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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 111, février-mars 2017

Vote utile et fausse monnaie !

Dans les entreprises et les quartiers, chez les maires de petites communes sollicités pour épauler la candidature de Philippe Poutou, les militants d’extrême gauche sont confrontés au sentiment (largement exploité, voire suscité par les partis de la gauche traditionnelle) que face au Front national, il faudrait s’allier et qu’ainsi pas une voix ne serait perdue pour la gauche. Suivez mon regard : la candidature de Philippe Poutou serait malvenue, et désastreux le fait que Hamon et Mélenchon ne soient pas capables de ne faire plus qu’un. Tous ensemble, n’est-on pas plus fort ?

Mais tous ensemble pour quoi ?

Pour faire élire une prétendue gauche (élue, depuis le début des années 1980, elle l’a été un bon paquet de fois on ne peut pas dire qu’elle n’ait pas eu ses chances !) qui a fait quoi ? Ni plus ni moins qu’une politique patronale durcie au fil des ans et décennies (qui a largement écœuré les milieux populaires), agrémentée aussi d’une surenchère sur des thèmes sécuritaires et xénophobes lancés par le Front national.

La colère ou le désespoir engendrés par les sales coups portés par des gouvernements de gauche aussi durement que par des gouvernements de droite ont fait basculer une partie du milieu populaire vers l’extrême droite. Au point effectivement que les Marine Le Pen, comme ailleurs les Trump et bien d’autres, deviennent vraiment éligibles ! Mais la solution (rêvée !) serait-elle d’aller tous voter pour le Pacs de deux ex-ministres PS ? Pour qu’à nouveau une gauche au pouvoir, reniant toutes ses vagues promesses, nous impose une loi El Khomri, un état d’urgence et une fermeture des frontières aux migrants encore pires qu’aujourd’hui ? Et qu’ainsi, écœurement populaire accru oblige – si ce n’est cette fois du moins la prochaine –, le succès de Le Pen soit assuré ?

Car le prétendu moins pire conduit au pire

En votant pour cette gauche qui a tant et tant trompé ceux qui croyaient en elle, on lui donne quitus pour de nouveaux sales coups contre les travailleurs et les plus pauvres, et on le fait en se taisant. On s’interdit toute critique. On enterre sa combattivité tout au fond de sa poche ! Permettre de l’afficher clairement au grand jour, c’est précisément le sens de la candidature d’extrême gauche de Philippe Poutou.

Car la situation est sérieuse... même si elle n’est pas nouvelle et si depuis un siècle elle s’est mainte fois répétée ! Les illusions déçues dans une gauche qui est pourtant bourgeoise de la tête aux pieds (des fusillades d’ouvriers aux tortures de militants anticolonialistes) ont régulièrement donné leur chance à des plus ou moins grands führers ou caudillos. Contre ceux-là, et les nouveaux venus à la Trump et Le Pen, aux plus petits pieds à ce jour que leurs prédécesseurs à chemises noires ou brunes, il n’est que la mobilisation collective et radicale du monde du travail. Reprendre le chemin de l’organisation, des luttes.

C’est une vieille histoire... mais d’actualité ! Un révolutionnaire appelé Victor Serge évoquait dans ses Mémoires, au début des années 1940, le « facile succès des charlatans » fascistes, et « leur règle de pacotille, “marcher au pas en rangs par quatre et croire en Moi.” Faute de mieux... C’est la carence des autres qui fait la force des führers. Faute d’une bannière digne, on se met en marche derrière les barrières indignes. Faute de pur métal, on vit sur de la fausse monnaie ».

Oui, digne et ultra précieux est le petit drapeau révolutionnaire, face à la fausse monnaie de gauche !

27 février 2017, Michèle VERDIER

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