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Éditorial de l’Étincelle du 23 novembre 2020

Loi sur la « sécurité globale » : Darmanin, le parrain des flics cogneurs

Des manifestants chassés au canon à eau, des journalistes arrêtés pour simplement avoir voulu couvrir l’événement. La scène ne se passait pas dans la Turquie d’Erdogan ou dans la Russie de Poutine, tant décriées par Macron, mais en France devant le Parlement qui s’apprêtait à voter l’article 24 de la « Loi relative à la sécurité globale ». Les flics nous donnent un avant-goût, en quelque sorte, de ce qu’ils comptent faire d’un texte qui interdirait la diffusion d’images d’un policier ou d’un militaire en service pour éviter « qu’il ne soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ».

Circulez, y’a rien à voir !

En 2019, Macron niait l’évidence des brutalités contre les Gilets jaunes, affirmant qu’on ne pouvait pas « parler de violences policières dans un État de droit ». CQFD, circulez, y’a rien à voir ! Ni, surtout, à filmer. Pas filmé, pas pris : le gouvernement craint visiblement autant le poids des mots que le choc des images !

C’est que ces images sont choquantes : du viol de Théo à la matraque, à Aulnay en 2017, à la vidéo montrant Benalla, alors proche de Macron, brutaliser des manifestants le 1er mai 2018, en passant par celle des lycéens de Mantes-la-Jolie, humiliés à genoux et les mains sur la tête, le 6 décembre 2018, ou encore celle de la mise à mort de Cédric Chouviat lors d’un contrôle de police en janvier 2020. Et que dire des 4 500 Gilets jaunes blessés – parfois éborgnés et souvent visés à la tête par des tirs de flashballs et des armes encore plus dangereuses ? Autant d’images et de faits à l’origine de mobilisations et de mouvements de protestations parfois très importants. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est la vidéo du meurtre de George Floyd par un policier raciste de Minneapolis qui a déclenché une mobilisation sans précédent depuis longtemps. C’est sans doute ce dont Darmanin veut se prémunir.

Du coup, il s’est lâché. Sa loi prévoit aussi un renforcement de la présence policière avec la mise en place d’une police municipale à Paris, l’armement des policiers en dehors du service, la généralisation de l’utilisation des drones dans les espaces publics, l’introduction de la reconnaissance faciale, etc. Autant d’idées tirées de la boîte à fantasme de la droite extrême ou de l’extrême droite, en allant au-devant des réclamations des syndicats policiers.

Cognez ces pauvres que je ne saurais voir

Ces mesures répressives sont aussi destinées à pouvoir agir sans contrôle et refermer, en cas de besoin, le couvercle sur la marmite des mouvements sociaux qui n’a cessé de bouillir ces dernières années. Sous Sarkozy, Hollande ou Macron, on a vu se multiplier les limitations des libertés sous prétexte de nous protéger du terrorisme, de l’extrémisme. Et malheur à ceux qui prétendent s’opposer d’une manière ou d’une autre à cette société injuste et inégalitaire : syndicalistes licenciés ou révoqués, militants anti-nucléaires fichés S, Gilets jaunes jetés par centaines en prison : la liste est longue.

La meilleure des réponses : nos révoltes !

Macron et Darmanin ne sont ni les premiers ni les seuls dans le monde à réprimer les révoltes de la population et à essayer de museler la presse et l’opposition. Partout, alors que les soulèvements populaires se multiplient, hier encore en Algérie, aux États-Unis et au Chili, aujourd’hui au Liban, en Biélorussie, en Pologne, au Pérou, au Guatemala. Partout, les gouvernements jouent de l’intimidation musclée, parfois du meurtre par leurs « forces de l’ordre » pour tenter (le plus souvent en vain !) de faire taire la révolte que suscitent les injustices créées par leur système capitaliste.

Les dirigeants des États pourront peut-être faire taire, un temps, des journalistes ou des militants. Mais la répression n’a jamais pu faire taire une population déterminée. Tôt ou tard, un quelconque préfet sera contraint d’envoyer un message à ses chefs, comme le fit le chef des flics du tsar en février 1917 : « L’ordre n’a pu être rétabli à Petrograd ». Le plus tôt sera le mieux !


(Photo : rassemblement à Paris le 21 novembre 2020 au Trocadéro)

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