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Émeutes en Irlande du Nord

Où va l’Irlande du Nord ?

29 avril 2021 Article Monde

Le 29 mars, des émeutes éclataient en Irlande du Nord. D’abord localisées, elles se sont répandues dans les quartiers protestants de Belfast et de Derry (Londonderry pour les protestants). Ces émeutes ont éclaté dans les quartiers ouvriers de ces villes et d’autres villes de la région.

Le 7 avril, à Belfast, des militants loyalistes [1] ont fait évacuer un bus par son chauffeur et ses passagers avant d’y mettre le feu. Dans la nuit qui a suivi, les émeutes sont sorties des quartiers loyalistes pour gagner les quartiers républicains, les affrontements se faisant à travers les « murs de la paix » séparant toujours les quartiers « protestants » et « catholiques », faisant ainsi ressurgir le spectre de la guerre civile des années 1970 à 1990, dans une Irlande du Nord déchirée par les affrontements armés entre les activistes loyalistes d’un côté et ceux de l’IRA de l’autre. L’armée britannique y avait été dépêchée en 1969 et avait mené une répression coloniale brutale. La guerre civile avait fait plus de 3 000 morts. [2]

La quadrature du cercle du Brexit

Parmi les raisons avancées, par les partis unionistes (les partis pro-britanniques, en majorité protestants), il y a le Brexit. En effet – contre la volonté de la majorité des habitants d’Irlande du Nord qui en 2016 avait voté à 56 % pour le maintien au sein de l’Union européenne – le gouvernement britannique a fait le choix d’un Brexit « dur » qui découple le Royaume-Uni du marché commun de l’Union européenne et de son union douanière. Cela se traduit par l’érection d’une barrière douanière entre le Royaume-Uni et l’Union européenne pour contrôler la circulation des marchandises.

En Irlande du Nord, ce choix a été soutenu par le principal parti unioniste, le Democratic Unionist Party (DUP) – un parti apparu dans les années 1970 et ayant incarné une ligne dure pro-britannique dans la guerre civile qui a dressé les « indépendantistes » républicains de l’IRA (le bras armé du Sinn Fein, le parti nationaliste irlandais, principalement soutenu par la minorité catholique) aux « unionistes », principalement issus de la majorité protestante et soutenus par l’armée britannique qui a pratiqué une répression à grande échelle, ayant culminé sous Thatcher, de la minorité catholique.

Pour revenir aux problèmes posés par le Brexit, il y avait deux possibilités :

– La première consistait à installer une frontière douanière entre l’Irlande du Nord sous juridiction britannique et la République d’Irlande, au sud, qui reste dans l’UE. Cette frontière est la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Mais cela aurait posé de nombreux problèmes pratiques, les économies d’Irlande du Nord et de République d’Irlande étant imbriquées depuis plusieurs décennies. De plus, les nationalistes irlandais auraient considéré cela comme un affront, et contraire à l’esprit des accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trente ans de guerre. S’il optait pour cette solution, le gouvernement britannique a craint un retour de la violence du côté des petits groupes armés républicains qui avaient rejeté ces accords.

– L’autre était celle que le gouvernement britannique a adoptée. Ne pas dresser de frontière entre les deux Irlande et instaurer une barrière douanière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, y compris donc l’Irlande du Nord.

Le spectre de la trahison

C’est ce choix du gouvernement britannique qui est considéré par les unionistes comme une trahison. Ils estiment que cela les coupe de la Grande-Bretagne et de leur « identité » britannique. Se sont ajoutées des difficultés pour commander des marchandises venant de Grande-Bretagne et une hausse des prix de certains produits.

L’Irlande du Nord est la région la plus pauvre du Royaume-Uni. Les salaires y sont bas par rapport à ce qu’ils sont en Angleterre et le chômage est élevé. Les partis d’extrême droite exploitent donc un sentiment « identitaire » au sein d’une population fragilisée. Le DUP avait au début accepté les barrières douanières entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord. Mais le parti Traditionalist Unionist Voice (Voix traditionaliste unioniste, TUV) les a tout de suite refusées et a déposé un recours en justice pour demander l’abrogation du protocole d’accord qui les a fixées. Un sondage ayant montré en février une forte baisse du soutien au DUP parmi la population protestante, ce dernier avait donc fait volte-face et exprimé son soutien au recours en justice déposé par le TUV. Au Parlement britannique, le DUP avait balayé d’un revers de main toute option visant un Brexit « doux ».

Les émeutes qui ont eu lieu à Belfast et Derry n’ont pas eu l’ampleur de celles des années 1970. Mais un tel niveau de violence n’avait pas été vu depuis des années. La police antiémeute a fait usage de canons à eau pour la première fois depuis six ans – ils ne sont pas utilisés dans le reste du Royaume-Uni. Les quartiers concernés sont minés par le chômage et la pauvreté. Les jeunes n’ont pas de perspectives et le long confinement a aggravé leur situation.

Le refus des juges locaux de mettre en accusation vingt-quatre dirigeants de premier plan du Sinn Fein qui assistaient à l’important cortège funéraire d’un ancien dirigeant de l’IRA, Bobby Storey, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Plusieurs milliers de personnes avaient accompagné le cortège funéraire alors que, du fait des restrictions sanitaires, seules trente personnes étaient autorisées à le faire. De plus, une haie d’honneur était formée par d’anciens militants de l’IRA en uniforme, cravates et pantalons noirs. Cela a été vu comme une démonstration de force par les républicains et ressenti comme une provocation par les loyalistes. Il faut aussi rappeler que le Sinn Fein siège au gouvernement provincial qui a édicté ces règles et que la vice-Première ministre, Michelle O’Neill, était présente à la cérémonie.

Le monde politicien unioniste a été prompt à condamner les scènes de violence. Mais il ne faut pas oublier que, depuis le 1er janvier, date de l’entrée en vigueur du Brexit, les partis unionistes, DUP en tête, ne cessent de dénoncer ce qui serait une « trahison » de la part du gouvernement britannique et de manipuler les peurs des unionistes. Quant aux organisations loyalistes, elles participent du climat général non seulement par l’engagement sur le terrain de militants, parfois très jeunes – des gamins d’une douzaine d’années ont attaqué les forces de police sous les applaudissements des adultes présents –, mais également par leur dénonciation de l’Accord du Vendredi saint.

Les dirigeants du DUP ont excité les peurs des travailleurs protestants. L’un d’entre eux a même dit qu’il fallait mener une « guerre de guérilla » contre les contrôles douaniers entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord… tout en prétendant qu’il ne s’agissait que d’une métaphore. Les unionistes protestants pro-britanniques ont le sentiment d’avoir été lâchés par les politiciens, dont Boris Johnson qui avait juré ses grands dieux qu’il n’y aurait jamais de contrôles douaniers entre la Grande-Bretagne et le Royaume-Uni.

L’univers de la classe ouvrière protestante s’écroule autour d’elle

Pendant des décennies, dans les chantiers navals, industrie phare de Belfast, les ouvriers protestants occupaient les emplois qualifiés et d’agents de maîtrise alors que les ouvriers catholiques occupaient les emplois les moins qualifiés, quand ils n’étaient pas purement et simplement chassés des chantiers navals par des pogroms perpétrés par des travailleurs protestants, encouragés par la bourgeoisie protestante, comme ce fut le cas dans les années 1920. Les chantiers navals, là où avait été construit le Titanic avant la Première Guerre mondiale, ont employé jusqu’à 35 000 personnes à leur apogée pendant la Deuxième Guerre mondiale.

La vie des jeunes hommes de la classe ouvrière protestante était toute tracée : après un passage parfois difficile par l’école, ils accédaient à un emploi quasiment garanti dans les chantiers navals puisqu’ils étaient introduits par un membre de leur famille. Aujourd’hui, moins de 500 personnes y travaillent.

De plus, la démographie en Irlande du Nord a changé. À la création de l’Irlande du Nord en 1921 [3], la population était composée aux deux tiers de protestants, pro-britanniques, et, pour un tiers, de catholiques, se sentant irlandais. Aujourd’hui, les protestants attachés à maintenir le lien avec le Royaume-Uni représentent un tiers de l’électorat, les catholiques, plutôt en faveur de la réunification avec la République d’Irlande, un autre tiers et un tiers des électeurs ne votent ni pour les partis unionistes, ni pour les partis nationalistes, mais pour des organisations comme Alliance Party, un parti centriste qui se veut non confessionnel. Les Verts d’Irlande du Nord ne se reconnaissent pas non plus dans les unionistes ni les nationalistes irlandais. Cette fraction hétérogène de l’électorat pourrait accepter l’idée d’une unification de l’Irlande pour rejoindre un pays membre de l’Union européenne, à condition que le poids de l’Église catholique y soit moins lourd. L’Union européenne – qui a versé des fonds pour l’Irlande du Nord afin d’aider à la reconstruction et à la « réconciliation » après la fin, en 1998, de la guerre civile – est perçue par ces électeurs centristes comme un espace de paix et de prospérité. Cela conforte les protestants dans la crainte que le maintien de l’Irlande du Nord dans la Grande-Bretagne est menacé. D’autant qu’un sondage a placé le Sinn Fein devant le DUP pour les prochaines élections régionales, ce qui mettrait le Sinn Fein en situation de diriger l’Irlande du Nord.

Les discussions sur une Irlande unie et un référendum pour y arriver sont de plus en plus fréquentes et fortement encouragées par les conséquences du Brexit, par les changements démographiques et par une campagne des nationalistes irlandais, en particulier le Sinn Fein, désormais bien implanté en République d’Irlande. Cela a pour effet d’accentuer les craintes des unionistes.

Une répartition plus égale de la misère entre catholiques et protestants

Depuis les années 1970 les choses ont quelque peu changé. Pour essayer de désamorcer la révolte dans les quartiers catholiques, les pires abus ont été corrigés. Des lois ont été mises en place pour lutter contre la discrimination dont faisaient l’objet les catholiques, de même qu’une administration pour allouer les logements de manière plus équitable. Des mécanismes juridiques ont interdit et sanctionné toute forme de discrimination au travail : les catholiques en étaient victimes même si, à l’inverse, dans certains cas bien plus rares, des entreprises appartenant à des catholiques n’employaient aucun protestant.

Résultat de cette évolution, alors qu’en 1992, le taux de chômage était de 9 % chez les protestants contre 18 % chez les catholiques, en 2016, il était passé à 5 % chez les protestants et 7 % chez les catholiques. Mais la crise du Covid est passée par là, pour tout le monde. Le taux d’emploi de la population est passé de 72,6 % en 2019 à 69 % en 2021. [4]

Une ségrégation entre catholiques et protestants qui ne dit pas son nom

Les quartiers ouvriers protestants sont matériellement séparés des quartiers ouvriers catholiques par des murs qui, même s’ils sont appelés « murs de la paix », n’en forment pas moins des enclaves dont les entrées sont filmées par des caméras de surveillance et peuvent être fermées automatiquement par la police. Ces portes sont de toute façon fermées la nuit. Pendant les émeutes, certaines de ces portes ont été forcées par les émeutiers protestants et les jeunes des deux quartiers ont passé une partie de ces nuits à se lancer des briques et autres projectiles de part et d’autre.

Ces murs séparent deux sections de la classe ouvrière qui ne se rencontrent quasiment jamais. Règne un véritable apartheid. Protestants et catholiques mènent en Irlande du Nord des existences séparées : écoles ségréguées, sports différents, équipes de foot rivales, lieux de culte et de socialisation à part. Ce n’est que dans certains lieux de travail que les deux communautés se côtoient. Et là, c’est historiquement la tension entre communautés qui prédomine plutôt que la solidarité de classe (bien qu’il y ait eu des exceptions).

Cette situation est aussi celle des jeunes. Et ce n’est qu’à l’université qu’il y a une rencontre plus ou moins heureuse entre les étudiants issus des deux communautés.

Que font et que peuvent faire les révolutionnaires ?

Les militants ouvriers de Belfast, dont des militants de People Before Profit (Les gens avant le profit – proche du Parti socialiste des travailleurs, le SWP, britannique) qui ont un élu à l’Assemblée de l’Irlande du Nord, essaient d’intervenir. Ils se tiennent pour certains à côté de ces portes qui séparent les quartiers, avec des travailleurs sociaux et d’autres, y compris des élus. Le but est d’arrêter les émeutes en convaincant les jeunes de cesser de lancer des pierres sur le quartier d’en face.

Les chauffeurs de bus se sont rassemblés devant l’Hôtel de Ville de Belfast après l’incendie d’un bus le 7 avril dernier. Ils ont fait savoir qu’ils ne passeraient plus après une certaine heure dans les quartiers où ces émeutes avaient lieu. Les révolutionnaires sur place ont insisté sur la nécessité d’un combat commun de l’ensemble de la classe ouvrière, protestante et catholique, contre les coupes budgétaires et pour de meilleures conditions de vie et de travail de la classe ouvrière. Ils ont également fait valoir la nécessité de permettre l’accès de l’avortement à toutes les femmes [5].

L’Irlande du Nord est à la traîne, comparé aux autres territoires de Grande-Bretagne, sur les salaires et, plus généralement, les questions économiques et sociales, mais également sur le terrain des droits des femmes et des homosexuels. Les révolutionnaires en Irlande du Nord cherchent à faire avancer ces droits. Le but est d’unir catholiques et protestants sur ces questions plutôt que de laisser les partis communautaires, protestants unionistes et catholiques nationalistes, diviser les jeunes, les femmes et les travailleurs. Notons qu’ils sont également pour un référendum sur la réunification de l’île, ce qui n’est pas populaire du tout dans la classe ouvrière protestante.

La peur de beaucoup de gens sur place est que quelqu’un soit grièvement blessé ou pire et qu’une spirale de la violence entre communautés s’enclenche. Certains de ceux qui se tiennent à ce qu’on nomme les « interfaces », véritables frontières urbaines, ont eux-mêmes participé aux violences de la guerre civile entre 1968 et 1998, ou les ont vécues, et ne souhaitent pas revoir les jeunes s’engouffrer dans les mêmes impasses. Certains ont fait de la prison pour leur rôle pendant les trois décennies de guerre civile ou perdu des êtres chers, tués à cette époque. Tous ceux qui cherchent à arrêter ces violences veulent éviter un retour au conflit nord-irlandais des années 1968 à 1998.

Mais les démagogues d’extrême droite s’efforcent d’attiser la colère. À côté des partis politiques unionistes traditionnels existent des groupes paramilitaires. Certaines fractions de ces groupes sont impliquées dans des activités diverses, et jusqu’au trafic de drogue. Dans certains quartiers contrôlés par ces branches mafieuses de groupes paramilitaires, certains de leurs membres ont été arrêtés et c’est cela qui les aurait conduits à pousser à l’émeute. Des rendez-vous circulent sur les réseaux sociaux pour se rassembler dont on ignore la provenance. Les paramilitaires nient toute implication. Vrai ou non, il n’en reste pas moins que des individus liés à ces organisations peuvent très bien être présents. On a en effet vu des scènes avec des adultes donnant des directives aux jeunes émeutiers, certains pas plus vieux que 12 ou 13 ans. Existe-t-il des groupes plus extrémistes que les organisations paramilitaires déjà existantes qui se mettent en place ? On ne le sait pas vraiment. Des marches pro-britanniques non déclarées ont lieu – alors que les « marches orangistes » annuelles sont déclarées [6] et sont fortement encadrées par la police – et passent parfois dans des quartiers catholiques ou près d’eux, ce qui peut donner lieu à des face-à-face très tendus voire des émeutes. Ce sont des manifestations sauvages et qui entraînent une partie de la communauté protestante.

Sur fond de chômage et de pauvreté, les groupes d’extrême droite d’Irlande du Nord cherchent à exploiter la frustration ressentie par les travailleurs protestants devant la perte d’anciens privilèges. Ces derniers connaissent une vraie dégradation de leurs conditions de vie et de travail, tout comme les travailleurs catholiques, d’ailleurs.

Mais, tandis que l’extrême droite tente de surfer sur un sentiment de déclassement, de trahison de leur identité, sur leur fidélité à la Couronne britannique, il est extrêmement difficile de convaincre que les véritables responsables du chômage et de la vie chère sont les capitalistes et que, face à eux, il faut que tous les travailleurs agissent ensemble, sans distinction d’origine ou de religion.

Chez les paramilitaires, des éléments nouveaux ou dissidents semblent à l’œuvre et de jeunes activistes loyalistes espèrent capter cette rage et ce sentiment d’être dos au mur. Ce qui se passe dans les quartiers ouvriers protestants échappe largement aux dirigeants traditionnels de la « communauté » protestante. La situation qu’avaient connue les Pieds-Noirs d’Algérie, contraints par la politique des uns et des autres d’abandonner leur pays pour rejoindre une métropole qu’ils ne connaissaient pas, était certes sans commune mesure avec la réalité de la situation des milieux protestants d’Irlande du Nord. Mais c’est sur ce type de frustration que l’extrême droite avait fait son miel et tenté de construire en France un parti de type fasciste. On peut donc légitimement se demander si certains courants de l’extrême droite ne cherchent pas à exploiter le sentiment d’avoir été « abandonnés » de nombreux protestants d’Irlande du Nord pour attirer à eux en grand nombre et former un parti de type fasciste dans un pays où les groupes paramilitaires n’ont jamais vraiment disparu.

Ce qui est sûr, c’est que pour combattre la bourgeoisie et ses serviteurs, cagoulés et armés ou vêtus d’un costume trois-pièces, les ouvriers des deux communautés devront s’unir pour lutter ensemble.

Joe Donovan


Pour en savoir plus

Livres :

  • Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Pierre Joannon, Perrin (Tempus), 2009, 832 p.

L’auteur est un ancien diplomate. C’est une vue générale de l’histoire irlandaise, y compris sur le conflit nord-irlandais de la deuxième moitié du XXe siècle.

  • L’Irlande en révolutions, Olivier Coquelin, Syllepse, 2018, 542 p.

Historien, spécialiste de l’Irlande et du mouvement ouvrier irlandais. Couvre la période allant du XVIIIe siècle jusqu’à 1922-1923, juste après la fin de la guerre d’indépendance.


On pourra consulter le site (en anglais) du groupe Socialist Workers Network, organisation partie prenante de People Before Profit : http://www.rebelnews.ie/

On y trouvera, entre autres, les articles :

  • Behind the Riots par Kieran Allen, sur les émeutes et le contexte social et politique en Irlande du Nord qui ont amené aux émeutes ;
  • We Need Working-Class Unity, Not Stormont Hipocrisy, par Gerry Caroll, élu à l’Assemblée nord-irlandaise, sur l’hypocrisie des partis, notamment unionistes, et la nécessité de l’unité ouvrière.

[1Les étiquettes unionistes et loyalistes renvoient toutes deux aux partisans du maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. Leurs partisans se recrutent essentiellement au sein de la population protestante, en réalité une population de colons britanniques, la couronne britannique ayant toujours traité l’Irlande occupée comme une colonie. Les loyalistes se sont distingués des unionistes, dans les années 1970, par le recours à la lutte armée et la formation de groupes paramilitaires contre les partisans du rattachement de l’Irlande du Nord à la République d’Irlande. Ces derniers se recrutaient essentiellement au sein de la population autochtone, majoritairement catholique. Ces références religieuses ont largement contribué à donner au conflit le caractère d’une « guerre de religion », alors qu’il s’agissait d’une de ces innombrables situations léguées par la politique coloniale de l’impérialisme britannique.

[2L’accord du 10 avril 1998, dit « Accord du Vendredi saint », a mis fin à trente ans de guerre civile en Irlande du Nord.

[3En mai 1921, l’Irlande a été découpée en deux régions, l’Irlande du Sud et l’Irlande du Nord. Peu après, la fin de la guerre d’indépendance et le traité anglo-irlandais consacrèrent le compromis accepté par la bourgeoisie irlandaise avec la monarchie britannique sur la constitution de l’État libre d’Irlande (la constitution actuelle ne date que de 1937 et la République d’Irlande a été proclamée en 1949, mettant fin à son appartenance au Commonwealth) composé des deux régions, ce qui fut ratifié par un vote des chambres de Londres le 14 décembre 1921. Mais les dissensions au sein du camp irlandais (qui ont entraîné une guerre civile entre partisans et opposants du traité) retardèrent sa mise en œuvre au 6 décembre 1922. Dès le lendemain, l’Irlande du Nord, se détacha de l’État libre d’Irlande pour devenir une des nations constitutives du Royaume-Uni. C’était évidemment ce scénario qu’avait préparé le découpage de mai 1921, avant la fin de la guerre d’indépendance. L’Irlande du Nord comprend six des neufs comtés qui constituaient traditionnellement la province irlandaise d’Ulster.

[4Chiffres issus de l’agence de statistiques et de recherche d’Irlande du Nord.

[5L’avortement n’a été légalisé en Irlande du Nord qu’en 2019 et son accès reste très difficile. Pendant longtemps, les unionistes du DUP étaient opposés à l’avortement.

[6Il s’agit de séries de marche organisées par l’« Ordre d’Orange » et qui commémorent la victoire en 1690 de Guillaume d’Orange, prince protestant, sur Jacques II, roi catholique d’Angleterre, à qui il a succédé. Ces marches, qui n’existent plus guère qu’en Irlande du Nord, sont combattues par les nationalistes irlandais et les catholiques qui font valoir non seulement les nuisances qu’elles provoquent, mais aussi le caractère insultant à leur égard des chants des marcheurs.

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