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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 137, mars 2021

Editorial

Au moins six vaccins et zéro solution ? Téléchargeons l’application #StopCapitalisme

Mis en ligne le 29 mars 2021 Convergences Politique

Et un, et deux, et trois confinements ! Après le « stop and go », le « pari » de ne pas confiner et les promesses avortées d’un plan massif de vaccinations, le Premier ministre vient d’annoncer une nouvelle vague de mesures dont personne ne comprend vraiment la logique. « Le maître du temps, c’est le virus », ose le président. Mais les 250 morts quotidiens, un an après le premier confinement, sont le résultat d’une politique qui consiste à maintenir coûte que coûte les profits des grandes entreprises… et les coupes claires à l’hôpital.

Sous le règne du capital, la charité se fout de l’hôpital

À l’hôpital, la « crise sanitaire » n’a pas attendu la pandémie. Lorsque les services de réanimation sont érigés en dernier rempart contre formes graves du Covid, c’est au détriment de la prise en charge de toutes les autres affections, avec un effet boomerang garanti sur les maladies chroniques et les cancers. Comment donner à l’hôpital public les moyens de gérer l’imprévu en plus de tout le reste, pas à la place ? Il en va de la santé des classes populaires, car les riches auront toujours les moyens de faire de la leur une priorité.

Véran peut bien trouver prétexte dans le fait qu’« on ne forme pas une infirmière en un an », il oublie d’expliquer les démissions, arrêts maladie et dépressions chez les soignants. Ces départs sont loin d’être tous remplacés : les suppressions de postes continuent. Faute de vocation ou de temps pour la formation ? Mais qu’on embauche les nombreux salariés actuels de l’hôpital bloqués dans des statuts précaires. Que l’on ouvre massivement l’accès à la formation, ce qui n’est pas le cas depuis un an de pandémie. Qu’on qualifie au plus vite les salariés de la santé qui le souhaitent par l’accès à la promotion professionnelle financée. Qu’on augmente les salaires de 400 euros par mois pour tous, comme l’exigent les hospitaliers depuis des années. Qu’on embauche les centaines de milliers de personnes nécessaires au bon fonctionnement de l’hôpital, pas seulement les soignants, mais aussi les techniciens, ouvriers, assistantes sociales, administratifs… Alors on verra si pénurie il y a.

Vaccins : la « faillite morale catastrophique » du capitalisme

La seule issue durable à cette crise passe par les vaccins. Ceux-ci ont été produits en un temps record grâce à la réorientation de toutes les recherches et à des investissements publics massifs – qui ont accouché de brevets privés, miracle du capital. L’humanité dispose donc de différents vaccins, à l’efficacité éprouvée, aux effets secondaires à moyen terme négligeables. Mais le défi scientifique de leur mise au point aura été résolu bien plus rapidement que leur production et leur administration à toute la population. Opérations qui ne présentent pas de difficultés technologiques majeures, même si elles exigeraient une mobilisation générale de bien des secteurs d’activité pour mettre en place des chaînes de production et d’approvisionnement. Les mêmes riches États qui semblent incapables de les organiser ont procédé à des reconversions industrielles plus drastiques dans les premiers mois de la Deuxième Guerre mondiale…

Non seulement une telle mobilisation générale n’a pas été lancée – aucune embauche, aucune réquisition d’installations chimiques ou pharmaceutiques dans ce but – mais le système des brevets, rente financière pour les actionnaires, empêche ce genre d’effort hors du commun. L’OMS (l’Organisation mondiale de la santé), cette institution de l’ONU pourtant si peu subversive, alerte sur la « faillite morale catastrophique » : la loi du marché fait rage entre les États et dix pays accaparent les trois quarts des doses de vaccins. Les plus riches des pays riches seront les premiers vaccinés, les masses pauvres attendront – au grand bonheur du virus qui continuera à circuler et à muter. Les générations futures regarderont catastrophés cette décision de laisser circuler un tel virus au niveau planétaire, conditions parfaites pour l’apparition de variants. Et c’est dans ce moment critique que Sanofi licencie !

Il faut faire tomber les brevets sur tous les vaccins, réquisitionner sans indemnité toutes les capacités de production pharmaceutiques et chimiques qui peuvent être reconverties au service du vaccin, imposer une recherche et développement concertée, et non concurrentielle, pour se concentrer sur les quelques formules les plus efficaces. Cet effort de la collectivité ne doit pas rapporter un sou aux actionnaires du secteur pharmaceutique dont les recherches ont été financées par la collectivité et menées par des équipes scientifiques, chercheurs, techniciens et ouvriers – et pas par les capitalistes.

Les États des pays riches ne défendent pas seulement les profits particuliers de Pfizer ou AstraZeneca, mais le système des brevets en général et la propriété privée des moyens de production en général. Ils pourraient décider de faire tomber ces barrières momentanément dans le secteur pharmaceutique, ils y seront peut-être contraints si l’épidémie franchit de nouveaux paliers. Mais ils savent que le prix politique à payer sera lourd : la démonstration que la production capitaliste est incapable de répondre à cet enjeu vital.

Nos vies ou leurs profits ?

Quelles leçons le gouvernement a-t-il tiré du premier confinement ? Une seule : pas question de gripper à nouveau la machine à exploiter. Quitte à supprimer tout le reste pour laisser une liberté totale et absolue au grand patronat. L’école reste ouverte au prix d’un bricolage fait avec les moyens du bord, qui montre que la préoccupation majeure n’est pas d’assurer la meilleure scolarisation possible malgré la crise sanitaire, mais de lui faire jouer son rôle de garderie du Medef. Toute la vie sociale est réduite par des mesures coercitives et autoritaires qui frappent de manière bien plus dure les couches défavorisées de la population. Une demi-vie pesante où l’assignation à résidence ne s’interrompt que pendant les heures de travail.

Mais le virus, contrairement à la démocratie, ne s’arrête pas à la porte des entreprises ! De vraies mesures sanitaires – et pas les injonctions infantilisantes à la responsabilité individuelle – coûteraient au patronat, et ne pourront être imposées que par la lutte : matériel de sécurité, baisse des cadences, augmentation des temps de pause, baisse du temps de travail sans perte de salaire ni flexibilité, embauches pour compenser la charge de travail, rotation des horaires au volontariat pour éviter les effets d’heures de pointe et, lorsque c’est possible, recours au télétravail aux conditions des salariés eux-mêmes. Le contrôle de leur application ne peut revenir qu’aux travailleurs concernés à condition qu’ils se les approprient. Il faut donc qu’ils aient accès aux dernières informations et à leurs justifications scientifiques, ainsi que l’occasion d’en discuter entre eux, sur le temps de travail.

Dans l’Éducation nationale, des embauches massives – par centaines de milliers – et la réquisition de locaux vides permettraient d’assurer la continuité scolaire dans la plus grande sécurité sanitaire. En associant les étudiants les plus âgés pour dédoubler les classes, avec une formation « sur le tas » par les enseignants titulaires référents, ou en demandant l’aide des jeunes retraités. Un effort exceptionnel auquel beaucoup accepteraient de contribuer s’il s’inscrivait dans la perspective durable d’un plan d’embauches de profs à temps plein, bien formés et bien payés, un plan pour une amélioration d’urgence de la situation dans l’enseignement, pour une véritable éducation pour tous, pas pour la garderie ou le tri social !

Si toutes ces ressources pédagogiques, administratives et techniques étaient mobilisées pour accueillir tous les enfants, spécialement ceux des classes populaires, elles impliqueraient nécessairement les parents du quartier… On imagine l’ambiance de mobilisation qu’un tel effort exceptionnel pourrait encourager – et c’est cela probablement que craint le gouvernement, plus encore que le coût financier.

La lutte : un vaccin libre de droits

C’est que, dans les entreprises, ça commence à renâcler face à toutes ces réorganisations qui ont en commun des suppressions de postes et davantage de travail pour ceux qui restent, dans des conditions forcément dégradées. Signes annonciateurs d’une mobilisation plus générale ? Difficile de le dire aujourd’hui. En tout cas, l’action de tous ceux qui pensent indispensable et urgente une intervention du monde du travail fera tout pour y contribuer.

Travailleurs de tous les secteurs, habitants de quartiers populaires ou ruraux durement touchés par l’explosion de misère, jeunesse étudiante ou travailleuse réduite à faire la queue devant les soupes populaires, tous sont en butte à une offensive patronale et gouvernementale d’une rare violence. Mais gare à la revanche. Le mouvement des intermittents du spectacle, les mobilisations des livreurs, les débrayages dans l’automobile, à la SNCF ou à la Poste et les manifestations contre les licenciements montrent la voie à suivre pour obtenir les mesures sanitaires et économiques qui devraient s’imposer : interdiction des licenciements, augmentation générale des salaires et de vraies mesures contre l’épidémie. Macron et son monde défendent les profits plutôt que nos vies. Une injection massive de luttes s’impose plus que jamais.

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