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Éditorial du mardi 14 avril 2020

Macron nous sert la version « peace and love » des injonctions du Medef

Lundi soir, troisième épisode dans la série « Macron nous parle ». Après Macron le guerrier, on a eu droit à l’agneau pascal, ou à Macron le curé : ton apaisé et prudent, vocabulaire précautionneux, du « nous » à toutes les sauces. Après l’union nationale va-t-en-guerre, voici la version « peace and love ». Mais pas de quoi nous embobiner.

Il n’y a pas de « nous » qui tienne

Quoi qu’en dise Macron, son « nous » n’existe pas. Ce n’est pas « Nous » qui sommes responsables de la situation actuelle : ni du manque de stocks de masques, ni de la suppression de dizaines de milliers de lits dans les hôpitaux, ni du manque de moyens dans les Ehpad. Ni de ce confinement à double vitesse, qui voit des millions de travailleurs contraints de se rendre au boulot dans des usines où la promiscuité règne.

Non, « nous » ne sommes pas dans le même bateau, quand on voit que les populations les plus susceptibles d’être touchées par le virus sont celles qui continuent de travailler. Pour lutter contre l’épidémie… ou pour sauver les profits de leur patron. Ces mêmes travailleurs qui vivent souvent avec leur famille dans des territoires de désert médical, comme en Seine-Saint-Denis. La double peine : plus de chances d’être contaminés, moins d’être correctement pris en charge en cas de maladie.

Le bourrin et le doucereux

Quelques jours avant le discours de Macron, le président du Medef, le bien nommé Geoffroy Roux de Bézieux, avait été on ne peut plus clair dans Le Figaro. On croyait tous que l’urgence était de résoudre la crise sanitaire ? Erreur. Geoffroy est là pour nous rappeler que la vraie urgence, c’est de « revenir à l’activité normale ». Avant de clamer haut et fort que « la reprise, c’est maintenant ! » : tous au boulot et que ça saute ! Pour la suite, son programme est simple : « il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés. » Pour les patrons, le « monde d’après » ressemble drôlement au monde d’avant… La secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, n’a pas tardé à renchérir sur ses donneurs d’ordre du Medef en déclarant qu’il faudra « probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant » afin de « rattraper les pertes causées par la crise sanitaire »… En un mot : aux travailleurs de payer la crise !

À Macron de passer la pommade ensuite… avec avalanche de mots creux pour saluer les salariés et promettre des changements pour « l’après ». Mais la pompe à fric reste toujours grande ouverte prioritairement aux grandes entreprises.

Les gosses à l’école, les parents au turbin ?

Quant à la reprise du travail appelée par le Medef, le gouvernement la prépare déjà. À partir du 11 mai, sitôt déconfinés – du moins partiellement – il faudra pour le plus grand nombre « retourner travailler ».

Macron a également annoncé la réouverture progressive des établissements scolaires à partir de cette date au nom de la lutte contre les « inégalités » engendrées par le confinement… Macron transformé en Che Guevara ou en Mère Teresa, personne n’y croit. La vérité est ailleurs : les écoles fermées, ça veut dire des salariés chez eux pour garder les enfants. Et ça, ça déplaît à Geoffroy et ses amis du CAC40… Donc le 11 mai, les gosses à l’école et les parents au turbin !

Cette réouverture des lieux de travail et des écoles risque d’occasionner un rebond de l’épidémie. Le respect des « gestes barrières » dans une cour de récréation, qui peut y croire ? Rebond d’autant plus probable que niveau masques et tests, rien de sérieux à l’horizon. Les industriels ont bien des millions de masques en stock, mais ils les gardent pour faire redémarrer leurs usines… Et le gouvernement n’a bien sûr pas bougé un orteil pour envisager leur réquisition.

Ils préparent leur reprise ? Préparons la nôtre !

C’est à « nous » – le seul « nous » qui tienne, celui qui désigne ceux qui font tourner cette société – de mettre en avant nos revendications :

  • refuser la réouverture des entreprises non essentielles ;
  • imposer des mesures sanitaires à la hauteur pour protéger nos santés et nos vies ;
  • ne pas accepter de payer la crise via la détérioration de nos conditions de travail, présentes et futures.

La colère s’accumule dans le pays contre la gestion du gouvernement, trouvons les moyens de la faire entendre : c’est la meilleure manière de préparer notre « monde d’après » et ne pas nous laisser pressurer dès aujourd’hui par le leur.

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