Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 7, janvier-février 2000 > DOSSIER : A la veille du XXXe congrès : où va le PCF ?

DOSSIER : A la veille du XXXe congrès : où va le PCF ?

Du mythe à la réalité

Mis en ligne le 1er février 2000 Convergences Politique

Le Parti communiste français est loin d’être un objet politique non identifié. Pourtant si son affaiblissement est évident, force est de constater qu’il n’est pas aisé d’apprécier exactement sa réalité et d’éviter les deux erreurs, opposées, de le surestimer en le confondant toujours avec ce qu’il était encore il y a trente ans ou, sur la vue de ses récents déboires électoraux, le croire déjà disparu corps et bien.

L’effondrement électoral

Son affaiblissement ne fait de doute pour personne, et surtout pas pour ses propres militants. Il a été marqué par un recul constant aux élections successives depuis vingt ans. Ne parlons même pas des 6,78 % des dernières européennes. Il suffit d’examiner les législatives ou les municipales, qui nous permettent de mieux cerner le maillage du PCF.

Comparés aux scores des législatives de 1962, 21,9%, ceux de 1993, 9,1%, et 1997, 9,9%, qui ont fait passer le PCF sous la barre des 10%, indiquent une influence réduite de plus de moitié. En 1997, en se présentant dans 532 circonscriptions sur 555, il n’a fait des progrès sensibles (+2%) que dans de petites villes et des départements comme la Creuse, l’Allier, ou les Pyrénées-Orientales. Et s’il se maintient en général, à l’exception de l’Aisne (-3,3%) et du Pas-de-Calais (-1,4%), les résultats font apparaître autour des bastions restants (Nord, Pas-de-Calais, Centre, Bouches-du-Rhône et Région Parisienne) des zones où l’électeur PCF risque d’être catalogué dans les espèces en voie de disparition.

En 1978 il tenait encore 1481 mairies contre 1120 en 1989 et 920 depuis 1995. Aujourd’hui seules 46 de ces villes ont plus de 30 000 habitants, après la perte au cours des deux dernières décennies du Havre, Bourges, Châlons-sur-Marne, Corbeil-Essonnes, Thionville, Amiens, Le Mans. Parallèlement le nombre de conseillers municipaux est passé de 26 906 en 1983 à 21 351 en 1989 et 14 925 en 1995. Et souvent la perte d’une ville signifie la disparition de militants permanents et d’associations et un grave affaiblissement de son travail local.

Il faut pourtant rappeler que le PCF a aujourd’hui, avec moins de voix, un nombre de députés plus important qu’en 1988, 35 contre 25. Et qu’il dispose de 16 sénateurs, 153 conseillers régionaux, 290 conseillers généraux, et deux présidences de conseil général, en Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne. Or c’est de ces élus que le PCF, comme tout parti qui entend jouer le jeu et ne jouer que le jeu de la démocratie bourgeoise, tire une grande partie de ses revenus (d’après une enquête parlementaire en 1995 seuls 21 % de ceux-ci provenaient des cotisations de ses adhérents) et de son poids politique.

Reste aussi que cet électorat (un peu moins de 2 440 000 en 1997) est sensiblement plus important dans les villes et les quartiers ouvriers. Les statistiques, en fonction des élections, donnent pour le PCF des fourchettes de 10 à 15% chez les ouvriers, mais aussi les employés et les chômeurs, et même un peu plus pour les salariés de la Fonction publique.

Evolution des suffrages du PC aux élections législatives depuis 1924 (en %) image 618 x 542

Un parti militant

Si une partie du prolétariat se reconnaît encore dans ce parti au niveau électoral, l’essentiel ne réside pas là. Même au temps de sa splendeur, quand il récupérait plus de 25 % des suffrages, le PCF n’a sans doute jamais recueilli la majorité des votes des travailleurs. On est loin aussi des chiffres d’adhérents de l’après-guerre (785 000), mais les 274 000 adhérents officiels de 1996 (210 000 aujourd’hui d’après Robert Hue) - même s’il convient de prendre ce chiffre avec précaution - n’ont pas d’équivalent parmi les autres partis.

D’autre part une organisation politique ne se mesure pas à ses seuls effectifs, ni son rayonnement et son influence à la seule lecture de bilans et de pertes électoraux. L’influence du PCF pendant des décennies venait de sa capacité à encadrer et organiser la classe ouvrière. D’abord sur le plan syndical, par l’intermédiaire de la CGT, longtemps la centrale hégémonique dans les principaux secteurs d’activité. Aujourd’hui la CGT a perdu cette hégémonie incontestée. Elle se veut de plus en plus autonome de la direction du PCF. Elle est traversée et parfois déchirée par les mêmes courants qui traversent et déchirent le PCF, plus quelques autres aussi dont certains bien à elle. Dans les remous de ces dernières années il n’est pas sûr que les militants ou sympathisants du PCF forment encore les 4/5e de sa direction ou plus du tiers de ses adhérents comme c’était encore le cas, paraît-il, il y a 3 ou 4 ans. Mais si tous, les ex comme ceux qui ont encore la carte du parti, sont aujourd’hui beaucoup trop sceptiques ou désabusés pour rester les solides vecteurs qu’ils furent de la politique du PCF, celle-ci n’en continue pas moins à se faire sentir au sein du syndicat.

Surtout il était une caractéristique qui en faisait un parti à part, y compris des autres formations de gauche ou se réclamant de près ou de loin du socialisme ou de la classe ouvrière. Pendant des décennies le PCF fut le seul parti qui exista ouvertement au sein du monde du travail par une propagande politique et une apparition militante directes dans les entreprises. Depuis longtemps le Parti socialiste, par exemple, n’y exerçait d’influence que, au mieux, par l’intermédiaire des syndicats. Les rapports du PCF pour son Congrès de 1996 faisait état de 15 493 cellules, dont 3839 en entreprises regroupées en 1379 sections. Sans doute un peu moins aujourd’hui. Mais par delà ces chiffres on peut raisonnablement estimer que chaque entreprise de quelque importance compte toujours un ou plusieurs militants ou sympathisants du PCF. Pourtant ils sont de moins en moins organisés en cellules régulières, ont de moins en moins de publications d’entreprise, apparaissent de moins en moins sur l’entreprise en tant que PCF. Bref le PCF est en train de perdre ce caractère qui en a fait, trois ou quatre décennies durant, le parti de la classe ouvrière. Ce qui ne veut pas dire qu’il l’a totalement perdu...

Des jeunes et des lecteurs plus rares

La caractéristique des partis de notables – droite ou gauche – c’est de n’avoir ni jeunes dans leur rang ni lecteurs de leur presse. Et de n’en avoir pas besoin car leur presse est confidentielle, quand elle existe, et leurs rangs se forment dans les ministères ou les assemblées. S’il fallait un critère pour apprécier où en est le PCF par rapport à eux, nous l’avons peut-être là.

La Jeunesse communiste (le MJCF) prétendait aligner 50 000 adhérents en 1997. Mais mis à part une influence limitée au cours de grèves lycéennes, la force d’intervention du PCF dans la jeunesse a régressé au plus bas. Son influence dans le syndicat étudiant aussi.

Quant à sa presse elle est aujourd’hui bien loin de ce qu’elle fut dans l’immédiat après-guerre, avec une presse quotidienne nationale (400 000 exemplaires en 1946), régionale, d’entreprise, de jeunesse, plus une abondante activité d’édition. La presse régionale a en grande partie disparue, ou alors est devenue de plus en plus autonome du parti, et pas sur sa gauche. De la maison d’éditions il ne reste rien. De même de son hebdomadaire national qui fut jadis vendu de façon militante à des centaines de milliers d’exemplaires. Reste le quotidien l’Humanité. Sa diffusion s’est encore fortement érodée au cours de cette décennie, passant de 84 194 exemplaires en 1990, à 65 312 en 1995 et près de 58 000 en 1998. Son lectorat est évalué aujourd’hui à 77 000 personnes.

Le PCF regroupe encore une fraction de travailleurs qui espèrent et attendent que leur parti leur offre des perspectives militantes. Ce n’est sans doute pas le premier souci de la direction actuelle. Ce serait donc la tâche des révolutionnaires. Mais il ne suffit pas que l’histoire la mette à l’ordre du jour. Encore faut-il aussi qu’ils se donnent une politique pour la réaliser.

Le 8 janvier 2000

François FABIEN

Mots-clés : |

Réactions à cet article

  • bonjour camarade , je suis marxiste leniniste, et en lisant cet article j’ai été choqué plus d’une fois .

    Ce qu’il faut savoir, c’est que :

    L’humanité beneficiait avant d’une aide de l’état, mais depuis sarkozy , plus rien, le journal doit se debrouiller par ses propre moyens.

    Ensuite, il y a une censure de la presse vis a vis du parti, je me suis souvent rendu compte que lors de débat , le journal locale tout comme le nationale disait de quels bords etaient les personnes qui parlaient sauf pour le PCF .

    Enfin je tien a dire que l’image que tu as du PCF est fausse, on est loin d’un parti stalinien tel que le dit beaucoup de gens , c’est un parti qui fait beaucoup de chose, un parti Marxiste leniniste , j’ai assisté a des réunions du PCF et je peut te dire qu’ils sont loins de ne « rien foutre » , evidement, a cause des censsures, on entend pas parler du PCF a la télé sauf pendant les elections , on entend pas non plus ce qu’ils font au niveau local , et pourtant je peut te dire qu’en ce moment , je vois le PCF lutter pour une affaire de destruction de tout un cartier ouvrier qui sera remplacer par des habitations de riches , et les pauvres devront partir dans les ville voisines .

    Et a mon grand regret , il n’y as que le PCF qui lutte, le PS ne fait rien, mais LO-LCR non plus !!!

    camarade , je souhaite dire quelque chose qui se tourne vers tout le monde :

    Au lieu de critiquer les parti politique qui défendent les même cause que vous, oubliez vos différent et unissez vous !

    apres tout, karl marx a dit , « une idée devient une force l’orsquele s’empare des masses » , a nous de montrer l’exemple .

    (PS : desolé pour les fautes )

    Réagir à ce message

Imprimer Imprimer cet article