La police et La Poste déboutés !
Mis en ligne le 18 mai 2021 Convergences Entreprises
Lors du premier confinement en mars 2020, les responsables de La Poste avaient appelé la police à l’intérieur d’un centre postal afin d’infliger à deux représentants syndicaux des Yvelines une amende pour la non-présentation de l’attestation de sortie pour travail. Cette amende avait alors été contestée par les deux militants, c’est La Poste qui n’avait jamais voulu leur fournir cette attestation à laquelle ils avaient droit. Le lundi 10 mai 2021, le tribunal de Versailles leur a donné raison (en les débarrassant de leurs amendes).
C’était en effet en pleine pandémie, lorsque La Poste avait dissimulé plusieurs millions de masques alors même que les hôpitaux en manquaient, que les deux représentants CGT au CHSCT avaient décidé d’aller alerter leurs collègues de Croissy-sur-Seine sur le manque de protection évident. En effet, à cette époque aucun postier n’avait reçu de matériel sanitaire pour exercer son travail. Aucune mesure de distanciation physique n’était non plus observée dans les centres. C’est donc naturellement que les militants syndicaux se rendaient dans les centres pour informer leurs collègues et les renseigner sur la possibilité de se mettre en droit de retrait.
Néanmoins sans attestation d’employeur, puisque La Poste, jugeant les syndicalistes comme travailleurs « non essentiels », se refusait à leur en fournir. Et La Poste n’allait pas s’arrêter là. Voyant que cela n’avait pas arrêté les militants dans leur démarche, la direction se décidait à appeler la police afin de les verbaliser ! C’est donc sur la demande de La Poste que la police s’est rendue dans le bureau de poste de Croissy, scène surréaliste de policiers armés rentrant dans les locaux et invectivant les militants syndicaux en leur ordonnant de partir. Tout ça bien sûr en les verbalisant de 135 euros chacun pour non-respect des règles du confinement. Cette amende, contestée par les deux camarades, a fort heureusement été annulée par le tribunal de Versailles ce 10 mai dernier, la présence au sein des locaux de La Poste n’étant de fait pas soumise à autorisation.
Si l’on peut se réjouir de cette victoire juridique, le message envoyé par la direction de La Poste reste on ne peut plus clair : sa politique ne doit pas être contestée et elle est prête à recourir à tous les moyens pour museler celles et ceux qui voudraient s’en défendre. C’est bel et bien d’acharnement disciplinaire qu’il s’agit dans les Yvelines contre Vincent, l’un des deux représentants présents ce jour-là à Croissy. La Poste, non contente d’envoyer la police, utilise aussi ses propres armes disciplinaires et convoque le 21 mai prochain Vincent pour la septième fois en six ans à un entretien préalable avant sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Cet entretien intervient juste après le refus déjà émis par l’inspection du travail d’autoriser le licenciement de Vincent, le 26 avril dernier. Si La Poste s’acharne ainsi sur des militants, comme le font la RATP ou la SNCF particulièrement depuis le mouvement contre la réforme des retraites par points – c’est pour intimider tout le personnel. La Poste voudrait maximiser ses profits et mener ses attaques contre les postiers et les usagers sans aucune contestation.
Alia Philippe
Mots-clés : La Poste