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DOSSIER : Accidents du travail et maladies professionnelles : faux frais de l’exploitation pour le patronat et l’Etat

Arcelor (Belgique) : morts en série

Mis en ligne le 22 juin 2004 Convergences Monde

Mercredi 19 mai se produisait le 9e accident mortel en 18 mois à Cockerill, usine de Liège du groupe sidérurgique Arcelor. Un électricien de 29 ans, opérant dans une sous-station électrique d’un des hauts-fourneaux, a reçu une décharge de plus de 6000 volts. En moyenne un mort tous les deux mois :

  • 22 octobre 2002 : explosion à la cokerie, 2 morts.
  • 28 novembre 2002 : suite à l’explosion, un troisième ouvrier décède.
  • 16 janvier 2003 : à Ségal, division revêtement de Cockerill, un mort intoxiqué à l’azote.
  • 17 juin 2003 : accident mortel d’un sous-traitant sur la ligne à froid de Kessales.
  • 6 octobre 2003 : un sous-traitant, frappé par le basculement d’une pince à Chertal, décède.
  • 12 janvier 2004 : un ouvrier, gravement blessé en juillet 2003, décède de ses blessures.
  • 3 février 2004 : chute mortelle d’un ouvrier au haut-fourneau 6.

Depuis la reprise de l’usine par Usinor en 1998, devenu le groupe Arcelor en 2001, les accidents graves et mortels se sont multipliés. Deux plans de restructuration, « Horizon 2000 » pour les années 1998-2000 et « Delta », toujours en cours, ont fait perdre 4 000 emplois sur 10 000. Les plus âgés, qui étaient aussi les plus compétents en matière de sécurité, sont partis en préretraite. Ils ont été remplacés par des jeunes, pour la plupart en CDD ou en intérim, insuffisamment formés, auxquels ne sont pas toujours fournis les équipements de sécurité.

Au manque de personnel qualifié, et au manque de personnel tout court, s’ajoute la dégradation de l’outil : la direction fait des économies sur la maintenance. Arcelor a prévu de fermer toute la phase à chaud (fabrication de l’acier) d’ici 2009 et ne fait plus aucun investissement. Aux hauts-fourneaux et à la cokerie, il y a des fuites de gaz un peu partout. La direction commande à des firmes extérieures des réparations superficielles et insuffisantes. C’est entre autres ce qui a provoqué l’explosion d’octobre 2002, qui a fait 3 morts et 29 blessés graves.

Depuis, la direction mène une campagne tapageuse pour le respect des règles de sécurité individuelles. Campagne prétendue internationale, élaborée par le groupe Arcelor lors de la réunion de Bilbao en mars 2004. Elle est centrée sur la sécurité individuelle (port du casque, du masque, des gants, des chaussures de sécurité...) et elle vise à culpabiliser les travailleurs en dédouanant la direction. Dans l’usine, personne n’est dupe de ces mesures dérisoires face à l’état de l’outil et à sa dangerosité.

Du côté syndical, on souligne « la bonne volonté de la direction » et... regrette les accidents. Mais aucune action de protestation n’est organisée. Les permanents syndicaux vont jusqu’à museler complètement les délégués d’usine dans les différentes divisions pour qu’il n’y ait pas de réaction de la part des travailleurs. Il est vrai aussi qu’il y a les préjugés des travailleurs eux-mêmes, convaincus de faire un métier dur... Mais surtout, les syndicats entrent dans le chantage de la direction : si vous dénoncez les conditions de travail, on fermera le site, y compris au nom de la sécurité, pensez aux emplois ! L’acceptation de ce chantage est tragique et absurde. Ce sont ces mêmes directions syndicales qui ont avalisé le plan Delta et la décision de fermeture de la phase à chaud à Liège, avec perte d’ici 2009 de 10 000 emplois, dont 2 700 emplois directs.

Chez les ouvriers, un profond découragement se fait jour. Il y a beaucoup de fatalisme, on attend la fermeture. En février cependant, quelques heures de débrayage spontané ont eu lieu, circonscrit au secteur où un nouvel accident mortel venait de se produire, au haut-fourneau B.

H. G.

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