique spécifique vis à-vis du PCF ?

Nous devons convaincre ses militants et ses sympathisants qui veulent se battre contre le système capitaliste que ce parti est un obstacle à la construction d’une alternative politique. Nous devons dialoguer avec eux et nous confronter politiquement avec les dirigeants en posant deux questions :

  • quel programme est nécessaire pour les travailleurs, en mettant en avant les revendications du plan d’urgence et la nécessité de s’affronter jusqu’au bout avec le patronat et le gouvernement
  • quels outils, en tirant le bilan du gouvernement Jospin, et en montrant la nécessité de l’action des travailleurs hors du cadre institutionnel et électoral, par la grève et l’action directe pour remettre en cause le capitalisme et les leviers de commande dont il s’est doté.

Par exemple, contre le chômage, il faut interdire les licenciements, réduire le temps de travail sans flexibilité ni annualisation, répartir le travail entre tous par l’échelle mobile des heures de travail, refuser la précarité, pour donner aux 5 millions de chômeurs un emploi, un vrai. Mais il faut imposer ces exigences en organisant la mobilisation face au patronat et au gouvernement.

La direction du PCF a prétendu agir contre le chômage en manifestant le 16 octobre. La veille, ses députés annonçaient qu’ils voteraient la loi Aubry, montrant que pour lui, il ne s’agissait pas de préparer une vraie mobilisation générale qui se serait affrontée à la politique gouvernementale mais de masquer sa participation à la gestion gouvernementale. Nous devions participer à cette manifestation, mais en mettant au jour ces contradictions de la direction du PCF, en insistant sur la nécessité de refuser de voter la loi Aubry, et en traçant la voie de la mobilisation générale.

Ce programme nécessaire, cette force politique à construire comme émanation politique des mouvements les plus avancés et les plus radicaux, tout cela est terme à terme contradictoire avec une alliance politique des révolutionnaires avec le PCF : pour gagner au combat révolutionnaire les militants combatifs qu’il organise ou qu’il influence, il est nécessaire de les convaincre de la nocivité de la politique du PCF.

Le 8 janvier 2000, Charles PAZ


Ni rire ni pleurer, mais comprendre la situation et saisir les opportunités, l’autre article sur la politique par rapport au PCF

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