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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 121, septembre-octobre 2018

Le licencieur PSA à l’œuvre, en Allemagne cette fois

Mis en ligne le 9 octobre 2018 Convergences Entreprises

Le groupe américain Ford veut fermer définitivement son usine à Bordeaux. Le politicien franchouillard Mélenchon pleure contre les dictats imposés par les industriels et banquiers allemands à la France. Cocorico, tous nos nationalistes ont leur revanche : le match retour se joue à Rüsselsheim où le groupe bien français PSA, après avoir racheté Opel au groupe américain General Motors, commence à y supprimer des milliers d’emplois.

De quoi nous rappeler en tout cas, à l’opposé des « défenseurs de l’industrie française », que tous les patrons sont les mêmes et que les travailleurs de tous les pays ont les mêmes intérêts.

Depuis son rachat d’Opel, le groupe PSA, avec Carlos Tavares à sa tête, poursuit une quête de rentabilité qui a débuté en s’attaquant aux ouvriers. En Angleterre, 40 % des effectifs de l’usine Vauxhall (rachetée aussi, avec Opel, à General Motors) ont déjà été supprimés et 3 700 suppressions de postes sont en cours dans les usines allemandes. Des attaques saluées par le monde de la finance : elles ont fait bondir le chiffre d’affaires de PSA de 40 % sur les six derniers mois de 2018 et Opel dégage de nouveau des bénéfices.

Au tour des cadres et techniciens

Début septembre, le bruit qui courait depuis deux mois dans le centre de recherche et développement d’Opel à Rüsselsheim (près de Francfort) a été confirmé officiellement. PSA envisage de se débarrasser de 2 000 employés (un tiers de l’effectif du centre) en les revendant, ainsi que les locaux, à Segula, une compagnie française d’ingénierie.

En novembre 2017, PSA annonçait pourtant vouloir confier au centre R&D d’Opel des missions autrefois effectuées par différentes sociétés d’ingénierie comme Altran ou… Segula. Rétropédalage aujourd’hui, en cédant à Segula une bonne partie des effectifs du centre de Rüsselsheim, avec toujours le vague engagement de ne pas supprimer d’emplois avant 2023. Une promesse qui ne vaut pas grand-chose, puisque les prétextes avancés pour leur transfert portent sur une charge de travail moindre ; en clair on les transfère à Segula, et charge à celui-ci de s’en débarrasser au fur et à mesure que PSA supprimera leur boulot. Quant à l’usine de Rüsselsheim elle-même, elle a vu par exemple sa cadence passer de 55 à 35 véhicules par heure en quelques mois et 13 jours de chômage partiel sont prévus en octobre. Ça promet pour l’avenir. Alors qu’à l’usine PSA de Poissy les ouvriers enchaînent les runs et les week-ends travaillés au bon vouloir de la direction.

Cela permet aux politiciens allemands d’emboucher les trompettes du nationalisme, le ministre allemand des transports déclarant que « sur les routes allemandes, je ne vois pas que des voitures allemandes qui roulent au diesel » ou qu’il « n’est pas possible que seuls les constructeurs allemands s’efforcent de faire du diesel propre ». On nous raconte que ce serait un appel du pied à PSA pour l’inciter à faire fabriquer des voitures électriques à Opel.

Des syndicats bien silencieux

Quant aux réactions syndicales, elles se bornent pour l’instant à se féliciter de l’accord signé début juillet qui n’autoriserait, selon la confédération syndicale allemande de la métallurgie, l’IG Metall, « aucune braderie sans condition ». L’accord prévoyait néanmoins, comme dit plus haut, 3 700 suppressions de postes sur les 19 000 d’Opel en Allemagne. Il s’agissait de « départs volontaires », et les autres emplois devaient être garantis jusqu’en 2023, disait-on. Voilà donc déjà qu’à la sortie de l’été, 2 000 salariés, dans le centre technique cette fois, sont dirigés vers la porte de sortie, via un passage peut-être précaire chez Segula.

Au grand bonneteau capitaliste, techniciens et cadres sont des variables d’ajustement au même titre que les ouvriers.

On en sait quelque chose dans les centres techniques de PSA en France aussi, où celui de La Garenne (92) a déménagé à Poissy au cours du mois de juillet dernier. Pour ceux qui ne pouvaient pas suivre, c’était la porte. Pour les autres, c’est l’allongement du temps de transport et des conditions de travail dégradées, dans des locaux où on est serré comme des sardines et où tous les matins c’est le jeu des chaises musicales pour trouver où s’asseoir et un coin de bureau libre pour poser son ordinateur et ses dossiers. Mais la vente des terrains à La Garenne, à deux pas de la Défense, s’avère si prometteuse ! Et l’exiguïté des locaux à Poissy si économique !

Tavares et consorts n’ont que faire des frontières nationales ou de statuts dans l’entreprise. À nous de l’imiter pour contre-attaquer.

28 septembre 2018, Marc Oussis

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