Gazprom un État dans l’État, 50 % privé

Le groupe Gazprom est la plus importante entreprise russe. 8 % du PIB de la Russie, 400 000 salariés. C’est un véritable trust, qui a diversifié ses activités et possède une banque, des télévisions, des activités dans le pétrole, le charbon, les centrales électriques, etc. Il développe ses activités dans les pays de la CEI, mais aussi en Europe occidentale et a des projets d’exploitation de gaz au Nigéria et en Guinée, parmi bien d’autres.

À la différence du secteur du pétrole, le secteur du gaz n’avait pas été découpé en morceaux dans les années 1990, et n’avait été pas entièrement privatisé. Gazprom est aujourd’hui détenu à 50,1 % par l’État, après que Poutine a fait racheter une partie des actions par l’État et y a placé ses hommes (dont Dimitri Medvedev, nommé directeur du conseil de surveillance de Gazprom de 2002 à 2008).

Avec Gazprom, qui fournit du gaz pour toute la Russie, et une bonne partie de l’Europe (la moitié du gaz naturel en Allemagne), les intérêts stratégiques des États ne sont jamais loin. Ceux du privé non plus. Ce sont des raisons également politiques (ne pas dépendre que de l’Ukraine pour exporter son gaz) qui ont poussé à la création d’un gazoduc sous-marin reliant directement la Russie et l’Allemagne, inauguré fin 2011. Gazprom en est le principal actionnaire, aux côtés d’entreprises allemandes parfaitement privées. Pour bien mélanger tous les genres, l’ancien chancelier social-démocrate allemand Schröder, qui cultive avec Poutine d’amicales relations, s’est retrouvé numéro un de la société créée pour la réalisation du gazoduc.

État dans l’État ? Arme de l’État russe ? L’entreprise manipule des milliards, et nombre d’affaires plus ou moins opaques ont ressurgi. Le trust agit à l’unisson avec l’État russe, et vice-versa. Comme toute entreprise capitaliste rentable, Gazprom a versé en 2011 environ 6,19 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires, publics et privés.

M.C.