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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 97 : janvier-février 2015

PSA : Des chauffeurs de la sous-traitance ne se laissent pas faire

Mis en ligne le 28 janvier 2015 Convergences Entreprises

Lundi 8 décembre, la totalité de la trentaine de chauffeurs de l’entreprise Antonutti se sont mis en grève et en sont sortis victorieux. Cette société de transport livre à l’usine de PSA Poissy des pièces qui sont assemblées à Geodis Achères à proximité.

Une conséquence de la politique de PSA

Pratiquant le classique chantage à l’emploi, le patron d’Antonutti a fait signer à deux syndicats le 21 novembre un accord prévoyant des baisses de salaires (entre 300 et 500 euros par mois par salarié). Pure manipulation car il prévoyait déjà de licencier. Avec le passage de l’usine de Poissy de deux lignes de production à une seule en janvier 2015, la direction de PSA supprime des centaines de postes et « compacte » le site. PSA a exigé que le site de Geodis d’Achères ferme pour s’installer avant juillet 2015 directement sur le site de PSA Poissy. Antonutti envisageait alors de perdre son contrat d’approvisionnement et donc de réduire son personnel. Découvrant tous ces petits arrangements entre amis patrons sur leur dos, les chauffeurs ont décidé de passer à l’action. Avec des salaires amputés, ils auraient eu des indemnités de chômage encore plus basses.

Un groupe de travailleurs petit mais déterminé

Le 8 décembre à 5h30, la grève débute chez les chauffeurs qui bloquent Geodis Achères. À 6h30, l’usine de Poissy, qui fonctionne en flux tendu, s’arrête. À 9h le patron d’Antonutti annule l’accord du 21 novembre et ses baisses de salaires. Poussant leur avantage, unanimes, les chauffeurs poursuivent leur mouvement et réclament des assurances en cas de plan de licenciement. Au bout de 9 heures de grève, le patron d’Antonutti capitule : intégralité des heures de grèves payées, aucune sanction. En cas de licenciement économique, les travailleurs obtiennent le maintien des salaires jusqu’à la fin d’activité, 47 000 € bruts de prime extra-légale sur les 50 000 demandés, 1 000 € nets par année d’ancienneté.

L’usine de Poissy n’a pas tourné pendant 9 heures, plus de 600 véhicules n’auraient pas été produits. De plus ces chauffeurs donnaient le mauvais exemple de la rébellion aux ouvriers de PSA, qui ont eux aussi des problèmes de perte de salaire.

La grande entreprise PSA s’est impliquée directement ce jour-là dans les négociations de cette « petite boite » entre dirigeants et représentants du personnel d’Antonutti. « La grève est une forme de prise en otage de l’usine », a-t-elle déclaré dans la presse. Gonflé ! C’est pourtant PSA qui impose des conditions toujours revues à la baisse aux sous-traitants qui s’empressent de les faire peser sur leurs salariés.

Dès le lendemain la direction de PSA s’est vengée sur ses ouvriers en annonçant le samedi suivant en travail obligatoire. Beaucoup d’entre eux ont pourtant vu d’un bon œil que PSA trébuche sur cette grève, victorieuse en plus. Ce n’est pas toujours aux mêmes de subir !

Après le 8 décembre, Antonutti a essayé de revenir sur son accord en mettant en œuvre sa menace de plan de licenciement et en voulant verser uniquement le minimum légal.

Lundi 12 janvier la CGT d’Antonutti est venue diffuser un tract aux portes de PSA Poissy pour appeler à la solidarité face aux attaques. Elle y dénonce leur patron : « un spécialiste des coups bas et des liquidations judiciaires. On ne lui connaît que des boites soi-disant mal en point... sauf la maison mère, qu’il a planquée avec sa fortune dans un paradis fiscal, au Luxembourg ». « Notre patron veut liquider certains morceaux de l’entreprise, en racheter d’autres et laisser les dettes à la charge des contribuables ». 66 salariés sur 140 sont menacés de licenciement. Le tract explique que début janvier, « Geodis a repris à Antonutti la livraison des pièces à l’usine de Poissy sans nous reprendre, nous, les chauffeurs, comme pourtant la loi l’y oblige », « ces mauvais coups ont été préparés en secret depuis longtemps entre PSA, Geodis, Antonutti, PSA étant le principal responsable en tant que donneur d’ordres ».

« Vigipirate » contre les grévistes

Le mercredi 14 janvier les chauffeurs d’Antonutti se sont mis à nouveau en grève et ont bloqué de 5h à 14h Gefco, une filiale de PSA, voisine du site de Poissy, où la production automobile a été ainsi stoppée au Montage pendant 3 heures. En attendant de mettre la main sur de vrais terroristes, la police a été utilisée contre les travailleurs. Rapidement, dès le début du blocage, un véritable « Plan Vigipirate » a été mis en place. Des dizaines de flics ont débarqué sur les lieux pour isoler les grévistes et contrôler les voitures des salariés rentrant travailler à PSA Poissy, à la recherche d’une possible infiltration. Dès le lendemain, les chauffeurs sont revenus pour bloquer toutes les portes de PSA Poissy empêchant les camions de rentrer. La ligne de production s’est arrêtée. Après une matinée de blocus, les flics ont appliqué les ordres de PSA et ont évacué les grévistes. Ce qui ne les a pas empêchés de revenir samedi matin, de bloquer à nouveau PSA et d’entraver la fabrication. Le bras de fer continue pour faire respecter la signature de l’accord du 8 décembre.

Pour chaque poste supprimé chez un constructeur, ce sont trois voire plus qui dégagent chez les sous-traitants. Ce qui arrive aux salariés d’Antonutti en lutte n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des ravages sociaux que les passages en une seule ligne des sites PSA de Poissy et Mulhouse vont engendrer chez les milliers de travailleurs sous-traitants ou intérimaires.

17 janvier 2015, Hersh RAY

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