En 1918, la guerre prend fin. L’Europe n’a pas seulement connu quatre ans d’une boucherie inutile : depuis 1917, parmi tous ceux que les gouvernements ont envoyés mourir au front pour le profit, tous ceux et toutes celles qui se sont usés dans des usines à la discipline militarisée, l’idée de « faire comme en Russie » s’installe.
En Italie, ce mot d’ordre constitue la toile de fond de deux années d’embrasement révolutionnaire, 1919 et 1920, période qualifiée de Biennio Rosso – les deux années rouges dont la phase la plus aiguë se situe en août-septembre 1920, il y a tout juste un siècle. Une période de révolution manquée où la grève générale insurrectionnelle ne réussit pas, faute d’un parti résolu, à prendre le pouvoir à la bourgeoisie. En revanche, cette « grande peur » que la classe ouvrière lui aura insufflée, et que les réformistes auront empêché de concrétiser, sera le creuset du fascisme.