Sur les cendres de Gaza, aucun peuple ne gagne
Éditorial des bulletins L’Étincelle du 24 mai 2021
Mis en ligne le 15 juin 2021 Convergences

Alors que l’on compte 243 morts palestiniens et 12 israéliens après le conflit en Palestine, les applaudissements de la « diplomatie internationale » sont indécents. Ils le sont plus encore lorsque Macron se félicite du « rôle fondamental de l’Égypte » du dictateur Abdel Fattah al-Sissi. De Biden à Poutine, c’est un concert international de satisfaction sans que soit dénoncée la situation d’apartheid dont sont victimes les Palestiniens, sans que la politique coloniale de l’État d’Israël ne soit remise en cause. On devrait se contenter de phrases creuses comme celle de l’Union européenne qui appelle à « une solution durable et juste dans les plus brefs délais ». Après 70 ans d’une succession de conflits et d’annexions, les Palestiniens savent ce qu’il en va des proclamations internationales. On sait aussi ce qu’il en va des dirigeants israéliens et palestiniens.
Le cessez-le-feu a été l’occasion de manifestations de satisfaction, tant de Netanyahou, qui annonce avoir « épuisé les cibles militaires identifiées », que du Hamas qui dit ressentir « l’euphorie de la victoire ». Mais qui sort gagnant de cette confrontation ? Sûrement pas le peuple palestinien, ni à Gaza, ni en Cisjordanie, ni en Israël. Les frappes « chirurgicales » de l’armée israélienne ont détruit 1 000 habitations et jusqu’à la plus grande librairie de Gaza et le coût des dégâts s’ajoute à ceux du blocus (qui dure depuis 14 ans) et de la guerre de 2014. Le Hamas sort peut-être provisoirement renforcé sur un plan intérieur pour avoir montré qu’il pouvait, à coup de roquettes, faire pression sur Israël. Cependant sa politique a aussi mis au second plan la révolte en cours de la population arabe.
La révolte : une arme contagieuse
Dans un contexte où l’armée intervenait régulièrement sur l’esplanade des Mosquées, expulsait des familles arabes au profit de colons juifs, où l’extrême droite suprémaciste juive défilait aux cris de « mort aux Arabes », la jeunesse palestinienne de Jérusalem-Est s’organisait. Ce mouvement contre le racisme anti-Arabes et la discrimination institutionnalisée avait déjà connu quelques victoires (ajournement des expulsions et interdiction d’une manifestation de l’extrême droite) et commençait à essaimer dans toute la Palestine.
C’est cette révolte qui unit ceux de Cisjordanie, de Gaza et les « Arabes israéliens », et elle seule, qui pourrait attirer la sympathie de la population pauvre israélienne qui en a assez des guerres et de la politique d’austérité de son gouvernement.
La guerre a provisoirement pris le devant de la scène. Mais le mouvement est toujours en cours, en témoignent les nombreuses manifestations partout dans les territoires occupés ou en Israël, la grève des travailleurs arabes du mardi 18 mai en étant une des expressions.
Manifestations dans le monde
Partout dans le monde, au moment des bombardements sur Gaza, des manifestations en soutien aux Palestiniens ont eu lieu. La vague de calomnies sur le caractère supposé antisémite des manifestants (calomnies du RN à une fraction de la gauche) n’a pas empêché l’expression de la solidarité internationale et la pression sur les soutiens à l’État colonial d’Israël.
Aux États-Unis, le principal soutien financier de l’État israélien, des milliers de personnes, y compris des membres d’organisations juives, ont défilé pour que stoppe l’agression contre Gaza.
En France, plus de 30 000 personnes ont bravé les interdictions de manifester.
La lutte en cours contre l’apartheid et la politique d’Israël concerne tous les travailleurs, y compris juifs. Seule une égalité totale entre Israéliens et Palestiniens, ainsi que la reconnaissance des droits nationaux de ces derniers, permettront l’émergence d’une solution.