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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 96, novembre-décembre 2014

Iran : Manifestations contre les attaques à l’acide à Ispahan et Téhéran

Mis en ligne le 20 novembre 2014 Convergences Monde

La série d’attaques à l’acide contre 15 femmes à Ispahan, au centre de l’Iran, a une nouvelle fois mis en lumière la situation sociale des femmes iraniennes. De telles attaques se produisent dans d’autres pays, souvent commises par des amants éconduits, mais nulle part elles n’atteignent la même ampleur. D’autant qu’au même moment, le « parlement » débat d’une nouvelle loi contre les femmes « mal voilées », protégeant ceux qui commettraient des violences à leur encontre !

Manifestations à Ispahan et Téhéran

Divers responsables du régime se sont empressés de nier tout lien entre les attaques, mais les similitudes sont frappantes. Le 20 octobre, le vice-ministre de l’Intérieur, Morteza Mirbagheri, a déclaré d’un côté que « les attaques à l’acide à Ispahan ne sont pas des crimes en série » et de l’autre que « les agences de renseignement étrangères et sionistes » aident les agresseurs !

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues malgré la répression, qui ne s’est pas arrêtée avec la présidence « modérée » de Rohani. Le 22 octobre, près de 2 000 personnes ont défilé devant le ministère de la Justice d’Ispahan, avec pancartes et slogans exigeant la sécurité pour les femmes. Beaucoup ont comparé les agresseurs à l’État islamique. Devant le Parlement à Téhéran, la manifestation, plus petite, dénonçait clairement la protection offerte aux agresseurs. Les manifestants demandaient l’abandon du projet de loi donnant libre cours aux exactions de la « police des mœurs ».

La contre-révolution islamique

Quoi qu’en disent les représentants du régime, la République islamique offre un cadre juridique et religieux pour une oppression des femmes digne du Moyen Âge. Bien avant les exécutions publiques de femmes par les talibans en Afghanistan et les lapidations et décapitations par l’État islamique, les mollahs et leurs fanatiques s’en prenaient de façon barbare aux femmes iraniennes. Ces atrocités étaient au cœur de la contre-révolution islamique qui, en 1979, a écrasé la révolution et les victoires des travailleurs et de tous les opprimés.

Les bandes religieuses qui ont aidé le clergé chiite à renverser le Shah soutenu par la CIA sont devenues des piliers de l’appareil répressif du nouvel État capitaliste en Iran. Leurs intérêts économiques et leur influence politique n’ont fait que grandir, notamment au cours des dernières années, avec le durcissement des sanctions contre le régime. La contrebande, la construction, l’ingénierie, les importations de voitures de luxe, le pétrole et le gaz sont quelques-uns des nombreux secteurs lucratifs investis par les Pasdaran (milices au service du régime).

Les extrémistes du régime ne sont pas opposés aux récents rapprochements avec l’impérialisme américain, surtout pas au nom de la vertu et la bienséance des jeunes femmes d’Iran. Ils cherchent simplement à préserver leurs intérêts économiques, alors que l’amélioration des relations diplomatiques et de la coopération militaire en Irak (et ailleurs dans la région) conduira à l’accroissement des échanges commerciaux et des investissements, au dégel des actifs du régime et au relâchement des sanctions. Le 22 octobre – pour la première fois en 35 ans ! – Boeing a vendu les manuels, dessins, cartes de navigation et données de ses avions à Iran Air. Il est toujours interdit de vendre des avions, mais cela suivra lorsque les derniers différends seront résolus.

Des avancées sur la question du nucléaire paraissent très probables. Cela ouvrira un nouveau chapitre dans la coopération entre l’impérialisme américain et le régime iranien, à leur avantage réciproque et au détriment de tous les travailleurs et des couches exploitées et opprimées de la région.

Mais les récents sursauts ouvriers, notamment les grèves et manifestations dans les mines de fer de Bafgh [1], à Wagon Pars [2] et Gilana [3] ou encore dans la compagnie de canne à sucre de Haft Tappeh [4], offrent beaucoup d’espoir pour la classe ouvrière iranienne. Lorsque les luttes ouvrières s’uniront et dirigeront les manifestations défendant les droits fondamentaux des femmes et des minorités nationales, alors ce régime rejoindra la « monarchie de 2 500 ans » du Shah dans les livres d’histoire.

Morad SHIRIN, pour la Tendance marxiste révolutionnaire d’Iran


[15 000 mineurs de Bafgh se sont mis deux fois en grève contre des plans de privatisation des mines, avec un soutien massif de la population.

[2Chez le fabriquant de trains Wagon Pars, 900 ouvriers ont fait grève contre les salaires non payés pendant trois mois.

[3Les salaires des 160 ouvriers de l’usine de carrelage de Gilana n’ont pas été versés pendant 16 mois. Il leur a fallu quatre semaines de grève pour obtenir d’être payés.

[4Plus de 500 ouvriers de la compagnie de canne à sucre de Haft Tappeh ont manifesté contre les salaires non payés.

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Numéro 96, novembre-décembre 2014