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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 104, mars-avril 2016 > Loi travail, dégage !

Loi travail, dégage !

PSA Poissy

Les langues se délient, certains évoquent le CPE, d’autres Mai 68

Mis en ligne le 20 mars 2016 Convergences Entreprises

La mobilisation du 9 mars n’est pas passée inaperçue à l’usine PSA de Poissy. Ce jour-là, 180 ouvriers ont débrayé sur les trois équipes de ce site de 4 600 salariés, le plus gros site de production de la région parisienne. Peu, pourrait-on dire, mais beaucoup plus que d’habitude, assez pour perturber la production, faire descendre la vitesse de la chaîne à 40 véhicules/heure au lieu de 57 et faire perdre quelques dizaines de véhicules à la direction.

Dans cette usine, où la dernière grande mobilisation remonte à 1984, la majorité des ouvriers ouvrent des yeux écarquillés au simple mot de « grève ». Mais là, certains se sont sentis de la faire pour la première fois, d’autres ont pris sur leurs congés pour aller en manif à Paris. Un car affrété par l’UL CGT de Poissy a emmené 80 personnes, bien plus qu’à l’accoutumée. Les ouvriers de PSA Poissy ont défilé avec ceux de Renault Flins, de PSA Saint-Ouen et PSA La Garenne.

Une ambiance inhabituelle

Dès fin février lors des premières annonces sur la loi travail, des ouvriers demandaient aux militants syndicaux : « Il y a une manif samedi ? S’il y en a une, je viens ! ». De l’aveu des militants CGT, qui ont rarement vu ça, les gens venaient à eux spontanément. Des ouvriers le disent : « si ça, ça passe, on va en prendre plein la gueule ». La possibilité laissée au patron de faire bosser 60 heures choque énormément. La facilité de licencier inquiète particulièrement dans ce site qui est menacé de réductions drastiques d’effectifs. Ce sont les ouvriers esquintés par le travail et sur postes aménagés qui le redoutent le plus, « on sera viré pour pas un rond, cette loi c’est pour baisser les indemnités de licenciement ». « C’est incroyable, c’est un gouvernement socialiste qui va faire ça », « Dire que j’ai voté pour eux ». Alors qu’il y a trois semaines encore le patronat paraissait tout puissant dans l’usine, les langues se délient, certains évoquent le CPE, d’autres Mai 68. Le lendemain de la mobilisation, alors que la hiérarchie enrageait de la grève de la veille n’hésitant pas à menacer certains de représailles, les discussions allaient bon train. Un ouvrier qui n’avait pas fait grève ni n’était venu à la manif marquait sa solidarité : « Nous, dit-il, on s’est mobilisé, il faut que ça continue ».

10 mars 2016, Correspondants

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