Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2003 > janvier > 6

La Côte d’Ivoire aux mains des brigands impérialistes et des seigneurs de guerre

Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires Etrangères, a rencontré en Côte d’Ivoire les factions rivales de la guerre civile pour les convoquer à une table ronde à Paris à la mi-janvier. Bien décidé à ce que le sort de ce pays se règle sous son égide, l’Etat français ne se limite pas à ces manœuvres diplomatiques. Depuis le déclenchement de la guerre civile, la France a quadruplé ses effectifs militaires, qui s’élevaient en décembre à 2500 hommes, équipés de matériel lourd, d’hélicoptères, de blindés et de grosse artillerie.

Selon la thèse officielle, les troupes françaises serviraient à “sécuriser la ligne de cessez-le-feu”, c’est-à-dire à faire respecter la trêve conclue entre l’armée gouvernementale dite “ loyaliste ” du président ivoirien Gbagbo et les forces rebelles. Mais les massacres continuent de frapper la population. Et le soi-disant “gouvernement légitime” de Gbagbo, toujours appuyé par la France, n’est pas en reste. Le 31 décembre, 12 civils ivoiriens ont été tués lors de raids d’hélicoptères opérés par des forces ivoiriennes loyalistes. De Villepin a alors menacé Gbagbo de “durcir son langage”, et lui a demandé des “explications”.

Ce n’était pourtant pas une première ! Début décembre, un charnier de 120 corps avait été découvert à Moroko-Zohi dans l’ouest du pays, massacre perpétré par les mêmes forces « loyalistes ». Sans compter les exactions commises par les commandos parallèles de la gendarmerie, ce corps d’armes le plus fidèle au régime. En particulier à Abidjan, la capitale, où ils ont terrorisé les habitants des bidonvilles, fait la chasse aux immigrés burkinabés ou maliens qu’ils ont rackettés, assassinés ou dont ils ont brûlé l’habitat précaire. Cette campagne de terreur qui sévit en Côte d’Ivoire ne frappe d’ailleurs pas que les immigrés, mais toute la population pauvre, otage des seigneurs de guerre, loyalistes ou rebelles, qui exploitent les différences religieuses, régionales ou ethniques.

Quand de Villepin prétend que l’armée française constitue une “force de paix” pour “empêcher un nouveau Rwanda”, son hypocrisie est sinistre. Les seuls étrangers qu’elle protège éventuellement sont français, américains, ou européens. Mais même cette “protection des ressortissants étrangers” n’a été qu’un prétexte pour justifier l’intervention. Les 20 000 ressortissants français sont toujours présents en Côte d’Ivoire et depuis 3 mois que la France envoie des militaires, il n’est aucunement question pour eux d’évacuation ! En fait, ils constituent en grande partie les personnels d’encadrement des entreprises françaises, et ces dernières ont bon espoir que la France reprenne en main la situation. Car ce sont bien leurs intérêts que les troupes françaises protègent, les armes à la main. Dans la ville de Duékoué, surnommée “le verrou” de la zone du cacao, l’armée française s’acharne ainsi à repousser les rebelles, pendant que d’autres troupes sont déployées tout au long du trajet qui relie Daloa, la capitale du cacao, à San Pedro, le principal port d’exportation.

Les troupes envoyées par Chirac protègent aussi la capitale Abidjan, où sont installés les principaux trusts français comme Bouygues (bâtiment, eau et électricité), Bolloré (transport, activités portuaires, produits tropicaux), Totalfina (raffinage, distribution) ou France Telecom avec Orange (téléphonie). Alors la France, qui a soutenu jusque-là le pouvoir de Laurent Gbagbo tout en se ménageant la possibilité de traiter avec ses rivaux en cas de besoin, veut orchestrer elle-même une “solution” à la guerre civile, c’est-à-dire trouver une forme d’accord entre les seigneurs de guerre préservant les intérêts des grosses entreprises françaises. Quand de Villepin déclare “dénoncer les ingérences extérieures”, il considère donc que l’intervention française n’est pas celle d’une armée étrangère !

L’ingérence de l’impérialisme français en Côte d’Ivoire ne vise en rien à protéger les populations, mais uniquement à assurer la sécurité des profits crapuleux des trusts français, laquelle s’accommode parfaitement de la paix des cimetières. Hors de Côte d’Ivoire les troupes françaises !

Réactions à cet article

  • Le gouvernement Gbagbo est aussi légitime que celui de Chirac l’est. Il s’agit ici d’un président élu par le peuple. Il suffira pour ceux qui veulent le vérifier de consulter les archives concernant les marches des 2 octobre et 2 novembre 2003 à Abidjan. Il y a aussi eu la marche du 1er février 2003. Quoiqu’il en soit, il y a des centaines de déplacés et de morts dans l’ouest du pays. Ces gens sont des victimes des rebelles. L’ennemi du peuple ce n’est pas le gouvernement Ivoirien. En fait ce gouvernement a travaillé depuis 2001 pour le redressement économique de la RCI. Le problème de ce gouvernement est qu’il n’est pas assez fort militairement pour protéger sa population. Faites l’effort intellectuel de comprendre qu’un gouvernement n’a pas d’intéret à ce faire la guerre à lui meme. Non au contraire, son seul but est de créer les conditions pour l’amélioration de la qualité de vie du peuple. Faites l’effort de rejeter tous ces rebelles qui essaient de s’accaparer du pouvoir d’état à l’aide des armes. Faites cet effort pour sauver la démocratie. Le président n’est pas soit-disant légitime, il est légitime c’est tout. J’ai peur que Chirac et ses gangsters ne réservent à la CI le meme sort qu’au centrafrique. Marcoussis a tué La Baule.

    Réagir à ce message

Imprimer Imprimer cet article