La Poste : ils votent, luttons !
Mis en ligne le 30 novembre 2009 Convergences Entreprises
Le vote sur la loi qui autorisera la transformation de La Poste en SA à été l’occasion d’une joute parlementaire serrée, menée tambour battant par les sénateurs du PS et du PCF. Amendements et protestations diverses auraient pu faire oublier dans quelle remarquable continuité s’est déroulé le processus vers la privatisation, entamé par le PS en 1988. Si le gouvernement Sarkozy pose la dernière pierre, il est l’héritier d’une politique vieille de 20 ans. C’est elle qui amène aujourd’hui La Poste à la croisée des chemins. Ses dirigeants sont prêts à franchir le pas vers l’ouverture du capital et la grande bataille du marché. Cette marche forcée, qui a déjà provoqué la suppression de 40 000 emplois en 5 ans (sur 310 000 environ), a et aura ses victimes : les travailleurs du secteur postal.
Plan de licenciements en vue
De réorganisations en réorganisations, c’est l’ensemble des salariés (colis, guichets, facteurs, centres de tri, administratifs) qui subissent les baisses d’effectifs, le gel des salaires et une augmentation continue de la charge de travail. L’ouverture totale à la concurrence prévue en 2011 et la crise (quelle soit bénie !) servent de prétextes faciles à l’apologie de la « modernisation continue », entendez « réorganisation permanente ». Dans ce contexte, les travailleurs ont raison de craindre pour leur avenir et ce ne sont pas les promesses du président Bailly de ne pas faire de PSE avant 2012 qui les rassureront. La fermeture de l’entreprise Alternative Poste (distribution des plis de plus de 50 grammes, secteur ouvert à la concurrence) et la mise au chômage forcé de ses 300 salariés est là pour illustrer ce que pourrait être le futur. Les salariés en lutte de cette entreprise ont rencontré (sans doute pour la première fois) d’autres postiers et leurs récits sur les conditions de travail les ont fait frémir : changement de « tournée » et/ou de ville tous les jours, repérage d’adresse au GPS, payes misérables sont leur quotidien et pourraient bien devenir celui de l’ensemble du secteur. Si le calendrier parlementaire s’impose aux travailleurs, la riposte d’ensemble aussi.
Vers la riposte ?
À partir du 24 novembre, trois fédérations (SUD, FO, CFTC) appellent à une grève reconductible et des intersyndicales larges (en Île-de-France par exemple) font de même. Nous ne savons pas, à cette heure, si ce mouvement sera un succès. Pour le moment ce sont essentiellement les militants révolutionnaires ou apparentés qui tissent des liens pour permettre un réel succès de la reconduite. La multiplicité des conflits locaux est là pour démontrer que la prétendue apathie des travailleurs n’est qu’une formule pour justifier les manques de prise d’initiative militante ou les compromissions confédérales. Le tous ensemble sera possible si on s’appuie sur les dynamiques réelles des mouvements, même minoritaires. Le 24 novembre donnera peut-être le départ de la riposte. Si ce n’est pas à cette date là rien ne sera perdu, mais une occasion aura été manquée.
21 novembre 2009,
Erwan PIAM
Mots-clés : La Poste