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Grèce

En Allemagne, le chantage sur un air de « Grexit »

Mis en ligne le 28 janvier 2015 Convergences Monde

Début janvier, l’hebdomadaire Der Spiegel a démarré sur les chapeaux de roue. Par l’annonce que le gouvernement aurait changé d’attitude face à la Grèce, Merkel et le ministre des finances Schäuble considérant désormais gérable une sortie de l’Euro de la Grèce.

La Grèce hors de l’Euro ? Au début, peu de politiciens hormis ceux de la CDU/CSU et de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne, nouvelle formation populiste qui a fait régulièrement campagne pour la sortie de la Grèce de l’Euro) saluaient cette stratégie. Les voix de tous les partis, y compris de divers experts en économie, se multipliaient pour refuser cette « spéculation irresponsable » et cette « ingérence dans les élections ». Le spectre de l’insolvabilité d’autres pays de l’UE et d’un « état de quasi-guerre civile » en Grèce, pour le président du SPD. « Des conseils non avisés » qui pourraient donner aux Grecs le sentiment qu’ils ne décident pas de leur propre destin par les élections et que Berlin et Bruxelles tirent les ficelles, pour le président du parlement européen.

Mais tous se sont néanmoins ligués (die Linke exceptée) autour du diktat de l’austérité, peu importe le résultat des élections… Avec ou sans Euro, le peuple grec doit continuer à payer pour le sauvetage des banques et entreprises allemandes et françaises, et la classe ouvrière doit en supporter la plus grande part !

Et Merkel ? Elle fait mine de se tenir hors du débat. Prudence ! Ne pas accroître par trop d’agressivité la colère de la population grecque ni surtout apporter des voix supplémentaires à Syriza ! Mais cela n’empêche pas son fatras moralisateur habituel : « Efforts personnels d’une part, solidarité d’autre part » – cela aurait fonctionné avec succès en Grèce. En affirmant que le gouvernement allemand veut conserver la Grèce dans l’espace européen, elle contredit les supputations du Spiegel.

On ne sait pas si c’est juste du vent, du bluff. Il y a quelques années, au début de la crise, Merkel répétait inlassablement que l’Euro devait être sauvé, et des centaines de milliards débloqués « pour la Grèce ». Si elle laisse dire aujourd’hui qu’un retrait de la Grèce serait « gérable », c’est probablement que des choses ont changé depuis 2010, où la Grèce était encore exclusivement endettée auprès de créanciers privés (banques, assurances, fonds, personnes privées). Aujourd’hui elle l’est presque exclusivement auprès de créanciers publics : les États de la zone Euro, le mécanisme européen de stabilité MES, le FMI et la BCE. Grâce à la ‘politique de sauvetage’ de la Troïka, qui a été dictée assez significativement par le gouvernement allemand, les créanciers privés n’ont plus grand-chose à craindre, comparé à 2010, d’une banqueroute après une sortie de l’Euro. C’est pourquoi il est possible que le gouvernement allemand soit prêt à lorgner du côté d’une « Grexit » (Exit la Grèce !).

Ce qui est certain, c’est que par Der Spiegel interposé, signal est donné à la population grecque qu’un ‘mauvais vote’ pourrait encore empirer les choses. Un responsable de Syriza a cherché à parer les coups en arguant que la Grèce en son temps, après la deuxième guerre mondiale, lors de la conférence de la dette à Londres en 1953, avait comme d’autres pays allégé la dette... de l’Allemagne ! De quoi attendrir le cœur de Merkel ?

Quoi qu’il en soit : ingérence dans la campagne électorale ? Mais bien sûr !

Sabine MÜLLER

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Numéro 97 : janvier-février 2015

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