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Accueil > Éditos de bulletins > 2022 > novembre > 28

Football sans frontières, mais pas sans profits

La Coupe du monde de football a connu des débuts mouvementés, pas seulement à cause de la défaite de la sélection argentine face à l’Arabie saoudite ou de la blessure du « ballon d’or » Karim Benzema. Conditions d’attribution troubles, aberration écologique, scandales autour des droits humains… Nul doute que cette Coupe du monde 2022 figure déjà au palmarès des plus contestées de l’histoire du foot. Et la politique s’est largement invitée sur les terrains depuis une semaine, avec son lot de symboles, d’espoirs, mais aussi de récupération et d’hypocrisie. À commencer par celle de Macron qui après avoir dit qu’il ne fallait pas « politiser le sport »… envisage de faire le déplacement à Doha !

À la limite du hors-jeu

La première semaine de compétition a été celle de la multiplication des postures symboliques. Sélection anglaise genou à terre « contre les inégalités et le racisme ». Joueurs iraniens muets pendant leur hymne national, tandis qu’une partie des supporters affichaient leur soutien aux mobilisations qui ont éclaté en Iran après la mort de Mahsa Amini et protestaient contre une répression féroce qui a déjà fait plus de 400 victimes. Équipe allemande main sur la bouche en signe de protestation à l’interdiction par la Fifa d’arborer un brassard « One love », en défense des homosexuels, au prétexte que l’affront serait trop important vis-à-vis du pays organisateur qui les criminalise. Des prises de position évidemment limitées et plus ou moins courageuses, mais qui ont fait le tour du monde. Et la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, d’enjoindre les joueurs français qui s’étaient pliés aux exigences de la Fifa de ne pas faire de vagues, de saisir eux aussi leurs « espaces de libertés » pour afficher « les valeurs de la France ». On aimerait bien savoir lesquelles ! La défense des travailleurs népalais, bangladais ou philippins morts sur les chantiers d’Eiffage, Bouygues ou Vinci ? Sur ce point, Macron n’a fait qu’afficher son soutien à la pétromonarchie qatarie, en prétendant que « des changements concrets » seraient à l’œuvre.

Une belle hypocrisie et une belle coupe de la corruption

Car évidemment, dans ce monde capitaliste, le football, qui brasse des intérêts économiques et financiers considérables, est très politique. Cette édition va coûter 212 milliards d’euros. La première loi du jeu à laquelle le Qatar s’est plié avec beaucoup de talent, c’est le concours de magouilles pour obtenir l’organisation du mondial. Où l’on parle d’un fameux dîner entre amis fin 2010 au cours duquel l’émir, Sarkozy, Platini et quelques remplaçants auraient joué une passe à dix incluant le soutien de la France, un contrat d’armement, la vente des droits télé du championnat et le rachat du PSG ! Une belle salade pour honorer la gastronomie française et le sens des affaires émirati. Avec le patronage de Gianni Infantino, président de la Fifa et… résident qatari en guise d’assaisonnement : pour un peu, on se croirait dans Le Parrain !

La loi du pognon au royaume du ballon

Cette histoire pue le fric. Pour la France, quasiment toutes les grandes entreprises ont des intérêts au Qatar, Total, Dassault et compagnie… alors l’écologie et les droits de l’homme, voyez-vous, on oublie !

Le Qatar est au banc des accusés, et ses avocats, comme Zinédine Zidane – « pas toi, pas après tout ce que tu as fait » – sont bien empêtrés pour que cesse la « polémique ». Difficile pourtant de faire passer la mort de milliers de nos frères de classe sur les chantiers pour une simple « polémique ». 64 matchs, 6 500 morts : il s’agit bien d’un crime, représentatif de la manière dont le Qatar (et derrière lui la bourgeoisie, sous toutes les latitudes) traite les travailleurs, en premier lieu les migrants et expatriés, venus construire ces stades pour faire survivre leur famille contre des payes ne dépassant pas les 300 euros.

Alors, avec le fric roi au cœur du système capitaliste, la Coupe du monde n’est pas près d’être seulement une grande liesse internationale autour d’un sport pratiqué sur tous les continents par les pauvres et les travailleurs. Il faudra un jour ou l’autre la débarrasser du système capitaliste. Mais cette fois encore c’est carton rouge à tous ceux qui tirent les ficelles !

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