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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 43, janvier-février 2006

Ligne D : les calomnies de Monsieur « Top ten »

Mis en ligne le 13 janvier 2006 Convergences Entreprises

Lors de la grève des agents de conduite de la ligne D du RER, du 5 au 14 décembre, les patrons de la SNCF et les médias se sont déchaînés... contre ces « nantis de la SNCF ». Dans ce concert de mensonges contre les grévistes Thierry Mignauw, le directeur pour l’Ile de France, s’est distingué.

À savoir d’abord que ce personnage fait partie du « top ten » de la SNCF : les dix plus gros salaires, qui représentent en moyenne 15 644,92 € par mois. Ces gens-là se sont encore augmentés de 22 % en 2004, alors qu’ils présentaient aux cheminots une rallonge de 1,8 % comme un effort exceptionnel !

Des foyers pourris

Mignauw a donc osé dire que les ADC de la ligne D travaillent « un jour sur deux ». Calcul fait, nous travaillons d’abord plus de 200 jours par an. Et puis dans quelles conditions ?

Les périodes de travail ne doivent pas excéder 7 h 48 d’affilée, mais, en pratique, il suffit d’un incident pour prolonger ce service d’une ou plusieurs heures. Les périodes d’interruption ne doivent pas être inférieures à 9 h 30, mais à n’importe quelles heures. Un ADC part par exemple de Paris à 11 h 30, termine à Montereau à 18 h 50, où il dort à l’hôtel, repart à 5 h 52 pour arriver à Paris à 11 h 51, où il dort dans un foyer. Le lendemain, il remonte dans sa machine à 9 heures, arrive à Melun à 16 heures, où il dort - s’il parvient à s’endormir.. - dans un autre foyer, et repart pour Paris à 2 H 28. Et ainsi de suite.

Certains conducteurs passent une nuit sur deux, voire deux nuits sur trois hors de chez eux, dans des foyers bruyants (à proximité des lignes de chemin de fer ou des routes) ou insalubres - on a découvert l’an dernier des traces de salmonellose dans les systèmes d’aération de plusieurs d’entre eux et il a fallu plusieurs interventions du CHSCT pour les fermer ou prendre des mesures de désinfection. Beaucoup de conducteurs viennent de province et sont obligés de louer une chambre dans un foyer SNCF à leurs frais.

L’homme-orchestre

« Pour une paie moyenne de l’ordre de 2 100 € bruts, je débourse 250 € par mois pour la chambre !, explique un collègue. Cette paie ne représente qu’une moyenne, car notre salaire est en grande partie composé d’innombrables primes, de sorte que, quand nous sommes « inutilisés », nous restons à attendre dans un local de la SNCF pour 80 € par jour.

Un conducteur est seul à bord d’un train qui transporte jusqu’à 4 000 voyageurs ! D’abord, il y a les signaux à respecter : un tous les 1,5 km en moyenne. Entre Gare de Lyon et Gare du Nord, dans Paris intra muros, il y a par exemple 35 interventions pour 8 minutes de trajet. Mais, en plus, il faut déclencher l’ouverture et la fermeture des portes, faire les annonces aux voyageurs, modifier la tension quand on passe du secteur SNCF au secteur RATP, et répondre aux appels des gares, du régulateur et du centre de gestion de la ligne - une bonne dizaine par jour. En cas d’incident, si quelqu’un tire le signal d’alarme, c’est le conducteur qui doit se rendre dans le wagon, voir ce qui se passe et réarmer le signal. Moi qui ai travaillé en usine, en 2 X 8, je trouve le rythme SNCF beaucoup plus crevant, notamment avec les week-ends passés loin de la famille.

Les médias et Mignauw ont pleurniché sur « les usagers pris en otage ». Mais ils oublient de dire que, même en dehors des grèves, les immobilisations de trains se multiplient parce que le matériel est vétuste et les effectifs insuffisants. Et ils ne s’inquiètent pas beaucoup des gens qui voyagent serrés comme des sardines et crèvent de chaud dans les rames en aluminium l’été... »

Bref, les agents de conduite de la ligne D ne décolèrent pas et ils sont bien décidés aujourd’hui à obtenir des excuses du patron du Transilien.

François LABORDE

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