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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 20, mars-avril 2002 > Cinq ans de gauche plurielle

Cinq ans de gauche plurielle

Jospin, liquidateur du service public

Mis en ligne le 1er avril 2002 Convergences Politique

Ils sont formidables ! Dans cette campagne électorale, pendant que Chirac s’attelle à réduire la « fracture sociale », Jospin, avec autant d’aplomb, proclame qu’il « défend les services publics ». Usons de notre « droit d’inventaire » du bilan du candidat Jospin…

D’une élection à l’autre...

Pendant la campagne législative de 1997, le PS avait affirmé qu’il s’opposerait à toute privatisation des services publics. La déclaration PS-PC du 29 avril promettait en outre « pour France Telecom, Thomson et Air-France, l’arrêt des privatisations ».

Au pouvoir, la gauche remplaça le mot privatisation par « ouverture du capital » et « respiration du service public ». On privatisa France Telecom, Thomson CSF et Multimedia, le GAN, le CIC, les AGF, Air France, le Crédit Lyonnais... Selon l’édition 2001 de L’Etat de la France (La Découverte), en 1986-1988, Chirac avait vendu pour 100 milliards de francs (valeur 1999) d’actifs publics. De 1993 à 1997, Balladur et Juppé : 140 milliards. En 1997 et 1998, Jospin : 240 milliards.

La gauche a fait ce que la droite n’avait pas osé : lever le tabou de la privatisation des services publics, en vendant de larges parts de France Telecom et d’Air France, cette dernière sous l’égide du ministre communiste Gayssot.

Mais en 2002, le candidat Jospin n’a pas renoncé à la langue de bois. Sur France 2, le soir de l’annonce de sa candidature, il répond « Certainement pas », à une question sur la privatisation éventuelle d’EDF, mais parle 20 secondes après d’une « ouverture maîtrisée du capital » ! Le gouvernement a d’ailleurs déjà franchi une première étape, en faisant voter par l’assemblée, en février 1999, l’ouverture du marché de l’électricité. Le gouvernement Jospin a mis La Poste et la SNCF sur la même voie de « l’ouverture du marché » et de la rentabilisation par secteurs.

La mondialisation des trusts français

Le bradage passé de France Telecom et à venir d’EDF n’est pas simplement destiné à donner à des bourgeois français de nouvelles opportunités de profits, il doit aider à faire de ces groupes des géants capitalistes mondiaux. EDF, qui réalise déjà presque le quart de son chiffre d’affaires à l’étranger veut faire passer cette part à 50 % d’ici 2004/2005. Pour cela l’entreprise souhaite justement l’ouverture du marché européen pour conquérir de nouvelles positions à l’extérieur et l’ouverture de son capital pour mobiliser des fonds sur les marchés financiers et négocier des fusions-acquisitions.

Sous la tutelle de la gauche, EDF et GDF n’ont pas attendu leur privatisation pour se lancer dans la spéculation sur le marché international de l’énergie. Elles ont monté leur propre filiale de trading (le métier d’Enron, la société américaine dont la faillite fait actuellement scandale), EDF-trading (en collaboration avec Vivendi) et Gaselys (avec la Société Générale). Mais pour grossir à l’étranger et devenir des numéros un mondiaux, ces entreprises doivent bien présenter la facture à quelqu’un. Ce sera leurs salariés, dont les conditions de travail se dégradent, et les usagers, qui ont vu le gouvernement augmenter plusieurs fois les tarifs du gaz et de l’électricité. L’avenir est programmé : comme France Telecom, EDF et GDF tenteront de plus en plus de se libérer des contraintes du service public, au profit de la rentabilité immédiate.

Jospin, « un austère qui se marre »…

...aux dépens des salariés comme des usagers. Tout en faisant passer au privé les secteurs les plus rentables du secteur public, il a soumis le reste à une diète de 5 ans. Dès 1997, il a proclamé le « gel de l’emploi public ».

Le plan Juppé de 1995 a été prolongé. Les hôpitaux ont continué d’être rationnés en effectifs et en moyens. Dans la première moitié des années 1990, les dépenses du secteur hospitalier avaient augmenté de 7 % par an, ce qui était déjà insuffisant pour suivre le développement de l’activité. Mais entre 1995 et 2000, cette augmentation a été de 7 % au total ! Un lit sur 15 a été supprimé de 1994 à 1999. En 2002, alors que le passage aux 35 heures aurait nécessité la création d’au moins 80 000 postes, le gouvernement n’en promet que 40 000, et les hospitaliers exaspérés multiplient les grèves.

Gel de l’embauche, surcharge de travail, pénurie de moyens : le même traitement a été réservé aux transports, à la poste ou encore à l’éducation nationale. Logiquement, pour boucher les trous les plus criants creusés par cette politique de sous-effectifs, le gouvernement a continué d’étendre la précarité : sur 3,4 millions de salariés des trois fonctions publiques, il y a aujourd’hui 960 000 non titulaires et plus de 300 000 « contrats aidés » (CES, emplois-jeunes, contrats de ville…).

De quoi donner envie de voir Jospin goûter à son tour à la précarité de l’emploi.

Bernard RUDELLI

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