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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 82, juillet-août 2012

Les grandes puissances et la Syrie : Des bruits de bottes, pas pour empêcher les massacres

Mis en ligne le 3 juillet 2012 Convergences Monde

Le mardi 29 mai, alors qu’il venait de retirer son agrément à l’ambassadrice de Syrie, François Hollande déclarait à la télé qu’une « intervention militaire n’est pas exclue à condition qu’elle se fasse dans le respect du droit international », c’est-à-dire de l’ONU. « À moi de convaincre les Russes et les Chinois », avait-il ajouté modestement. Félicitations immédiates de Ségolène Royal et de Jean-François Copé pour un tel courage !

Le même jour, le va-t-en guerre de service, Bernard-Henri Lévy, avait exhorté le nouveau président à se montrer aussi ferme que son prédécesseur et à faire « pour Houla et Homs, ce qu’elle [la France] a fait pour Benghazi et Misrata ». Avec le succès que l’on sait, cette guerre de Libye ayant remplacé le sanglant dictateur par le chaos d’une guerre des clans, dont les divers chefs sont des baroudeurs intégristes religieux ou d’anciens notables du régime Kadhafi. Sur le dos du peuple libyen.

Si c’est pour envoyer demain l’armée française guerroyer en Syrie, c’était bien la peine de nous faire un cinéma sur le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. (Retrait qui pourrait bien prendre plus de temps que prévu.)

Ce n’est évidemment pas une intervention armée des grandes puissances qui aiderait le peuple syrien aujourd’hui victime des massacreurs du régime, même si certains des dirigeants de l’opposition syrienne, aspirant à remplacer El Assad, la demandent pour leur compte. Bien au contraire. L’exemple de l’état de la Libye, l’Afghanistan ou l’Irak aujourd’hui suffit à le montrer. La seule aide extérieure que le peuple syrien pourrait avoir, ce serait le développement les luttes révolutionnaires dans les pays voisins, à commencer par la lutte de la classe ouvrière en Égypte, qui affaibliraient toutes les dictatures, s’en prendraient aux intérêts des grandes puissances et donneraient aux peuples pauvres de la région d’autres perspectives que de passer d’une dictature à l’autre pour y connaître la même exploitation de la part des clans régionaux, des bourgeoisies nationales et, dernière elles, des grands trusts qui pillent les richesses de toute la région.

Pour l’heure, on n’en est qu’aux premiers bruits de bottes. Les bottes elles-mêmes sont encore hésitantes. Pas seulement parce que la Chine et la Russie seraient réticentes. Les grandes puissances occidentales, en premier lieu les USA, n’ont jamais soumis leurs choix d’une intervention militaire à l’obtention d’une couverture de l’ONU. Elles ont d’autres casquettes disponibles : l’OTAN pour la guerre du Kosovo en 1999, une simple coalition sur mesure pour celle d’Irak en 2003, etc.

Elles hésitent, d’abord parce qu’une intervention militaire en Syrie pourrait ne pas être aussi simple que celle de Libye, où il suffisait de bombarder du ciel les troupes de l’un des deux camps, séparé géographiquement de l’autre par de longues routes dans le sable, et de n’envoyer au sol, à la fin, que quelques commandos spécialisés ou quelques troupes formées ou prêtées par le Qatar. En Syrie, les combats se déroulent dans les villes, dans les quartiers pauvres où explosent les manifestations et s’abat une répression sanglante, où ont lieu des accrochages entre groupes armées et déserteurs d’un côté, armée du régime de l’autre. Outre les dangers d’enlisement que représenterait une intervention militaire directe au sol, comme en Irak ou Afghanistan, celle-ci pourrait bien avoir un rôle encore plus déstabilisateur pour l’ordre dans la région que ne l’est la situation actuelle.

Car c’est bien l’ordre avant tout, et non le sort du peuple syrien, qui préoccupe Hollande et ses semblables. Ce qu’il avouait d’ailleurs lui-même en expliquant, dans la même intervention télévisée : « Il ne faut pas non plus mettre n’importe qui à la place » du régime d’Assad ; « il y a donc une organisation de l’opposition » à réaliser pour « faire en sorte qu’elle puisse elle-même être capable de se substituer au régime ». Dès fois que « n’importe qui » – l’homme de la rue, le peuple syrien – s’empare du pouvoir laissé vacant par une chute précipitée du dictateur.

Les 15 000 morts qu’a déjà faits la répression exercée par le régime d’El Assad depuis le début de la révolte n’ont pas empêché de dormir nos gouvernants. Leur seul souci est qu’ils n’ont pas encore trouvé une équipe qui pourrait remplacer le dictateur en place, s’ils en précipitaient le départ, et qui serait capable de tenir le peuple syrien en main. Dans sa misère.

O.B.


Bahreïn : Hamad 2 et Formule 1

Le 20 juin dernier, au Bahreïn, un gosse de 11 ans passait en procès après un mois dans une prison pour mineurs, accusé d’avoir participé à un rassemblement illégal. Car, malgré l’intervention, en mars 2011, de l’armée d’Arabie Saoudite, grand allié des USA, pour mettre un coup d’arrêt à la révolte et à la grève contre le régime d’Hamad II, roi du Bahreïn et diplômé de l’université de Cambridge, les manifestations n’ont jamais cessé. Même s’il s’agit surtout de multiples rassemblements épars, vite et brutalement dispersés par la police.

Quelques milliers d’opposants sont en prison. La torture y est monnaie courante. Mais, pour Hollande et ses semblables, le Bahreïn est un pays sans problème : aux ressources pétrolières du petit royaume (1,2 million d’habitants) s’ajoute une fiscalité des plus basses qui attire les sièges des sociétés multinationales opérant dans la région ; en avril dernier, le grand prix de Formule 1 s’y est déroulé, même si, au même moment, les manifestants affrontaient la police qui ripostait en tirant sur eux à la chevrotine ; l’île abrite une base de la cinquième flotte américaine. À la différence de la Syrie, voilà une dictature comme ils les aiment.

O.B.

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