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Accueil > Éditos de bulletins > 2003 > avril > 28

Retraites, Sécu, emploi : BAS LES PATTES !

Le ministre des attaques sociales, François Fillon, s’est invité à parler des retraites jeudi dernier, à l’émission « 100 minutes pour convaincre ». Convaincre de quoi, on se demande ! Parce qu’avec son ton doucereux, c’est plutôt à une déclaration de guerre que s’est livré Fillon.

La principale ficelle sur laquelle tire la bande de Raffarin depuis qu’elle menace de sa réforme, c’est de jouer la division entre travailleurs du public et du privé. L’allongement de la durée de cotisation des fonctionnaires de 37,5 à 40 annuités ne vise qu’à « rétablir l’équité » disent-ils. Mais jeudi dernier, Fillon a précisé la potion : elle vise aussi directement le privé. Le passage aux 40 ans d’ici 2008 dans le public ne serait qu’un prélude à une augmentation continue, pour tous, jusqu’à 41 ans en 2012, 42 ans en 2020… Pas de date fixée pour la perpétuité, malgré les impatiences du Medef ; en revanche, le gouvernement veut « inciter » à travailler jusqu’à 65 ans.

Le gouvernement ne se contente pas d’attaquer sur la durée de cotisation. Le montant des pensions est directement visé. Fillon a dit qu’il garantirait une retraite « en moyenne égale aux deux tiers du revenu de référence ». Ces chiffres-là représentent déjà une sérieuse baisse par rapport à aujourd’hui, où le montant des retraites est de 78 % des revenus en moyenne, et 83 % pour les smicards… auxquels Fillon garantit « au moins 75 % » ! D’après les calculs de la CGT, entre 1993 et 2020 la baisse du niveau moyen des retraites serait de 20 % pour les fonctionnaires, et 30 % pour ceux du privé ! Ainsi, un salarié du privé gagnant 1400 euros net par mois, prenant sa retraite à 60 ans avec 40 annuités, touche 1148 euros aujourd’hui ; mais si Fillon l’emporte, un travailleur partant dans les mêmes conditions en 2020 n’aurait que 743 euros, soit 405 euros de moins ! Ce n’est plus une attaque, c’est un hold-up !

Et pour ceux qui ne voudraient pas passer leur retraite sous les ponts, Fillon propose bien sûr de souscrire des compléments par capitalisation. Il faudrait donc encore rogner sur nos salaires pour en donner une partie à des fonds privés qui joueront nos économies en Bourse… en espérant les revoir un jour !

Le gouvernement a encore d’autres projets dans ses cartons. Sur la Sécu, par exemple : 617 médicaments courants vont immédiatement voir leur taux de remboursement passer de 65 % à 35 %, et ce n’est qu’un prélude à une vaste « réforme » du système de soins annoncée pour l’automne. Celle-ci devant amener la Sécu à ne prendre en charge que les gros risques, laissant aux assurés sociaux le soin de payer le reste ou de s’assurer par ailleurs à leurs frais, en cotisant davantage aux mutuelles ou en contractant une assurance privée.

Raffarin annonce par ailleurs qu’un fonctionnaire sur deux pourrait ne pas être remplacé dès l’an prochain et licencie entre autres chez Giat. En matière de casse de l’emploi les patrons du privé ne se sont pas gênés pour précéder le gouvernement, mais en donnant l’exemple celui-ci les encourage à continuer !

Il faut combattre cette offensive tous azimuts visant l’ensemble des travailleurs. Et pour commencer, ne pas tomber dans le piège des prétendues négociations. Ce qu’il nous faut, c’est le retour aux 37,5 annuités maximum pour tous sans baisse des pensions ; le maintien du droit de se soigner pour tous ; l’interdiction des licenciements ; l’augmentation des salaires. Le gouvernement martèle depuis des mois que ses réformes sont inéluctables, mais il sait que rien n’est joué et craint nos réactions.

D’ici la fin mai, les confédérations syndicales appellent à plusieurs journées de mobilisation. Nous sommes d’abord invités aux défilés du premier mai. Puis les personnels de l’Education nationale, dont une partie est déjà en mouvement, sont appelés par toutes les fédérations à une journée le 6 mai, date à partir de laquelle certains envisagent la grève reconductible. Le 13 mai ensuite, toutes les confédérations appellent à une journée. Nous devons répondre nombreux à ces appels. Mais pour faire reculer Raffarin, comme Juppé avait reculé en 95, il ne faudra pas se contenter de ces journées d’action. Et dès maintenant, nous devons construire une riposte à la hauteur des attaques du gouvernement et des patrons.

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