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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 98, mars-avril 2015

PSA Poissy : Des débrayages qui en préparent d’autres

Mis en ligne le 23 mars 2015 Convergences

À PSA Poissy, le 4 février, 370 salariés sur trois équipes ont débrayé et, le 9 février, 250 sur deux équipes. Comme l’année dernière, la direction centrale de PSA a essayé de réduire les congés d’été sur les sites de production de quatre à trois semaines (voir Convergences Révolutionnaires n° 92). Ce fractionnement des congés est une question sensible car beaucoup de travailleurs sont d’origine étrangère, venant du Maghreb, d’Afrique Noire, d’Asie, du Portugal et d’Espagne... Ils ont besoin des quatre semaines pour retourner voir leur famille. En janvier, lors de négociations, PSA a répété son intention de n’accorder que trois semaines cette année (la production doit reprendre à Poissy le 17 août !), et réfléchit même à n’en accorder que deux à partir de 2016 aux sites de production qui lanceraient un nouveau véhicule. Les négociations ont eu lieu site par site pour empêcher toute réaction collective des différentes usines.

À PSA Sochaux, 1 800 salariés ont signé une pétition pour les quatre semaines et 300 travailleurs ont débrayé. À PSA Saint-Ouen, une pétition a rassemblé près de 300 signatures, plus de la moitié des salariés. À PSA Sevelnord, 150 salariés ont débrayé.

À Poissy, un climat un peu plus tendu qu’ailleurs

Poissy, mercredi 4 février  : 230 grévistes de l’équipe du matin, à l’appel de la CGT, défilent pendant deux heures et demie dans les allées du Montage. En plus des ouvriers PSA, une vingtaine de salariés de GSF, un sous-traitant logistique, débrayent, menés par la CGT de leur entreprise. Ils réclament un treizième mois. 70 salariés sur les 80 du site étant en grève pendant deux jours et demi, leur mouvement continuera de pénaliser la production de la boîte.

Pendant l’équipe d’après-midi, 50 salariés PSA débrayent à leur tour (ce qui est beaucoup pour cette équipe réputée plutôt « calme ») et, surtout, 70 pendant l’équipe de nuit avec la présence d’adhérents FO (le syndicat patronal local) en opposition à la direction de leur syndicat. Très minoritaire, cette mobilisation est quand même la plus forte depuis deux ans et beaucoup de salariés qui n’ont pas débrayé la regardent avec sympathie.

La direction l’a bien senti et réplique en rajoutant des heures sup’ à l’ensemble de l’usine pour rattraper les conséquences des débrayages et monter les salariés contre les grévistes. Les syndicats jaunes FO et CFTC battent le rappel pour mettre au pas leurs adhérents en envoyant leur cavalerie de délégués prêcher la bonne parole patronale sur les lignes de production. Alors que le vote des délégués du personnel sur l’organisation des congés doit avoir lieu le jeudi 12 février, et que la CGT prévoit un nouveau débrayage le mardi 10 février, la direction avance le vote au lundi 9 pour couper l’herbe sous le pied de la mobilisation ascendante. La CGT appelle donc à débrayer ce jour-là.

Lundi 9 février  : le matin, un cortège de 100 salariés se réunit autour de la salle où se tiennent les votes (le nombre de grévistes de l’équipe « calme » a augmenté). Les délégués du personnel sont accueillis par des travailleurs très remontés qui leur expliquent de vive voix ce que tous les salariés veulent : avoir le choix totalement libre de prendre quatre semaines de congés cet été, quitte à ce que ceux qui le souhaitent n’en prennent que trois. Sur 40 délégués, 12 ont voté contre le projet de la direction (tous les délégués CGT et le délégué Sud). Malgré le projet validé par les syndicalistes complaisants, 150 travailleurs débrayent l’après-midi pour rappeler leur exigences : le droit aux quatre semaines et aussi deux autres revendications : l’arrêt des samedis travaillés obligatoires non payés (car mis dans un compteur de modulation que la direction vide quand elle veut à coup de chômage partiel) et la fin du chômage tournant que subissent certains secteurs du site.

Début mars , la direction ne ménage pas ses coups : après deux mois où les heures sup’ et samedis travaillés se sont accumulés, la direction décide subitement de faire chômer cinq à six jours par équipe en mars et avril. Au-delà de l’absurdité de la gestion de la production, tout cela fait craindre des baisses de salaires en fin d’année avec des compteurs de modulation bien négatifs et un chômage partiel payé désormais à 70 %. Au même moment, la direction accélère les départs volontaires et menace de baisser les effectifs de l’équipe de nuit de moitié, voire de la supprimer.

Épilogue provisoire  : PSA a réussi à passer en force son projet de fractionnement des congés ; cependant, ces débrayages ont regonflé le moral de bien des travailleurs, ont permis de reconstituer des équipes militantes dans certains secteurs et de trouver des jeunes ouvriers qui débrayaient pour la première fois, bien décidés à remettre ça. Surtout que les raisons de se mobiliser ne vont pas manquer, notamment pour récupérer ce qui leur appartient.

12 mars 2015, Hersh RAY


Un os à ronger

Le 18 février, la direction annonce 1 094 euros brut de prime d’intéressement et participation pour tous les salariés. Le tout en réchauffant les 500 euros de prime exceptionnelle déjà promis, dont 150 déjà versés en 2014. Pas un rond pour les intérimaires. L’année dernière, il y avait eu 15 euros de prime de participation, zéro d’intéressement, et cela fait deux ans que les salaires sont bloqués ; pour PSA, ce n’est donc pas trop dur de lâcher quelques euros pour calmer les salariés, qui n’ont pas vraiment les moyens de cracher dessus.

Au même moment, le groupe PSA revient en fanfare dans le CAC 40 en annonçant 905 millions de bénéfices opérationnels en 2014. Les quatre membres du directoire viennent de s’accorder une augmentation de 86 % de leur rémunération allouée (3,8 à 7,1 millions). Selon la revue Challenge, la fortune de la Famille Peugeot a augmenté de 53 % passant de 1,3 milliard à 2 milliards en un an. Un flot d’argent tout droit venu de l’exploitation des travailleurs du groupe.


Au pays des « extorqueurs de fonds », l’intimidation fait la loi

En février, quatre délégués CGT de PSA Poissy ont reçu une sanction, cela va d’un avertissement à sept jours de mise à pied ferme pour Jean-Pierre Mercier [1]. La direction les accuse d’avoir participé à un blocage de l’usine avec les chauffeurs de l’entreprise sous-traitante Antonutti (voir Convergences Révolutionnaires n° 97). Ces salariés n’auraient pas respecté le « contrat moral » qui les lie à leur entreprise. En vérité, ils n’ont fait qu’exprimer leur soutien aux grévistes, en discutant avec eux et en faisant signer une pétition. PSA a même porté plainte auprès du procureur de la République contre un délégué CGT d’Antonutti et quatre délégués CGT Poissy, dont Jean-Pierre Mercier. Elle accuse de « tentative d’extorsion de fonds » (!) ceux qui se battent pour faire respecter un accord qui garantissait aux chauffeurs d’Antonutti des primes extra-légales de licenciement (une prime que le patron leur avait accordée après la signature d’un accord sur lequel il s’est ensuite assis). Au tribunal des « extorqueurs de fonds », PSA prendrait perpétuité sur plusieurs générations pour tout ce qu’elle a volé aux salariés !


[1Un des leaders de la grève de PSA Aulnay de quatre mois en 2013 et porte-parole de Lutte ouvrière.

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