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DOSSIER : Salaires : la contre-offensive s’impose, 300 euros pour tous

Working poors : y’a pas qu’aux USA...

Mis en ligne le 17 janvier 2005 Convergences Politique

Avoir un emploi ne permet pas toujours de s’en sortir, loin s’en faut. En 2001, environ un million de personnes travaillaient sans que leur activité leur permette de vivre au dessus du seuil de pauvreté. Le phénomène des « travailleurs pauvres » a fait parler de lui outre-Atlantique depuis les années 1970, en France depuis la fin des années 1990.

En France, près d’un salarié sur six reçoit un salaire inférieur au Smic, soit 3,4 millions de personnes. On parle de bas salaire en dessous du seuil de 900 € net par mois [1]. Ce phénomène concernait 11 % des salariés en 1983 et 15 % en 2001. La croissance des très bas salaires (actuellement moins de 675 € mensuels [2]) a été encore plus rapide : de 5 % des salariés en 1983 à 10 % en 2001.

Aux Etats-Unis, partage des salaires, en France, partage du chômage.

Aux Etats-Unis, la forte proportion de bas salaires s’explique par un taux horaire très bas. Dans le cas de la France, c’est le développement des temps partiels qui est en cause. De nombreux salariés qui voudraient travailler à temps plein doivent se contenter d’un temps partiel imposé, essentiellement des femmes. Elles occupent 80 % des emplois à temps partiel, surtout dans l’hôtellerie, le commerce, la restauration, les services aux particuliers, avec des horaires extrêmement éclatés et décalés. Elles constituent l’essentiel des « working poors » à la française.

L’Etat fabrique des « working poors »

Le développement de l’intérim et des CDD explique aussi de nombreuses situations de pauvreté. La politique des différents gouvernements a amplifié ce problème : les « emplois aidés » qui fournissent aux entreprises une main d’œuvre grassement subventionnée sont des emplois à durée déterminée et à temps partiel.

Le plan Borloo va dans ce sens. Le CI-RMA (Contrat d’insertion - Revenu minimum d’activité) est un contrat rémunéré au Smic horaire, de 20 heures hebdomadaires ou plus et d’une durée de six mois renouvelable deux fois. Soit pour 20 heures, un salaire de 20 % en dessous du seuil de pauvreté... Le « contrat d’avenir » (bien mal nommé !) est de 26 heures hebdomadaires rémunérées au Smic horaire conclu pour six mois et renouvelable cinq fois, soit un salaire de 5 % au dessus du seuil de pauvreté. Sans obligation d’embauche à la clé.

La proportion de bas salaires aux Etats-Unis est de l’ordre de 30 %, mais elle s’est stabilisée depuis le début des années 1980. En France, cette proportion est de 15 %, mais elle ne cesse d’augmenter...

Lydie GRIMAL


L’art et la manière de sous payer

La grève de la société Arcade, qui sous-traite le nettoyage de la chaîne hôtelière Accor, avait révélé une surprenante pratique : le temps de travail est calculé à partir du nombre de chambres nettoyées. Si la cadence théorique est de huit chambres à l’heure, une heure est inscrite sur la fiche de paye pour huit chambres faites. Ce qui revient à contourner le Smic en faisant fi du temps de travail réel des salariées.

Chez Delta Diffusion, qui distribue journaux gratuits et imprimés publicitaires, les salariés doivent charger les prospectus dans une remorque attelée à leur véhicule personnel. Un travail non rémunéré, pas plus que le temps consacré à la confection des « poignées », les lots d’imprimés. Au total, témoigne un salarié, on peut travailler huit heures pour seulement 23 €.

Chez Auchan électroménager, on a trouvé une autre combine : chaque fois qu’il vend un article, l’employé est crédité d’un nombre de points variable selon qu’il s’agit d’une cafetière ou d’un congélateur. A l’arrivée, son salaire dépend du nombre de points. Si le total n’atteint pas le Smic, Auchan verse un complément, mais il s’agit d’une simple avance. Sur un autre mois où le vendeur aura dépassé le Smic, il devra la rembourser.

J.F.


[1Les « bas salaires » sont définis comme les salaires inférieurs à 2/3 du salaire médian (le salaire médian est le salaire tel que la moitié des salariés gagne plus et l’autre moitié gagne moins).

[2Les « très bas salaires » sont les salaires inférieurs à la moitié du salaire médian.

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