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Éducation nationale : Réforme scélérate, les syndicats regardent leurs pieds

Mis en ligne le 22 avril 2014 Convergences Société

Le « grand chantier » ouvert par l’ex-ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, vient de s’achever... avec sa carrière de ministre. Mais la réécriture des statuts réglementant la fonction d’enseignant, qui dataient de 1950, est bel et bien faite. Ou tout au moins le décret est déjà prêt, auquel il ne manque plus que la signature du nouveau ministre.

Un sale coup bas contre les enseignants. Le SNES, syndicat majoritaire dans le secondaire, recueillant plus de 50 % des voix aux élections professionnelles, s’est finalement abstenu d’approuver cette initiative ministérielle lors de la consultation des syndicats sur le texte définitif en Comité technique ministériel, mais après s’en être félicité, avoir participé à toutes les séances de consultation et expliqué aux syndiqués que le pire avait été évité grâce à ce fructueux dialogue social ! La direction syndicale n’a finalement pas dit « oui » au ministre, par crainte de se mouiller face à la colère de nombreux syndiqués. Une colère récemment exprimée jusqu’aux congrès académiques à Lille, Créteil, Bordeaux, qui ont demandé que le syndicat vote contre cette nouvelle réglementation.

Augmentation du temps de travail mal déguisée !

La reformulation des obligations du métier d’enseignant, non seulement n’apporte rien, mais ouvre des brèches importantes, notamment pour le temps de présence effectif dans les établissements scolaires. Il est certes affirmé que le temps d’enseignement ne pourra excéder 18 heures de « cours effectifs » devant élèves (15 heures pour les agrégés), mais il est aussi précisé que le travail des enseignants comprend d’autres missions, telles que l’orientation des élèves, le dialogue avec les parents, le travail en équipes pluridisciplinaires (plusieurs matières) ou pluriprofessionnelles (avec infirmières scolaires, conseillers d’orientation, etc.). La direction du SNES se félicite benoîtement de la reconnaissance de ces multiples tâches fréquemment accomplies par les enseignants, mais n’ignore pourtant pas que la finalité d’une telle liste est d’entériner et systématiser ce travail multitâche, pour lui consacrer bientôt un horaire obligatoire... en plus du temps « effectif » devant les élèves.

La règle en cours depuis 1950, que le gouvernement a choisi de modifier, considérait qu’une heure de cours d’enseignant correspondait à une heure de préparation ou de corrections (soit 18 heures de présence, multipliées par deux, c’est-à-dire 36 heures). C’est donc à ces 36 heures que s’ajouteraient les heures consacrées aux tâches citées plus haut ? D’où la sanction d’un horaire de 45 à 55 heures ? Sans oublier certains à-côtés de la réforme : des décharges horaires existant dans certains cas remplacées par des primes, la bivalence ou enseignement de deux matières autorisée (au volontariat, dit-on, mais en qui consistera le « volontariat » quand on fera le chantage : enseigner deux matières ou faire un complément de service dans des établissements très éloignés l’un de l’autre, comme la possibilité en est prévue pour compléter les horaires).

Les non-dits de la réforme

L’abrogation du décret de 1950 met de fait le temps de travail des enseignants dans le « droit commun » des fonctionnaires, qui doivent 1 602 heures annuelles de présence à leurs employeurs. Cela ferait combien d’heures de présence par semaine dans l’établissement qu’on pourrait à l’avenir exiger des enseignants ? Pour les avoir sous la main pour remplacer au pied levé un collègue absent, remplir des tâches administratives ?

La porte est ouverte à tous les culots de l’administration… mais aussi à une riposte du monde enseignant !

10 avril 2014, Lydie GRIMAL


Peillon… Hamon… Non !

Le Parti socialiste avait des promesses électorales : création de 60 000 postes en 5 ans dans l’éducation (alors que 80 000 avaient été supprimés sous Sarkozy et près de 150 000 depuis 2001). En réalité, le rythme des créations de postes s’est vite ralenti pour cause d’austérité budgétaire. Beaucoup d’écoles n’ont pas vu la couleur des professeurs supplémentaires annoncés par Peillon pour s’occuper en petits groupes d’élèves en difficulté. Même chose en ce qui concerne la politique de scolarisation des élèves handicapés. En l’absence de moyens : les Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS) chargés d’accompagner ces élèves en cours ne sont pas assez nombreux et ils sont précaires.

Alors que le ministère de l’Éducation prétendait donner des moyens supplémentaires à l’éducation prioritaire (dans les quartiers défavorisés, les ZEP), il s’avère qu’une liste restreinte d’établissements aura droit à ces moyens (102 pour tout le territoire national)… en reprenant des heures aux autres ! Si bien que de nombreux collèges de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine ont dû se mettre en grève pour réclamer qu’on leur rende leurs moyens. 

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Numéro 93, avril-mai 2014

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