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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 82, juillet-août 2012

Un livre sur la Syrie : Carnets de Homs

Mis en ligne le 3 juillet 2012 Convergences Culture


Jonathan Littell

Carnets de Homs

Mai 2012, 242 pages, éditions Gallimard, 18,90 €.


Avant d’écrire le best-seller Les Bienveillantes, un roman mettant en scène les mémoires d’un officier SS ayant participé au génocide des Juifs, Jonathan Littell a travaillé 7 ans pour l’ONG Action contre la faim dans diverses zones en guerre de la planète. En janvier dernier, il est parti en reportage pour le compte du journal Le Monde en Syrie. C’est son carnet de bord tenu pendant la vingtaine de jours passés en Syrie et au Liban qu’il publie sous le titre de Carnets d’Homs.

Les dirigeants de la planète rivalisent d’hypocrisie en déclarant jusqu’à il y a encore quelques semaines redouter une guerre civile. Elle est déjà en cours. Littell la décrit dans la ville d’Homs, la troisième ville du pays. Relatant les événements à hauteur d’homme, montrant à quel point il est difficile pour le journaliste sur place de recouper ses informations, ce livre ne prétend pas donner une analyse inédite. Il fait sentir l’atmosphère d’une ville où des habitants sont assassinés tous les jours par des snipers mais descendent pourtant chaque soir manifester dans un enthousiasme que seul un peuple étouffé par des décennies de dictature peut éprouver. Il montre l’organisation des cliniques parallèles où la population se fait soigner car les hôpitaux sont régulièrement l’objet de rafles par les diverses polices politiques appelées indifféremment mukhabarat par les Syriens. Il recueille les témoignages des rares rescapés des prisons d’Assad, celui de militaires qui ont déserté pour ne pas avoir à massacrer. Il décrit l’engrenage des violences interconfessionnelles que la rébellion a toutes les peines à contenir, les provocations et manipulations du régime misant ouvertement sur celles-ci pour isoler les bastions de l’insurrection comme le quartier Baba Amr.

Ici et là, l’auteur ébauche une réflexion. On comprend ainsi que les mosquées jouent un rôle fondamental comme lieu de discussion politique, en particulier lors de la prière du vendredi. Ou encore que les militaires rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) sont tentés par une stratégie de la tension, consistant à « déclarer le jihad » pour pousser les Occidentaux à intervenir. Politique hasardeuse et violemment rejetée par certains des militants politiques que rencontre Littell.

Mathieu PARANT

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