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Russie : Poutine de capitalisme !

L’Ukraine entre le marteau européen et l’enclume russe

Mis en ligne le 22 janvier 2012 Convergences Monde

Accusée de corruption et d’abus de pouvoir, l’égérie de la « Révolution orange » de 2004 en Ukraine et ancienne Premier ministre du pays, Ioulia Timochenko, a été incarcérée et condamnée pour avoir, lors de la crise gazière de 2009 entre la Russie et l’Europe, négocié avec Moscou un accord sur le transit du gaz russe au détriment de contrats plus juteux pour les entreprises ukrainiennes. Celle qui était présentée comme la partisane du rapprochement avec l’Union Européenne est condamnée pour avoir favorisé les Russes ! À n’y rien comprendre… à moins de relativiser ces classifications schématiques des luttes politiques, entre soi-disant démocrates pro-occidentaux (les héros de la « révolution orange ») et prétendus « agents de Moscou ». Et de se dire que cet épisode n’est que le dernier en date de la guerre de clans entre politiciens et affairistes qui se sont partagé les richesses du pays.

Cet épisode résume aussi la nature des relations de l’Ukraine avec ses deux grands voisins, Russie et Union Européenne.

Depuis l’effondrement de l’URSS, les pays occidentaux lorgnent sur les marchés des anciennes républiques soviétiques, dont l’Ukraine avec son industrie lourde développée (sidérurgie, chantiers navals et construction mécanique) et son bassin minier.

Mais l’économie de l’Ukraine est restée en grande partie liée à celle de la Russie. L’un des atouts économiques est d’être une voie d’acheminement du pétrole et du gaz russe vers l’Europe occidentale. Un atout, mais qui limite son indépendance : la crise du gaz de 2009 l’a illustré. Dans les échanges commerciaux de l’Ukraine, ceux avec l’Europe occidentale représentent (chiffres de 2010) 29,6% de la totalité, contre 40,2% avec les pays membres de la CEI (essentiellement la Russie). Une réalité qui pèse plus sur les calculs des politiciens et affairistes des deux camps que les orientations idéologiques qu’on leur prête.

D’autant que les mêmes qui s’affrontent maintenant assuraient main dans la main dans les années 1990 la privatisation accélérée de pans entiers de l’industrie ukrainienne avec les conseils de l’Union européenne.

Dans le Donbass, qui représente 25 % du PIB ukrainien, deux conglomérats possèdent actuellement l’entière production du bassin minier. L’un est la propriété de Rinat Akhmetov, quarante-cinq ans, ancien mafieux, protégé du président « russophile » Ianoukovitch. Le deuxième, l’Union Industrielle du Donbass, est dirigé par Sergueï Tarouta, guère plus recommandable mais activement soutenu par Ioulia Timochenko. Les habitants du Donbass ont fait, eux, les frais du pillage : en 2010, seules 80 mines de la région sont encore ouvertes sur les 230 au début des années 1990.

Frappée de plein fouet par la crise de 2008, l’Ukraine a été la première à recevoir l’aide du Fonds Monétaire International (FMI), et les exigences d’un plan d’austérité qui allaient avec. À nouveau, comme dans les années 1990 de nombreux mois de salaires sont impayés alors que les prix, les loyers et le chômage explosent.

C’est le cas de la région de la ville de Kherson, sur les bords de la Mer Noire. Sous prétexte d’une chute de la production de 40 %, en septembre 2008 la direction de l’usine de machines agricoles KhersonMash a décidé de ne plus payer les ouvriers. Ceux-ci, dont le salaire mensuel moyen est de 98 euros par mois, ont occupé leur usine pendant les trois premiers mois de 2009 et marché sur le siège de l’administration régionale pour réclamer les impayés. Débordée, la direction du syndicat de l’usine n’a pu que laisser faire.

L’action des ouvriers de Kherson semble avoir durablement marqué les esprits en Ukraine, dans un pays où les termes « prolétariat » et « lutte de classe » ont presque disparu.

Simon CORET

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