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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 148, novembre 2022

Éditorial

Guerre au racisme !

Mis en ligne le 21 novembre 2022 Convergences

Au palais Bourbon jeudi dernier 3 novembre, les députés en rangs clairsemés ont eu droit à une séance spéciale. L’un d’entre eux, Grégoire de Fournas, élu de Gironde et du Rassemblement national, a violemment interrompu un député de LFI, Carlos Martens Bilongo, qui intervenait pour poser le problème d’un bateau de 234 migrants en situation dramatique en Méditerranée, car ne trouvant pas de port où débarquer. « Qu’il retourne en Afrique ! », s’est écrié le lepéniste à ce député dont les parents sont originaires d’Afrique noire. La réaction raciste à l’état brut, de la part d’un petit notable qui en est paraît-il coutumier, a suscité le tollé sur les bancs de l’Assemblée et interrompu la séance. Le RN a tenté de discutailler : ce n’était pas l’homme mais le bateau que le député RN voulait renvoyer en Afrique – ce qui selon lui n’aurait été qu’un simple rappel du programme de son parti contre l’immigration. Dès le lendemain, le bureau de l’Assemblée excluait pour quinze jours de Fournas et le privait de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois. Au moment où le parti de Marine Le Pen tenait son congrès et voulait paraître respectable, l’aboiement xénophobe et raciste de l’un des siens au palais Bourbon a fait désordre.

L’hypocrisie au sommet

Du côté des députés macronistes, on s’est dit indigné, on a dénoncé des propos « intolérables ». On pourrait se dire « tant mieux » si Macron et son ministre Darmanin ne secrétaient pas la xénophobie voire le racisme en organisant la traque des migrants, en démantelant leurs campements de fortune, en les condamnant à des conditions d’accueil et de séjour indignes dans un pays pourtant riche. Si le député LFI posait la question de ce bateau en perdition, c’est parce qu’aucun port français ne lui offrait son havre. Décision politique ! La Méditerranée est la route de migration la plus meurtrière au monde, avec plus de 25 000 morts et disparitions enregistrées depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Bilan mortifère dont les chefs de l’Europe forteresse, dont Macron, sont coupables.

Une nouvelle loi contre l’immigration

Et pourtant Macron persiste et signe. En janvier prochain, son gouvernement lance une nouvelle loi contre l’immigration. Son ministre Darmanin l’annonce déjà par une campagne xénophobe mensongère, tout à fait dans le style du RN, sur le prétendu lien entre immigration et délinquance. Selon lui, au premier semestre 2022, à Paris, « 48 % des mis en cause dans les faits de délinquance seraient des étrangers ». C’est qu’il tient pour délinquants les étrangers en situation irrégulière qu’il a fabriqués lui-même en leur refusant l’asile. Darmanin veut aussi accélérer les reconduites à la frontière, ficher plus systématiquement les étrangers, imposer un examen de français pour limiter les regroupements familiaux. Peu importe qu’il y ait déjà en France un arsenal suffisant de lois scélérates pour pourrir la vie de sans-papiers chassés de chez eux par la misère ou la guerre, Macron veut montrer qu’il peut faire mieux que Le Pen. Lui agit tandis qu’elle ne fait que promettre !

Tous ensemble, mettons les patrons sous tension !

Dans le bâtiment, dans la restauration, dans le nettoyage, dans les nombreux « métiers en tension », où les conditions de travail et de salaire sont inhumaines et font fuir, un certain patronat pousse à l’embauche d’étrangers. Le gouvernement, tout en gardant sa posture de traque à leur égard, s’apprête donc à des régularisations, et à passer l’éponge sur les pratiques d’embauches de travailleurs au noir de ses amis patrons. Il s’agira d’assouplir ici ou là des règles pour, bien sûr, mieux exploiter, tirer davantage de profits. Mais du côté du monde du travail, où déjà dans les hôpitaux, les transports, les écoles, les chaînes de l’industrie, l’aide à la personne, triment ensemble des hommes et des femmes de tous horizons et couleurs de peau, nous n’en serons que plus nombreux pour lutter avec force et efficacité contre l’esclavagisme salarié moderne. La classe ouvrière est internationale. Nous sommes pour l’ouverture des frontières, l’accueil et la régularisation de toutes et tous les sans-papiers. Et le rejet du poison raciste.

Éditorial des bulletins d’entreprise L’Étincelle du 7 novembre 2022

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