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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 32, mars-avril 2004

Le PCF en ordre dispersé ? A côté de la gauche caviar, la gauche Buffet

Mis en ligne le 6 mars 2004 Convergences Politique

Les listes ouvertes à des non communistes, militants syndicaux, associatifs ou altermondialistes, que le Parti communiste présente dans plusieurs régions, seraient, à en croire ses dirigeants, « l’événement à gauche ». Elles permettraient au PCF de se démarquer d’un Parti socialiste déconsidéré dans les couches populaires et de faire pièce à la concurrence de l’extrême-gauche.

Redonner espoir… à qui ?

« Beaucoup de nos concitoyens, beaucoup de salariés doutent qu’il y ait une véritable alternative à la politique de la droite. Déçus par la gauche au pouvoir, ils se replient dans des votes uniquement protestataires ou dans des votes résignés de « moindre mal » », écrit Marie-George Buffet. La liste qu’elle dirige en Ile-de-France devrait « redonner l’espoir et rebâtir une gauche populaire… ».

« Redonner espoir » aux déçus de la gauche gouvernementale ? Fort bien. Mais alors, pourquoi en avoir privé d’entrée la majeure partie de l’électorat populaire et ouvrier ? Car dans 14 régions sur 22 (hors territoires et départements d’outre mer), en effet, le PCF s’est intégré aux listes dirigées par le Parti socialiste dès le premier tour. Quitte à se mettre à la traîne de Ségolène Royal en Poitou-Charente, de Jean-Jacques Queyranne en Rhône-Alpes ou de Michel Sapin dans le Centre, tous anciens ministres d’une gauche dont le PCF ne veut, paraît-il, plus !

On peut d’ailleurs exclure aussi d’une innovation qui devrait « bousculer la politique », les deux régions où le Parti communiste se présentera en concurrence avec le Parti socialiste, mais en commun avec des gens qui ne valent pas mieux : en Franche Comté avec le parti de Chevènement, ancien ministre de l’armée et de l’Intérieur et en Alsace avec les chevènementistes et les radicaux de gauche.

De toute évidence partout où il lui est apparu plus sûr de s’allier avec le PS ou ses satellites dès le premier tour, afin de sauver ses postes de conseillers régionaux ou généraux, le PCF l’a fait. C’est donc plutôt d’abord à redonner espoir à ses notables que le PCF semble avoir songé.

Le mouvement social à la rescousse

La nouvelle « gauche populaire et citoyenne » que nous promet le PCF n’est réservée qu’à six régions. Mais pas pour longtemps, une semaine au plus puisque dans toutes, il l’a dit d’avance, il entend bien négocier son intégration sur les listes du PS au second tour. Et même pas pour de nobles raisons : ce sont les régions où les listes PS lui étaient quasiment fermées ou trop étroites (le PS ne lui a fait aucun cadeau, préférant en faire aux Verts) et les autres alliés possibles complètement absents.

Pourtant, pour que la « gauche populaire » puisse même être admise à se fondre dans une nouvelle version de la « gauche plurielle », encore faut-il que le PCF, seul, passe la barre des 5 % nécessaires pour fusionner les listes au deuxième tour. C’est vraisemblable dans le Nord-Pas de Calais, à en juger par les précédents scores électoraux (5,06 % pour Robert Hue en 2002). C’est plus aléatoire en Ile-de-France, où aux dernières présidentielles (une élection qui lui est certes moins favorable que les élections locales ou régionales) son candidat n’avait obtenu que 3,55 % des voix.

On comprend que la direction du Parti communiste pour tenter de regagner ou simplement de garder un minimum de voix, là où le PS l’a forcé à se présenter seul, ait été à la recherche désespérée d’une recette. Celle qu’elle a trouvée est d’apparaître comme le fédérateur du « mouvement social », cette nébuleuse d’organisations ou associations plus ou moins critiques du PS. Et de se réclamer dans ses tracts électoraux du Forum social européen qui, il est vrai, s’est déroulé en novembre dernier sur « ses terres » (dans les municipalités à mairies communistes de la banlieue parisienne). Et de mettre sur ses listes, en bonne position, des non-communistes : quatre sur huit des têtes de sections départementales d’Ile-de-France sont des associatifs : le président du Mrap, une militante des droits de l’homme, un syndicaliste enseignant et une dirigeante d’AC !.

Somme toute, c’est là une répétition de l’opération tentée par Robert Hue avec ses listes « Bouge l’Europe » en 1999. Sans beaucoup de succès à l’époque. Et même si cette année un peu plus de réussite est au rendez-vous, que peut-on en attendre sinon la transformation de dirigeants associatifs ou syndicaux en politiciens de gauche, tout prêts à avaler des couleuvres ou plutôt les faire avaler à leurs électeurs ? Ainsi dès le soir du 21 mars ils s’apprêtent à s’inscrire sur la liste PS concurrente du président régional sortant Jean-Paul Huchon.

L’intérêt des travailleurs ?

Quel intérêt auraient donc à voter pour une telle liste, les travailleurs déçus par la politique anti-ouvrière de la gauche au gouvernement, et voulant s’opposer aux attaques du gouvernent Raffarin et du patronat ?

Déjà soucieux de pouvoir retrouver un jour une place dans un nouveau gouvernement de gauche, et prêt à cogérer immédiatement avec le PS quelques départements ou régions, si la possibilité lui en est donnée, le PCF met en avant, même là où il se présente seul, un programme qui ne va pas plus loin que celui du PS, voire moins.

Ainsi au titre des « propositions phares » de la liste de Buffet figure, en première place, la carte orange de transport à tarif unique pour toute l’Ile-de-France, à 46 €. On a peine à la croire mais… c’est un euro de plus que la même promesse électorale faite par le chef de file de la liste UMP, Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement Raffarin.

Ainsi la « Gauche populaire et citoyenne » ne propose pas d’interdire les licenciements, mais de « prendre en amont » le problème des « restructurations subies par les salariés », en facilitant une mobilité du travail « contrôlée et voulue par les salariés », grâce à un programme de formations en alternance. Un galimatias comme solution à la toute puissance du patronat sur l’emploi, guère compensé par la promesse d’instaurer « une obligation de création de CDI pour disposer d’un appui financier régional ».

Ainsi encore pour stopper l’hémorragie régionale d’emplois, les aides au patronat (qu’il n’est pas question de remettre en cause) devraient s’adresser surtout aux PME-PMI, grosses créatrices d’emplois paraît-il (mais de quels types d’emplois ?).

Et pour couronner le tout, et sans doute plaire à ses alliés du mouvement social, la liste de Marie-Georges Buffet promet « la mise en place d’une démocratie participative régionale notamment sur les orientations budgétaires ».

La démocratie participative ! La tarte à la crème de la gauche (et parfois la droite) bien pensante. Oui, le PCF est bien prêt à reprendre toute sa place dans la gauche plurielle (quel que soit le nouveau nom dont celle-ci s’affublera).

On comprend donc ce que Marie George Buffet veut dire quand elle explique que le vote d’extrême gauche serait un vote d’impuissance. En effet un vote qui contrarierait les projet du PCF de magouiller de nouveau avec le PS.

28 février 2004

Olivier BELIN

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Réactions à cet article

  • J’ai l’impression que le PCF ne se presente seul que là où il y a des élus d’extrème gauche sortants. Le propos ne serait-il pas de diviser le camp des travailleurs et de nous empecher de passer la barre des 10%. En effet jusqu’à présent le PS a toujours fait plus confiance au PCF qu’aux verts pour obtenir la paix sociale, le mortifère effet front populaire. Le camp des travailleurs c’est nous, maintenant.

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    • Il faut tout mettre en oeuvre pour que le PC soit obligé de se prononcer pour ou contre nous. Car le camp des travailleurs, ce sont eux et nous. Et ils le savent, au PC. La preuve ? Ce qui se passe en Nord Pas-de-Calais... Il faut faire le maximum pour un front unique ouvrier. Le PC garde une assise. Il faut composer avec, amener patiemment ses électeurs et militants vers nous au nom de ce qui nous lie, pas de ce qui nous clive.

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    • Evidemment, il y a un électorat et des élus PCF qui sont aussi parfois encore des militants syndicalistes dévoués envers la classe ouvrière. Mais ce PCF là se sacrifie et se heurte depuis des décennies à un appareil passé au service de la bourgeoisie française. Ces directions ne réparent jamais leurs erreurs car elles sont la conséquence de la composition sociale et du programme idéologique du PCF. Qui n’est pas plus communiste que le PS n’est socialiste ! Les rares dirigeants locaux du PCF qui plaidaient ici, dans l’Hérault, pour des listes autonomes le faisaient clairement contre l’extrême-gauche ! Les autres ont choisi de faire liste commune avec Frèche pour les régionales et ont obtenu de devenir les clones du César de la Septimanie (en français, Languedoc-Roussillon). Je plains beaucoup Myriam Barbera (favorable à une liste autonome) et plus encore François Liberti (qui s’est placé en queue de liste Frêche pour obtenir les voix du PS dans sa ville de Sète). La perspective de construire une force révolutionnaire les dirigeants du PCF y ont renoncé depuis longtemps. Reste à convaincre les militants ouvriers que l’extrême-gauche a mieux à leur offrir,

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