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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 96, novembre-décembre 2014

PSA Poissy : Vider un site… pour mieux le fermer ?

Mis en ligne le 20 novembre 2014 Convergences Entreprises

Lundi 20 octobre, le journal Les Échos publie une carte des productions futures du groupe PSA en Europe en 2017. Une baisse de 45 % du volume de production est prévue à PSA Poissy. Selon Denis Martin, patron de PSA Europe, la stratégie française du groupe «  doit permettre de dégager 5 à 7 % de gains de productivité par an, soit 30 % dans les cinq prochaines années ». Sur les dix sites d’assemblage européens, la production sera surtout concentrée sur trois usines : Vigo (en Espagne), Sochaux et Trnava (en Slovaquie).

Toutes les usines françaises, en dehors de PSA Sochaux, ne disposeront plus en 2018 que d’une ligne. PSA regroupe la fabrication sur un minimum de sites avec l’objectif avoué d’y surcharger les ouvriers soumis à une flexibilité accrue.

PSA en agence Pôle emploi

Le 23 octobre, le CE de Poissy annonce encore du chômage pour décembre et début janvier, neuf jours ou quatorze jours selon les lignes (voir encadré), ainsi que l’arrêt à l’Emboutissage de l’équipe maintenance du VSD (vendredi, samedi, dimanche) et de l’équipe de production de nuit : 98 postes supprimés.

Cela fait plusieurs mois que le site se prépare techniquement à passer définitivement de deux lignes de production à une seule pour janvier 2015. Aux dires de tous, ça sent le dégraissage massif : 500 intérimaires dégagés sur 700 pour la fin de l’année, tandis que les ouvriers en CDI sont tous menacés de finir dans des postes-trappes vers la sortie. L’équipe de nuit, elle, sera probablement supprimée totalement dès le second trimestre 2015. Les 6 000 salariés de Poissy constatent que l’usine prend le même chemin que celle d’Aulnay fermée l’année dernière.

En attendant, comme dans beaucoup de sites, la direction a lancé depuis des mois une campagne d’incitation aux départs « volontaires » et plans seniors. Sur tout le groupe, dans les usines comme les centres techniques, 10 000 salariés « positionnés en métiers sensibles », c’est-à-dire en prétendus « sureffectifs », se retrouvent dans le viseur de la direction. Affichage omniprésent et mails d’offre d’emploi quotidiens (de cheminot à maître-chien en passant par restaurateur…), ateliers pour CV, création d’entreprise, auto-entrepreneur, etc. PSA se transforme en agence géante de Pôle Emploi pour dégager un maximum de monde.

Depuis le 20 octobre des centaines de salariés reçoivent en main propre des lettres individuelles les invitant gracieusement à tout faire pour quitter la boite. Selon la radio France Bleu, un ouvrier (depuis 30 ans à l’usine) a fait un malaise quand il a reçu la sienne.

La petite carotte : 150 balles, un Mars…

Pour « consoler » les salariés et « en échange » du « Nouveau contrat social » (NCS), la direction avait évoqué l’année dernière l’idée d’un possible versement d’une prime exceptionnelle de 500 euros. En comparaison des trois ans de gel des salaires (environ 1 300 € de perte selon la CGT), ça fait 13,80 € par mois d’augmentation ! Une prime possible qui ne remplacera pas la baisse bien réelle des primes induite par le NCS (par exemple perte de 2 700 € à 8 640 € de prime pour passage de l’équipe de nuit à une équipe de journée), ni ne compensera l’augmentation des cadences avec le monoligne (passage de 45 à 52, voire 59 véhicules par heure), les départs au « forçariat », la flexibilité à outrance, le chômage partiel… Mais comme c’est bientôt Noël et que les élections approchent sur de nombreux sites PSA, la direction propose un acompte de 150 € bruts versés mi-décembre, histoire de redorer le blason des syndicats signataires du NCS, le reste (250 ou 350 euros) serait peut-être versé en avril et encore si la direction le concède…. Trop sympa.

… et le gros bâton

À Poissy comme ailleurs, la guerre est déclarée : la direction multiplie les attaques contre tous ceux qui protestent, et se saisit du moindre prétexte pour sanctionner ou licencier.

L’été dernier une douzaine de militants CGT de l’usine étaient menacés de sanction. Le 18 juillet notamment, 125 travailleurs ont débrayé par solidarité avec deux d’entre eux. Des rassemblements et collectes réussis ont eu lieu dans différents secteurs. À la rentrée, 70 salariés se sont mobilisés pour soutenir des militants dont le secrétaire du syndicat CGT.

Début septembre, sous prétexte d’un incident matériel, la direction s’en est pris à un cariste de la CGT de l’équipe de nuit, parce qu’en réalité il avait contesté avec d’autres des dégradations des conditions de travail. Plusieurs débrayages de l’équipe de nuit ont eu lieu, jusqu’à 130 travailleurs le 8 septembre. Mais la mobilisation ne s’est pas étendue et le collègue cariste a été licencié.

Les contestataires ne sont pas les seuls sur la sellette. Début octobre, la direction a voulu licencier une ouvrière de 55 ans handicapée à 50 % à la suite de cinq opérations. Après l’avoir déclarée inapte sur tout poste, la direction a refusé de lui en trouver un adapté comme l’y oblige la loi, elle a fait appel à pas moins de trois directeurs et deux gardiens pour tenter de la faire sortir de force de l’usine.

« PSA et Renault tirent profit des accords de compétitivité », titre la presse. Ça on peut le dire ! Selon la revue Challenge Robert Peugeot a vu sa fortune personnelle augmenter de 700 millions en un an pour monter à deux milliards. Pour les six premiers mois, PSA s’en sort avec 477 millions de bénéfices, + 7 % de ventes en Europe, l’action a monté de 30 % depuis le début de l’année. Le groupe a 15 milliards d’euros de réserve (+ 5 milliards en six mois !)…

Derrière ces chiffres et les accords compétitivité, seuls augmentent le nombre de véhicules par salarié ainsi que l’agressivité de PSA sur l’ensemble des sites : chômage, suppressions d’emplois, cadences et flexibilité renforcées. Cela rend plus que nécessaire d’unifier et d’amplifier des luttes qui existent déjà au niveau local.

4 novembre 2014, Hersch RAY & Léo BASERLI


Quand PSA se paye deux fois sur le contribuable

À Poissy pour septembre, octobre et novembre la direction avait déjà annoncé 18 ou 19 jours de chômage. Cela a vidé les compteurs d’heures que les salariés avaient remplis en multipliant les samedis obligatoires de janvier à mai derniers. Les compteurs devenus négatifs ont déclenché l’Allocation Partielle Unique (indemnisation à 70 % brut du salaire). Presque tous les sites français ont été soumis à un arrêt d’activité du 27 octobre au 1er novembre, comme les sous-traitants. La direction voulait réduire au strict minimum les stocks à partir desquels sont faits les calculs d’impôts en fin d’année. Des travailleurs vont donc subir des pertes de salaire dues à ce chômage (qualifié de « fiscal » par la CGT). Celui-ci entraîne une indemnisation financée par l’argent public alors que le but de la manœuvre est que PSA paye moins d’impôts !

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