Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 14, mars-avril 2001 > DOSSIER : France-Afrique : Le pillage continue

DOSSIER : France-Afrique : Le pillage continue

Barbarie pétrolière au Congo-Brazzaville

Mis en ligne le 1er avril 2001 Convergences Monde

Pendant les décennies de règne du « colonel rouge » Denis Sassou-Nguesso (qui n’était rouge que du sang de ses opposants), le Congo-Brazzaville fut un paradis pour Elf. Mais le processus démocratique qui conduisit à l’élection de Pascal Lissouba en 1991 compromit cette idylle. Lissouba n’était en rien révolutionnaire, mais il eut la fâcheuse idée d’attribuer les « blocs » pétroliers au plus offrant. C’est ainsi que des compagnies américaines obtinrent certains gisements.

Pour abattre Lissouba, Elf battit le rappel d’une étonnante coalition derrière l’ami Sassou : chair à canon tchadienne, vétérans du génocide Rwandais, jeunes desperados congolais baptisés « cobras », mercenaires de tous poils, le tout encadré par une cohorte d’officiers et sous-officiers français en « retraite », en « congé », « démissionnaires » ou… déguisés en mercenaires (à commencer par le Général Landrin, commandant le contingent français à Brazzaville, métamorphosé au beau milieu des événements en premier « conseiller militaire » de Sassou…). C’était la première intervention « plurielle » sous la gauche du même nom.

A la tête de cette armada, Sassou entreprit la conquête du pouvoir. Mais la guerre s’enlisait : il fallut qu’Elf débarque elle-même à Pointe-Noire un corps expéditionnaire angolais pour emporter la décision, recevant les chaleureuses félicitations de Jacques Chirac sur les ondes de RFI (1/7/1998) : « Ce pays (le Congo) était en train de s’effondrer dans la guerre civile, de s’auto-détruire, et… il était souhaitable que l’ordre revienne. Il y avait quelqu’un qui était capable de le faire revenir, c’était Denis Sassou Nguesso. Il lui fallait un soutien extérieur pour un certain nombre de raisons. L’Angola le lui a apporté. La paix est revenue. ». En outre des blindés français, lors des manœuvres militaires franco - gabonaises « koubia », passèrent subrepticement au Congo.

Bombardements aériens, duels d’artillerie et de chars lourds, exactions diverses des miliciens de tous bords, « cobras », « ninjas » et « cocoyes » : pourtant, Brazzaville n’avait encore pas vu le pire. En 1998-1999, Sassou lança une campagne raciste contre les populations du sud de Brazzaville et de la région du Pool, majoritairement Lari. Des observateurs ont établis que ses troupes étaient équipés de véhicules militaires français, assistés de cadres de l’armée et de la gendarmerie françaises. Fuyant leurs atrocités, des centaines de milliers de civils durent se terrer dans les forêts, en proie à la faim et aux maladies.

L’écrivain F.X. Verschave rapporte les propos d’une « personnalité socialiste » qu’il ne nomme pas : « c’est clair, au Congo-Brazzaville, chaque balle a été payée par Elf ». Combien de dizaines de milliers civils assassinés, de femmes violées pour le contrôle d’Elf sur le pétrole offshore congolais ?

J.F.

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article