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Accueil > Éditos de bulletins > 2016 > février > 8

Honte à l’Europe des barbelés !

Il y a cinq mois, l’Europe était saisie d’émotion en découvrant la photo du petit Aylan, enfant syrien échoué sur une plage de Turquie. Depuis, trois cents enfants sont morts en Méditerranée, et dix mille errent isolés sur notre continent, livrés aux mafias, faute d’un accueil digne de ce nom.

« Devoir d’accueil », mais pas chez nous

Cela n’a pas empêché les dirigeants européens, réunis samedi dernier, de faire la leçon à la Turquie, sommée d’accomplir son « devoir d’accueil » envers les milliers de réfugiés syriens bloqués à sa frontière. Charité mal ordonnée ? Même pas : l’Union Européenne a promis trois milliards d’euros pour aider la Turquie à construire des camps pour parquer les migrants, uniquement dans le but de les empêcher de rejoindre les côtes européennes.

Les camps de rétention se multiplient aux frontières de l’Union, notamment en Grèce, petit pays sans moyens. Les murs et les barbelés réapparaissent à l’intérieur même de l’espace Schengen, pour empêcher la circulation des migrants.

Ceux-ci, après avoir été bloqués, parqués et déplacés sont désormais rackettés par les douaniers, autorisés à saisir une partie de leurs biens lors de leur entrée sur les territoires danois, suisse ou allemand. L’Allemagne, la Suède ou la Finlande s’apprêtent à expulser une grosse partie des migrants arrivés en 2015, car fuir la misère n’est pas une raison valable pour être accepté sur le continent le plus riche du monde.

Dans ce bal des hypocrites, le gouvernement français mérite la palme de l’infamie

Calais abrite le plus grand bidonville d’Europe. Triste record. Ils sont 4000 migrants dans la « jungle » et 2000 à quelques kilomètres de là, près de Grande-Synthe, à survivre dans des tentes en attendant de pouvoir se rendre en Angleterre. Vendredi dernier, l’ONU elle-même a dénoncé les conditions « alarmantes et insalubres » dans lesquelles vivent les enfants du bidonville.

Pas de quoi émouvoir les politiciens. Le Front national affiche sa haine des migrants en soutenant un général en retraite, arrêté lors d’une manifestation raciste ce week-end à Calais. Xavier Bertrand, président de la région, a renchéri en demandant l’intervention de l’armée pour évacuer le bidonville. Il est plus facile de s’attaquer aux misérables qu’à la misère !

Mais les vrais responsables de cette situation sont au gouvernement. Alors que l’Allemagne a enregistré un million de migrants en 2015, la France ne s’est engagée qu’à en accueillir 24 000 en deux ans. Tout est fait pour décourager les réfugiés d’y demander l’asile. La plupart traversent le territoire uniquement pour arriver en Angleterre ou en Allemagne, avant de finir parqués à Calais.

Travailleurs français et immigrés, ensemble contre « la misère du monde »

Pour justifier l’injustifiable, Valls et Hollande prétendent en substance qu’« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. » Mais qu’ont-ils fait, ici, pour la combattre ?

Leur gouvernement a facilité les procédures de licenciement pour les grands groupes. Il a requis de la prison ferme contre les syndicalistes de Goodyear. Il compte diminuer les allocations chômage Affamer les chômeurs n’a jamais permis de réduire le chômage, pas plus que refouler des familles qui fuient la guerre et la misère.

Contrairement à ce que prétendent les démagogues du PS, de droite et du FN, les travailleurs ne sont pas menacés par une vague d’immigration massive.

Mais ils font face à une offensive du grand patronat. Ce sont les mêmes qui plongent les migrants dans une misère sans nom à Calais et qui orchestrent la régression sociale.

Ne soyons pas dupes. Plus nous les laisserons s’en prendre aux migrants, plus ils se sentiront les mains libres pour s’en prendre à nos droits, nos acquis, ce qui reste de nos conditions de vie.

Ne nous laissons pas diviser. Face à l’offensive réactionnaire, affirmer notre solidarité avec les migrants n’est pas un luxe. C’est renforcer la solidarité de l’ensemble du monde du travail. Une des façons de préparer la riposte.

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