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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 137, mars 2021

TNP et Opéra de Lyon : faisons tomber le quatrième mur !

Mis en ligne le 26 mars 2021 Convergences Culture

12 heures 30, place Lazare Goujon, Villeurbanne. L’hôtel de ville est au soleil. En face, les marches du Théâtre national populaire (TNP) sont à l’ombre. Mais l’assemblée générale des occupants n’a pas besoin de ça pour attirer les curieux.

Cinquante regards sont tournés vers un micro sur pied derrière lequel un occupant prend la parole. Le matin, la commission Convergences s’est réunie à une petite vingtaine, avec des occupants, des membres de divers collectifs et des syndicalistes. Chacun y est allé de son initiative : une manifestation contre le projet Hercule à EDF, un rassemblement contre la précarité étudiante, le soutien à un squat menacé d’expulsion. Les participants aux « nuitées », les nuits d’occupation au TNP, le répètent : ils ne sont pas là pour rester entre « cultureux ». « Tout le monde est le bienvenu » dit un régisseur son.

Jean Vilar a été directeur du TNP de 1951 a 1963

Derrière le micro, les intervenants se succèdent. Une comédienne annonce la reprise du FION, le Front d’intervention pour l’ordre nouveau, un spectacle de rue créé en 2007 après l’élection de Sarkozy dans le style des pastiches de « manifs de droite ». Les artistes déambuleront dans le centre de Villeurbanne, jouant et distribuant des tracts. Ce sera un mardi, jour de marché.

Une femme fait remarquer que le mouvement reste cantonné à la culture publique subventionnée. Certains protestent, indiquent que sur l’imposante banderole qui habille le TNP, il est question de tous les « intermittents de l’emploi ». Si l’extension n’est pas toujours facile, on sent bien que c’est la principale préoccupation des occupants.

Après l’AG, on fait le tour du théâtre pour accéder à l’occupation par l’entrée des artistes. À l’intérieur, des banderoles aux slogans combattifs comme « Adoptons les gestes barricades ! » Un peu plus loin, au bar, on mange un morceau en débriefant l’AG et en préparant la prochaine action.

À l’Opéra, en face de la mairie de Lyon, autre ambiance. Les occupants n’ont pas accès aux douches ou à la cuisine. Si le directeur est complètement d’accord pour rouvrir son établissement, il est beaucoup moins emballé par les aspects sociaux du mouvement et ses revendications de prolongation de l’année blanche et retrait de la réforme de l’assurance chômage.

Pour les occupants, la réouverture doit se faire dans le respect des mesures sanitaires. Et surtout, comme dit l’un d’eux, « la réouverture ne doit pas être un pansement, elle ne doit pas faire oublier le reste des revendications ».

Les occupants revendiquent également un revenu décent pour les jeunes de moins de 25 ans. Eux-mêmes sont étudiants : de l’ENSATT [1] d’où est parti le mouvement, de l’ENM [2], du CNSMD [3], des filières artistiques de la fac ou de l’ENS [4].

À l’Opéra, un « pôle artistique » lance des initiatives et suscite des vocations. Un jour, c’est un concert de stoner metal, un autre, un cours de break dance, dans la rue, accessibles à tous. L’occupation est aussi l’occasion d’épousseter un peu la culture.

À Villeurbanne et à Lyon, les occupants font tout pour que les salles de spectacle ne deviennent pas des forteresses. Ils veulent en faire des tremplins pour prendre la rue !

Bastien Thomas


[1École nationale supérieure des arts et des techniques du théâtre.

[2École nationale de musique. Les élèves de cette école ne sont d’ailleurs pas étudiants et revendiquent de l’être.

[3Conservatoire national supérieur de musique et de danse.

[4École normale supérieure.

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