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Accueil > Éditos de bulletins > 2015 > août > 18

Mettre fin à un système toxique

La semaine dernière, plusieurs explosions ont dévasté le port industriel de Tianjin en Chine, actuellement l’un des onze plus grands ports au monde. À trois kilomètres à la ronde, tout a été soufflé. Il y aurait, selon les autorités, 114 morts, dont 21 pompiers et pour la plupart des ouvriers dormant dans des dortoirs avoisinants. 70 personnes sont portées disparues et il y a plus de 700 blessés. En cause, des entrepôts de produits chimiques où les normes n’auraient pas été respectées par l’entreprise Ruhai International Logistics. Selon un journal chinois, les ouvriers n’auraient pas même reçu de formation nécessaire pour en assurer la sécurité. Et aujourd’hui se pose, pour toute la zone, le problème de la diffusion du cyanure, produit hautement toxique stocké dans les entrepôts de cette entreprise.

Le capitalisme comme partout ailleurs

La cause n’est pas spécifique à la Chine. C’est l’irresponsabilité des patrons bien plus soucieux de faire de gros bénéfices que de mettre les moyens nécessaires pour la sûreté des travailleurs et des populations. La Chine, atelier du monde, y paye un lourd tribut : il y a un an, notamment, une explosion dans une usine de pièces automobile près de Shanghai avait fait 75 morts. La population a réagi à plusieurs reprises face à ces dangers, comme en 2011 lorsque des milliers de manifestants avaient forcé la fermeture d’un site pétrochimique à Dailan, où était utilisé du paraxylène, hautement toxique pour les riverains. Mais si les autorités chinoises, connues pour leur corruption, continuent de laisser faire, c’est surtout parce qu’en Chine, comme ailleurs, c’est la loi du profit qui prime au mépris de la sécurité et de la santé de tous, à commencer par celle des travailleurs des industries à risque.

De Tianjin à Toulouse

Tout comme bénéficient les patrons de la même mansuétude dans les autres pays du globe. C’était le cas de l’explosion, en 2010, de la plateforme pétrolière de BP dans le golfe du Mexique provoquant une marée noire monstrueuse. La catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, en 2011, était causée par une négligence sur la sécurité électrique. Elle continue de faire des dégâts et la population se bat toujours contre les autorités qui font la part belle à la société Tepco responsable de la catastrophe et aux autres géants de l’énergie. Et nous avons connu ça, ici même, avec l’explosion de l’usine chimique AZF en 2001 à Toulouse, détruisant écoles et hôpitaux, ravageant les quartiers populaires alentours : 32 morts, 2 500 blessés, 27 000 sinistrés. Et le préfet prétendait qu’il n’y avait pas de risque majeur…

Nos industriels bien de chez nous

Depuis 14 ans, des milliers d’habitants et des salariés de cette usine se battent pour faire reconnaître la responsabilité de Total, dont AZF était une filiale. Le groupe avait commencé par mener campagne pour faire accréditer la thèse d’un attentat terroriste mené par un travailleur sous-traitant de l’usine ! Le bluff n’avait pas duré longtemps. Mais la responsabilité de Total est minimisée et le groupe pétrolier rechigne toujours à indemniser les victimes. Il a réussi à casser un jugement en janvier 2015 et, si un nouveau procès en appel doit avoir lieu, celui-ci vient d’être déplacé, par décret gouvernemental, à Paris… où les sinistrés toulousains auront plus de mal à y assister ! Sans parler des 80 millions d’euros de crédit d’impôts au nom de la « compétitivité et de l’emploi » accordés par le gouvernement à ce groupe multimilliardaire qui s’était débrouillé un temps pour ne pas payer d’impôts et n’avait déboursé que des sommes ridicules pour une autre catastrophe, la marée noire de l’Erika dont il était responsable en 1999.

D’un bout à l’autre de la planète, les groupes capitalistes font fi de la sécurité et des besoins les plus fondamentaux de la population. Ils peuvent compter sur la complicité des États qui les protègent.

Les manifestants de Tianjin ont bien raison d’exprimer leur colère, eux seuls et tous ceux qui les rejoindraient pour dénoncer les responsables de ce désastre peuvent changer la situation.

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