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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 98, mars-avril 2015

L’hôpital public sous thérapie de choc

Mis en ligne le 23 mars 2015 Convergences Entreprises

Juste au moment où, le vendredi 27 février, Marisol Touraine et Manuel Valls se pavanaient à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, pour s’auto-congratuler d’avoir réagi « avec détermination » et « au bon moment » à l’épidémie de grippe, la ministre de la Santé et le Premier ministre se faisaient rattraper par la diffusion dans la presse d’un document très confidentiel [1] révélant un plan de 3 milliards d’économies d’ici 2017. Un objectif qui inclut une « maîtrise de la masse salariale » à hauteur de 860 millions d’euros, c’est-à-dire 22 000 suppressions de postes, soit 2 % des effectifs de la fonction publique hospitalière.

Même les RG s’inquiètent… des réactions !

Les restrictions budgétaires mettent aujourd’hui à genoux l’hôpital public et ses salariés, au point que même les Renseignements généraux ont récemment alerté l’Élysée par une note (elle aussi à vocation confidentielle !) sur le « risque d’implosion sociale » que les services d’Urgences, en particulier, représentent [2]. Un constat étayé, dans la note, par une longue liste de services hospitaliers en grève à travers la France. Rien que ces deux derniers mois, on compte Le Mans, Orléans, Tours, Cahors, Aubervilliers, Saint-Liziers, Strasbourg, Vannes, Lunel, Clermont-Ferrand, Thouars, Lizieux, Belfort-Montbéliard… Comme quoi, en haut lieu, ces luttes ne passent pas inaperçues !

En effet, le dernier plan annoncé s’inscrit dans la continuité d’une politique de saignée de l’hôpital public. Bien loin des salaires mirobolants des pontes de la médecine libérale [3], la réalité du quotidien dans les services fait pâlir. Fermetures de lits, regroupements d’hôpitaux, non-renouvellement des CDD sont autant de mesures qui accroissent le sous-effectif et la surcharge de travail. Au programme du dernier opus : 450 millions d’économies par regroupements d’hôpitaux, 400 millions à travers le développement de la chirurgie ambulatoire [4], 600 par réduction des durées d’hospitalisation, etc. Sans oublier les fameuses « mises à plat des protocoles RTT », grâce auxquelles les gestionnaires des hôpitaux, sous couvert de réduire le temps de travail des agents (en oubliant les heures sup’ non payées, ni récupérées), diminuent leurs congés et aggravent la charge de travail. C’est contre ces mesures que les hôpitaux psy de Caen et de Villejuif ont mené des combats de longue haleine l’année dernière… et nombreux sont ceux qui prennent le relais.

J.A.


[1. Document distribué aux directeurs des Agences régionales de santé (ARS), avec mention explicite : « diffusion restreinte », révélé par le magazine Challenge puis Libération.

[2. Note des Renseignements généraux sur la saturation des services d’Urgences hospitaliers, du 5 mars 2015, révélée par Le Parisien (édition du 10 mars 2015).

[3. 358 praticiens de l’AP-HP ont exercé une activité libérale à l’hôpital en 2013 et ont perçu au total 32,3 millions d’euros d’honoraires en plus de leur salaire de médecin, d’après le rapport annuel de la Commission centrale de l’activité libérale de l’AP-HP. L’honoraire médian s’élève à 65 000 euros, et le nombre de ceux dont les honoraires dépassent 200 000 euros annuels a augmenté de 18 % en 2014.

[4. Le ministère affiche un objectif ambitieux de 57 % d’opérations effectuées en ambulatoire en 2017, contre 43 % aujourd’hui. Et les recommandations médicales semblent loin d’être la préoccupation majeure derrière tout cela.

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