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Réforme des retraites

Non aux retraites de misère dans un océan de richesses

Mis en ligne le 28 janvier 2023 Convergences Politique

Depuis le début des années 1990, les gouvernements successifs de droite comme de gauche n’ont eu de cesse de présenter des réformes des retraites avec toujours la même chose en ligne de mire : économiser sur le montant de nos pensions par tous les moyens comptables possibles.

La pension brute est aujourd’hui de 1 510 euros en moyenne (qui baisse à 1 400 si on inclut les retraites des travailleurs immigrés) et les femmes touchent 28 % de moins. Un tiers des retraités touchent moins de 1 000 euros par mois, une misère avec l’inflation galopante.

Par contre, l’argent « magique » des aides de l’État au grand patronat n’a pas cessé de croître ! Rien qu’en supprimant les exonérations de cotisations sociales des seules entreprises du CAC 40 qui ont distribué le chiffre record de 80 milliards d’euros aux actionnaires en 2022, ce sont plus de 5 milliards par an qui reviendraient aux caisses sociales (selon Nathalie Verdeil, militante confédérale de la CGT). Une goutte d’eau de l’océan des profits et des aides gouvernementales dont bénéficie la grande bourgeoisie.

Ne pas passer sa vie à la gagner

Le gouvernement Borne et les précédents ont toujours trouvé des économistes à leur solde pour déplorer le fait que les travailleurs vivent plus longtemps et partent plus tôt à la retraite, ce qui ferait peser cette « charge » sur leurs enfants. La génération née en 1950 est celle qui, d’après une étude publiée par l’Insee [1], a en moyenne la retraite la plus longue et les pensions les plus élevées : elle vit mieux que ceux qui sont nés en 1944. Mais aussi mieux que ceux qui sont nés en 1956 et ont vu l’âge de départ rallongé à 62 ans. Car, depuis trente ans, se sont succédé des contre-réformes imposant ces reculs qui pèsent sur tous – et encore plus lourdement sur les travailleurs et travailleuses qui ont des bas salaires et les emplois les plus pénibles. L’espérance de vie en bonne santé n’augmente plus, elle stagne à 65 ans.

Ras-le-bol des reculs

Sans idéaliser la période des années 1970 où le nombre d’années à cotiser pour la retraite pleine est passé de 30 à 37,5 ans, les travailleurs ont vécu une amélioration des perspectives pour leurs vieux jours après 1968 jusqu’à la fin des années 1980, notamment avec la possibilité de partir à 60 ans au lieu de 65 dès 1982. Rappelons le climat de combativité post-grève de 1968, les luttes des femmes, mais aussi l’intention des gouvernements de faire partir plus tôt les salariés pour tenter de résorber un chômage croissant après le choc pétrolier de 1973. Les années 1990 ont entamé le début des reculs, avec des contre-réformes qui ont dégradé progressivement les conditions pour partir à la retraite à taux plein.

Inspiré d’un rapport fait par un ex-ministre socialiste, Michel Rocard, Édouard Balladur, Premier ministre de droite de Jacques Chirac, a ouvert les hostilités en 1993, portant le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite complète de 37,5 à 40 dans le secteur privé et instaurant un calcul moins avantageux pour le montant final. Toujours sous la présidence de Chirac, Alain Juppé a voulu étendre cette réforme au secteur public en 1995, mais s’est heurté à la mémorable grève, cheminots en tête, qui l’a fait reculer. Depuis, avec les réformes de 2003 (Fillon), 2007/2010 (Woerth) et 2014 (Touraine), l’âge de départ et le nombre d’années nécessaires à cotiser pour toucher un taux plein n’ont pas cessé de se rallonger. En 2019, avec son projet de retraites par points qui était clairement un cadeau à la finance en rabotant les pensions de 30 millions de salariés (et pas seulement ceux des régimes spéciaux), Macron s’est heurté à un mouvement de grève puissant, initié par les agents de la RATP. Il a dû la mettre en veilleuse quelque temps.

Travailler deux ans de plus, c’est la goutte d’eau

Lors des grèves et manifestations du 19 janvier dernier, de nombreux grévistes ont dit leur colère de voir des ministres parler de pénibilité à leur place, Se retrouver licencié à 50 ans, inapte au travail à 55, subir les bas salaires et le sous-effectif permanent dans les hôpitaux, les écoles, à La Poste, les supermarchés – toutes les entreprises, en fait –, ça suffit !

21 janvier 2023, Anne Hansen


[1« La génération 1950 : une retraite plus longue et une pension plus élevée que celles des assurés nés en 1944 et 1956 », dans France, portrait social, Insee, 2018.

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