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DOSSIER : Salaires : la contre-offensive s’impose, 300 euros pour tous

Indice des prix : faut-il croire les chiffres ?

Mis en ligne le 18 janvier 2005 Convergences Politique

En janvier 1998, la baguette coûtait en moyenne 0,60 €, contre 0,75 € aujourd’hui soit 25 % de plus. Pourtant, dans le même intervalle, l’Insee affirme que les prix ont augmenté de 11 %.

La hausse des prix que nous constatons au quotidien ne correspond pas forcément à l’inflation réelle. Pour les travailleurs, les fins de mois sont souvent difficiles, ce qui rend d’autant plus désagréable l’augmentation importante des prix de la vie courante. Mais des biens plus chers achetés moins fréquemment (machine à laver, lecteur DVD...) ont un prix qui baisse. Même si la vie semble plus chère qu’avant, nous achetons en fait plus de choses.

L’effet qualité baisse l’indice des prix, pas le coût de la vie

Un produit peut disparaître pour laisser la place au même mais en mieux. Depuis plusieurs années, le prix de l’ordinateur standard reste le même, autour de 1 000 €, mais l’ordinateur que l’on achète aujourd’hui a une plus forte puissance, un graveur DVD, plus de mémoire... C’est ce qui fait dire à l’Insee que le prix des ordinateurs a baissé de plus de 70 % depuis 1998. C’est l’« effet qualité ». Mais cela ne rend pas un ordinateur moins cher, car l’ordinateur d’avant, qui coûterait 300 €, n’est plus vendu.

Il en est de même pour les voitures dont l’électronique accroît fortement le prix. A tel point que Renault est capable de sortir la Logan à 5 000 €, simplement en la dépouillant de ses équipements de confort. En France, beaucoup de travailleurs s’en contenteraient bien, mais les capitalistes ne leur laissent guère le choix et les voitures sont toujours aussi chères [1].

Les capitalistes s’arrangent aussi pour maintenir ou élever les prix de leurs produits et augmenter leurs marges, en jouant souvent sur l’emballage. Dans la lessive, les trusts multiplient les marques pour vendre la même poudre. Des phénomènes que l’Insee ne prend pas toujours en compte.

Un indice pas pour les pauvres

En fait, l’indice de l’Insee n’est pas vraiment un indice du coût de la vie. D’abord à cause de l’effet qualité, mais aussi du fait des poids des différentes dépenses dans l’indice. Par exemple, le loyer compte pour moins de 6 % des dépenses. C’est parce que les propriétaires ne payent pas de loyer et font donc baisser la part des loyers dans les dépenses générales. Avec la flambée des prix du logement dans les grandes villes, on comprend que l’indice sous-évalue le coût de la vie pour les travailleurs qui dépensent en loyer au moins le quart de leur salaire et souvent au-delà.

De plus, les travailleurs les plus pauvres achètent moins de biens d’équipement chers, dont les prix baissent. Ils subissent directement la forte inflation des produits de grande consommation. A l’inverse, les plus riches ont économisé sur leur écran plasma, leur i-pod, leur home-cinéma dont le prix a baissé.

Finalement, l’indice des prix de l’Insee mesure bien l’évolution des prix en général, mais pas le coût de la vie pour les travailleurs. Quand le Smic ou les prestations sociales sont indexés sur l’indice des prix, les travailleurs ne s’y retrouvent pas.

Maurice SPIRZ


Plus mystérieux que le trou de la couche d’ozone, un trou est apparu dans les statistiques : l’indice des prix (échelle de droite) a décollé de l’indice de l’inflation perçue (écart entre le nombre de personnes qui pensent que les prix ont augmenté et le nombre de ceux qui pensent que les prix n’ont pas augmenté, échelle de gauche).


Leclerc à confesse

En théorie, depuis les années 60 au moins la composition précise du panier de biens et services qui sert de base à l’indice de prix est tenue secrète. L’Insee jure ses grands dieux qu’il n’est plus possible au gouvernement de mener, comme dans les années 50, une « politique de l’indice » : bloquer les prix de ces produits « stratégiques » et uniquement de ceux-là.

Pourtant, on découvre au détour d’un livre de Michel-Edouard Leclerc  [2] un passage où il témoigne d’étranges pratiques dans les salons ministériels : « d’un air faussement intéressé, les ministres interpellent les patrons de la distribution sur l’état de la conjoncture.(...) D’un regard pernicieux posé sur chacun des convives, on s’inquiète du gonflement des marges du commerce et de l’exaspération des producteurs dont la chute des cours n’a pas été répercutée au stade de la consommation. Encaissant le message, jaugeant les risques d’inertie, en termes d’autorisation d’ouvertures de magasins, ils regagnent leurs voitures en pensant au coup de fil qu’ils recevront, dans l’après midi, d’un sous-directeur listant les produits qu’il serait bon de faire baisser en vue du prochain indice. Faisant fi du secret de la composition de l’indice Insee, nos politiques se sont ainsi préparés quelques bons effets d’annonce pour la prochaine période électorale ».

Dans Les coulisses de la grande distribution [3], Christian Jacquiau commente ainsi ces aveux : « Complices du mensonge de nos ministres, les grands distributeurs baisseront leurs prix sur les quelques dizaines de produits qui font les indices, et se rattraperont au centuple sur les dizaines de milliers d’autres qui n’entrent pas dans le jeu faussé de la statistique. Les syndicats de salariés se calent alors sur ces indices manipulés pour négocier des rattrapages. Les indices d’augmentation des prix sont officiellement contenus. Le pouvoir d’achat réel des consommateurs régresse mais seuls les initiés le savent. »


[1En France, la Logan devrait être vendue 7 500 € en version de base. Sachant qu’il n’y a pas de droits de douane sur ce type de produit, et que les taxes sont sensiblement les mêmes, la majoration de prix atteint 2 500 €. Si un camion transporte 8 voitures, le transport Roumanie-France est donc facturé... 20 000 € !

[2La fronde des caddies, Plon, 1994.

[3Albin Michel, 2000

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Réactions à cet article

  • C’est l’« effet qualité ». Mais cela ne rend pas un ordinateur moins cher, car l’ordinateur d’avant, qui coûterait 300 €, n’est plus vendu.

    Faux. Les premiers prix (pc monté)sont à 300€ avec une config plus puissante que celle avec laquelle j’écris ce message (309.99 chez rue du commerce). Ajouter 210€ pour un écran plat, et vous avez une config pour 519.99€

    En montant soit même son PC, et en ne changeant que les pièces obsolètes (carte mère, processeur, mémoire, ajout d’un disque dur) on s’en tire pour moins de 260€.

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    • Un ordinateur vendu à 300 euros, tu l’as dit c’est sans écran or l’article parle de PC à 1000 euros (donc avec écran). Il n’est pas faux de dire qu’on ne vend plus aujourd’hui de PC avec windows 98 par exemple alors que celà conviendrait à un paquet de gens qui veulent uniquement faire du traitement de texte et naviguer sur Internet. Et puis 260€, la carte mère, le processeur, la mémoire et un disque dur (tu oublies l’alimentation qui a de grande chance de ne plus être compatible) ca me parait très en dessous des prix proposés...

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