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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 20, mars-avril 2002

Editorial de Convergences Révolutionnaires

De l’élection présidentielle aux luttes sociales

Petit émoi dans le monde politique : ces derniers jours Arlette Laguiller est montée dans les sondages. Et voilà L’Humanité, restée jusque là fidèle au style objectif adopté depuis quelques années, qui veut que le peu d’information qu’elle donne sur l’extrême gauche le soit au moins sans hostilité, qui revient à de vieux démons et insinue que la candidate de Lutte Ouvrière ferait le jeu de la droite.

Mais il n’y a pas que le PCF qui fasse grise mine. Perdent aussi leur sourire tous ceux qui naguère se réjouissaient de voir sinon Arlette Laguiller grimper dans les sondages, du moins Robert Hue plonger et se faire distancer. Et la presse qui roule ouvertement pour le gouvernement, Jospin et le PS, Le Monde et Libération par exemple, de s’interroger sur ce que LO pourrait bien faire d’un succès électoral. Ils craignent, voyez-vous, que les voix qui se porteront sur elle soient perdues !

Perdues ? Pour Jospin peut-être. Arlette Laguiller a dit qu’elle ne donnerait pas de consigne de vote au deuxième tour. Sans équivoque elle se refuse à cautionner de quelque manière que ce soit un Jospin dont la politique ne se distingue en rien de celle d’un Chirac. Les électeurs, les siens comme les autres, décident évidemment librement de leur vote. Mais tous les dirigeants de la Gauche plurielle savent bien la rancœur accumulée chez les travailleurs. Ils savent qu’une bonne partie de l’électorat populaire, qui en majorité a quand même voté régulièrement jusque là pour la gauche, a une folle envie de leur rendre la monnaie de leur pièce, et cette fois de s’abstenir. Et qu’il se sentira encouragé à le faire si Arlette Laguiller, qui aura porté leurs sentiments au premier tour, a eu alors un succès.

C’est là leur première crainte. Il s’en ajoute une autre, à plus long terme. Aujourd’hui le mécontentement est général. Il alimente toutes sortes de luttes et de protestations, sans doute dispersées et souvent inconscientes de ce qui devrait les unir, mais pourtant innombrables et incessantes. C’est d’ailleurs ce mécontentement que viennent de rencontrer à leur corps défendant, Chirac, sifflé par les jeunes de Mantes-la-jolie ou Jospin, lors d’un nez-à-nez inopiné avec les travailleurs de Lu-Danone de Ris-Orangis.

Un franc succès électoral ferait d’Arlette Laguiller le porte-parole reconnu de ces mécontents. Et il donnerait à Lutte Ouvrière – et à l’extrême gauche toute entière si celle-ci sait enfin surmonter ses divisions autour d’une politique de classe – une nouvelle envergure et une nouvelle force pour proposer au mouvement ouvrier et au monde du travail de réagir ensemble.

Car quel que soit l’élu, l’attaque contre les retraites par exemple est déjà prévue, annoncée et programmée, par Chirac comme par Jospin. Robert Hue peut bien reprocher à Arlette Laguiller de n’avoir été à l’origine d’aucune grande manifestation contre les licenciements l’an dernier. Mais ce qu’il craint justement c’est que Lutte Ouvrière soit encore plus en mesure de proposer au PCF, comme aux autres forces syndicales, politiques et associatives du mouvement ouvrier une action qui cette fois ne serait pas sans lendemain.

Les sondages ne sont que des sondages. Le succès électoral d’Arlette Laguiller est encore à bâtir. C’est la tâche des révolutionnaires dans les semaines qui viennent. Pour préparer les luttes de l’après élection.

Le 16 mars 2002

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